Cela fait un moment que je vois passer des affiches Métal annoncées à l’Empreinte de Savigny-le-Temple, sans avoir vraiment cherché à davantage me renseigner sur le lieu. En tant que métalleux amateur de jazz, l’occasion de creuser le sujet s’est présentée puisque c’est cette salle que SHINING avait choisie pour sa venue en France, qui était par ailleurs l’ultime date de leur « Blackjazz tour 2023 » de quatre uniques concerts.
CKRAFT
Les Français de CKRAFT sont les heureux (ils en avaient l’air) invités pour l’ouverture de cette session particulière (le mélange de ces genres n’étant pas le plus courant). A 18h30, c’est donc un inhabituel quintet que l’on voit monter sur scène, composé d’un guitariste, d’un bassiste, d’un batteur, d’un saxophoniste ténor ainsi que d’un accordéoniste. Notons qu’en plus d’être rare dans l’univers Métal, ce dernier instrument était vraiment spécial puisqu’il s’agit d’un accordéon « augmenté », c’est-à-dire équipé de capteurs électroniques qui lui permet de faire aussi du synthé, afin d’explorer des harmonies plus riches et des expressions sonores plus variées. Sans chