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New Noise Festival 10

Live report

New Noise Festival 10 Birds In Row + Earthship + Loma Prieta + Raein + This Gift Is A Curse + Totem Skin + Wiegedood + Lion City + Lionheart
Le 22 Août 2015 à Karlsruhe, Allemagne (Alter Schlachthof - Substage, Alte Hackerei, Fleischmarkthalle)
Flesh : Après 4h de route, des indications géographiques de Google Maps absolument catastrophiques et une perte de temps et de crédit téléphonique sans précédent (là, c'était vraiment Pékin Express, avec un repérage à base de grues jaunes dans une ville qui en comptait vingt-cinq au kilomètres et de clochers d'églises éparpillés), nous arrivâmes enfin aux vieux abattoirs de Karlsruhe, bourgade de quelques 300 000 habitants située dans le Bade-Wurtemberg. Sachez pour votre culture personnelle que la ville a été conçue selon des plans représentatifs de l'esthétique baroque et donc, d'une manière circulaire articulée autour d'un château dans le style versaillais. Alors, on ne peut pas en vouloir à ces braves concepteurs qui peuvent être fier de cette idée mais ça explique probablement nos problèmes de localisation. Le New Noise Festival qui fête son dixième anniversaire nous avait donc concocté une affiche des plus enthousiasmante. Un site rempli de distros, de T-Shirt, de collectifs écolos-antifas, de stands Vegan (et heureusement d'un stand normal, pour l'allergique au soja que je suis...), et de trois salles : une petite (Alte Hackerei : un couloir avec une scène au bout, en gros...), une moyenne (Fleischmarkthalle : un ancien entrepôt époque industrielle) et une grande (Substage : où je n'ai pas foutu les pieds, parce que je suis putain d'underground mon gars...). C'est donc à quatorze heures que commencent les hostilités, ainsi que ce live-report réalisé par mes compères et moi-même, sous vos yeux ébahis.

Lion City : Schnitzel : Quoi de plus efficace que de démarrer un New Noise Festival par une bonne dose de hardcore / punk? C'est donc aux locaux de Lion City qu'est confiée la tâche de lancer les débats. Pendant une demi-heure, les Allemands se montreront très énergiques, avec une musique résolument efficace et taillée pour la scène. Titres courts oblige, ceux-ci s'enchaînent sans réels temps morts mais les musiciens n'oublient pas de communiquer leur joie d'être présent pour cette dixième édition du festival en remerciant les festivaliers. Les conditions se montrent également en leur faveur, grâce un son correct bien que parfois inégal, et un public plutôt fourni qui encourage la joyeuse bande tout au long du concert. Pour autant, la prestation du groupe n'est pas non plus inoubliable. Chaque membre assure à son poste, le chant de Denis est correct et fait le boulot mais les pistes sont assez interchangeables et ne présentent aucune réelle personnalité. Une impression de déjà entendu qui n'aide pas à donner envie de se pencher davantage sur le groupe. Distrayant, mais sans plus finalement.



Totem Skin : Flesh : Première formation à ouvrir les hostilités pour ma part, j'attendais au tournant les suédois de Totem Skin, auteurs de l'excellent « Still Waters Runs Deep », un album qu'il est bien et que c'est moi qui l'ai chroniqué ici-même. On aura donc droit à un set dans une salle toute petite mais avec un très bon son tout de même, ce qui était surprenant et agréable. Des morceaux issus du premier album (dont le final du concert sur le titre éponyme) et quelques nouvelles compositions jouées pour la première fois auront émaillés ce live d'une très bonne qualité. Les deux chanteurs (un de face et un de dos, ce qui n'a pas forcément une utilité remarquable au premier abord...) se donnent plutôt bien, le tout est compréhensible et carré, même lorsque les musiciens ralentissent la cadence pour nous donner quelques envolées plus atmosphériques. Du tout bon donc pour ce groupe et un live qui donne sacrément envie de se procurer leur prochain full-lenght.

Mat : J'avoue ne pas avoir écouté en détail Totem Skin et j'ai été agréablement surprise. Pour le premier groupe de la journée, en ce qui me concerne, j'ai été mise dans l'ambiance, voir peut-être un peu trop puisque la suite du festival m'a déçu à plusieurs niveaux.

Schnitzel : Première claque de la journée pour ma part. Tout comme ma collègue, je n'avais pas eu l'occasion de poser l'oreille sur ce qu'offre le groupe en studio et me voilà bien surpris. C'est immédiat, intense, puissant, les deux chanteurs sont en voix, et le son permet d'apprécier agréablement les subtilités du concert. Excellent set!



Earthship : Schnitzel : Un groupe de sludge ajouté à la programmation, il ne fallait pas grand-chose pour faire mon bonheur. Le quatuor allemand fait un peu figure d'intrus par rapport au reste de l'affiche, ce qui se ressent également par l'affluence plutôt faible pendant le concert du groupe. On ne peut également pas qualifier les réactions du public de particulièrement enthousiastes non plus. Est-ce la faute d'un set peu réussi ? Pas vraiment me concernant. Il y a bien quelques longueurs par endroits, mais l'ensemble tient résolument bien la route et se montre plutôt percutant. Les musiciens se montrent particulièrement à l'aise dans les passages les plus lents, qui ne sont guère originaux mais ont le mérite de faire efficacement le travail. Les compositions d'Earthship, plutôt classiques au demeurant, ont parfois droit à quelques coups de fouet bien énergiques, également retranscris par la voix de Jan Oberg. En somme, rien d'exceptionnel mais une dose de sludge plutôt agréable qui met en forme pour la suite des événements.



This Gift Is A Curse : Flesh : La sensation Black/Sludgo-Hardcore de l'année 2012 était au programme ce soir-là. De quoi voir si la troupe suédoise mérite vraiment son titre de nouveau fer-de-lance du genre. La réponse est donc un grand « Oui » rempli d'enthousiasme. Entre deux coups de stroboscopes Celestiens (pas le gentil fantôme hein...) et un secouement virulent de torchons imbibés de goudron, le quatuor nous livre purée sur purée, notamment sur l'incroyable « Att Hata Allt Männskligt Liv » qui prend une dimension nettement plus puissante en live. Un melting-pot chaotique mais pas bordélique sublimé par une prestation sincère et passionnée de protagonistes et par un son réglé au millimètre qui sert avec brio la musique poisseuse de la formation. Bref, ça pue le goudron, on suffoque comme des andouilles et on redemande... Oui, ce cadeau est vraiment une malédiction.

Mat : Voilà une première déception. Puisque je m'attendais à une prestation violente, qui décime tout sur son passage, vous comprendrez sûrement que je n'étais pas au bon endroit pour m'émouvoir d'une atmosphère haineuse qui prend au tripes. J'étais pourtant aux premières loges à me prendre cette espèce de fumée affreuse qui me prenait aux poumons. Pour vous dire la vérité, j'ai trouvé ce concert d'une platitude presque déconcertante où la dimension ritualiste n'était qu'une sorte d’apparat pour palier au manque d'ambiance. J'ai même eu cette impression de « c'est toujours le même morceau », ce qui n'est vraiment pas bon signe.

Schnitzel : Même impression que mon collègue (désolé Mat). Les compositions étaient intenses et sacrément prenantes, et on se laisse aller pendant le temps de jeu accordé au groupe sans s'ennuyer une seule seconde.



Wiegedood : Flesh : Après une pause Merguez-Harissa bien méritée, je me suis retrouvé devant un cruel dilemme en cette journée pourtant dès plus joyeuse : Wiegedood ou Landscapes ? Entouré par deux groupies de la Church Of Ra (les deux qui font le reste du live-report), je choisis donc de faire l'impasse sur le Hardcore Mélodico-Screamo de Landscapes pour aller voir le side-project Black Metal formé par des membres d'Oathbreaker, Rise And Fall et Amenra. Grosse erreur tactique puisque Wiegedood nous offrira un bon gros set de merde. Deux guitaristes faisant tourner l'Octaver à fond les bananes ne suffisent pas à remplacer un bassiste, qu'on se le dise. En résulte donc une espèce de bouillie dégueulasse sans aucune mélodie compréhensible. On rajoute la-dessus une voix plutôt correcte (bien que cheatée) et un batteur qui tape le plus fort possible en oubliant un peu trop qu'il a des copains qui jouent avec lui. Bref, on ne reconnaîtra pas grand chose de « Svanesang » ou de « Onder.Gaan | Voznesenie » qui sont pourtant de bons titres dans leur mouture studio. Au final, une grosse déception qui m'aura fait amèrement regretter mon désistement envers Landscapes.

Mat : Parler de groupie de la Church of Ra me paraît quelque peu exagéré. Mais, je confirme avoir insisté pour que tout le monde aille voir Wiegedood. Étant donné mes écoutes fréquentes de l'album ces derniers temps, il me tardait de voir le trio belge. Je vous présente donc ma deuxième déception. Première mauvaise nouvelle : le son. Comme l'a dit Flesh au dessus, la guitare lead était tellement mise en sourdine qu'on ne l'entendait pas. J'ai eu beau essayé de chercher les riffs à la Amenra sur « Svanesang », qui a ouvert le concert, je ne les ai pas trouvés. Je me suis même retournée vers Flesh pour lui dire « C'était « Svanesang » ou pas ? » tellement la deuxième guitare était forte, surplombée par la batterie. Adossée au mur de la salle, essayant de reconnaître les morceaux, le reste du concert fut donc d'un ennui des plus total pour ma part.

Schnitzel : Une déception plus modérée pour ma part. C'est vrai que le son était loin d'être excellent, et que les compositions en ont méchamment fait les frais. Mais j'y ai retrouvé une ambiance un peu différente, plus sombre que sur l'album, plus monolithique aussi mais pas désagréable pour autant. J'ai plutôt apprécié la demi-heure, du coup, sans être totalement convaincu non plus. En espérant revoir le groupe dans de meilleures conditions.




Loma Prieta  : Flesh : C'est au tour des américains de fouler les planches de la petite scène pour nous faire profiter de leurs morceaux issus de « I.V. » et de leur dernier EP disponible en streaming. Et surprise, c'est une set-list des plus chaotiques qui nous attendait en cette fin d'après-midi. La « Trilogy 4, 5 & 6 » faisant office d'entrée en matière violente. Une semi-déception pour ma part puisque si le bois est bel et bien envoyé, le choix des titres est plus discutable. Quid par exemple, d' « Uniform », meilleur morceau de leur dernier album sorti chez Deathwish ? Dans le même ordre d'idée, on peut se demander ou sont passés les titres de leur excellent premier disque intitulé  « Last City »... Un petit « Worn Path » n'aurait franchement pas été de trop. Alors bien sûr, un petit coup de « Fly By Night » en guise de fin de concert fait du bien aux oreilles mais on ne peut qu'être un peu frustré par une set-list qui oublie les morceaux les plus émouvants du combo... Dommage donc, malgré une qualité d’exécution remarquable et un son plutôt bon, Loma Prieta aura fait l'impasse sur l'émotion.

Schnitzel : Le supplice de ce festival pour ma part. Quelques passages sympathiques perdus au milieu de compositions sans queue ni tête, un chant clair faux à s'en taper la tête contre les murs, des titres qui ne dévoilent aucune accroche… la demi-heure était très, très longue.




Birds In Row : Flesh Deuxième concert du groupe de Laval pour ma part en cette année 2015 après le Throatruiner Fest Strasbourgeois. On prends grosso-modo les mêmes et on recommence avec toutefois quelques modifications dans la set-list (des nouveaux morceaux visiblement, même si les gros classiques sont toujours présents...) et un son encore meilleur que la dernière fois. Que dire ? Pas grand chose si ce n'est que la recette fonctionne toujours au poil et que la qualité des musiciens se confirment un peu plus à chaque fois que je les vois. Notamment grâce au bassiste qui est servi par un son énorme et qui apporte beaucoup au groupe. Comme d'habitude les Birds In Row offrent leur Hardcore émouvant avec passion, sincérité et émotion. C'est d'ailleurs grâce à cette simplicité et à ce côté humain qu'ils arrivent sans problème à emporter l'adhésion de la foule. Le guitariste/chanteur nous fera encore ses discours sympathiques entre les chansons et l'impression de sympathie se confirmera au merch ou le bassiste discutera bien volontiers et nous expliquera leur démarche qui consiste à donner ce que l'on veut comme argent pour se procurer un de leurs albums / T-Shirt.

Mat : Le reproche que j'avais évoqué sur le live-report du Throatruiner Fest ne sera plus d'actualité ici. J'avais été un petit peu déçue par le son du groupe puisque les voix étaient mise vraiment en arrière plan. Cette fois, l'ajustement était vraiment très correct. « You, Me & The Violence » fut d'une puissance égale à celle que l'on retrouve sur l'album. Encore une fois, même si je semble groupie sur les bords, j'ai été conquise.




Lionheart  : Mat : A place de manger des merguez ou de se placer pour Raein, nous avons préféré, avec AtomicSchnitzel, aller regarder la prestation du groupe de Hardcore californien : Lionheart. Ne connaissant que leur dernier EP « Welcome To the West Coast », j'y allais un peu en touriste en me disant que ça allait sûrement être du sous Terror. Le set débute sur un intro de rap, pour rappeler au public leurs origines californiennes. Ils n'ont d'ailleurs pas cessé de le souligner à chaque morceau, ou presque. Finalement, nous avons été agréablement surpris par cette énergie, cette communication constante avec le public. Enchaînant les tubes, le public chantait sans arrêt à tue-tête les refrains tout en créant un gros bordel dans la fosse. Je me surprend même à aller balancer quelques coups de poings à droite, à gauche et à hurler le refrain entraînant de «Welcome To the West Coast ». Lionheart fut une bonne découverte en concert.





Raein : Flesh : Après une pause Beef-Burger-Barbecue bien méritée, je me rue comme une brute pour voir le show des italiens en poussant les gens comme un connard histoire de me frayer une place dans les premiers rangs (ah ça, le chanteur de Birds In Row ne serait pas fier de mon attitude et Dieu sait que ce n'est pas mon genre de faire ça, mais j'ai fait 4h de voiture pour les voir alors la fin justifie les moyens...). Je suis tout seul, j'ai perdu mes collègues, ma copine et mes amis dans le festival, le pire étant que dès l’entame de « Amorre & Guerra », je n'en ai strictement plus rien à faire. C'est donc en dandinant comme un autiste que je profiterais de cet impressionnant set de Raein. Jouissant d'un son chaleureux en accord avec leurs mélodies rêveuses, les cinq musiciens nous feront profiter d'un épique « Se la notte sogno, sogno di essere un maratoneta », dont les paroles seront reprises en cœur par des gens pleins d'amour dont je fais partie. En toute honnêteté c'est avec une facilité absolue que les larmes montent aux yeux sur les passages les plus émouvants. Le final de la chanson citée précédemment est un le déclencheur de cette envolée d'émotions. Et putain, c'est du rêve en barre, c'est le vrai marchand de sable. J'ai l'impression de surplomber des galaxies, puis de naviguer dans les nuages. Le voyage dans des terres magnifiques se poursuit sur « 1 Di 6 » ou « Dopo di noi la liberta » qui nous emportent toujours plus loin dans les paysages de Toscane peint à l'huile, où le jaune se fond dans l'orangé. Un esthétisme de la pureté indubitable qui explosera sur un « Tigersuit » en forme de chorale acquise à la cause de la formation. Malgré quelques soucis techniques, notamment avec les guitares (un break d'un titre (« Dopo di noi la liberta ») aura été rallongé pour la peine...), Raein aura assuré un show long, compact et d'une régularité qualitative à toute épreuve. Et surtout, qui aura réussi à nous toucher au plus profond de notre cœur.



Flesh : En conclusion, que dire ? On va se contenter de résumer cette affiche comme un bel anniversaire célébré avec réussite. Des découvertes pour certains, quelques déceptions pour d'autres et des attentes comblées pour ma part. C'est donc le quasi-carton plein pour le New Noise Festival qui peut se targuer d'avoir été au top et d'avoir proposé une affiche de qualité dans une ambiance sympathique. Dommage tout de même, cette petite salle de l'Alte Hackerei, un peu trop rikiki pour servir correctement l'affluence de groupes comme Birds In Row ou Raein...

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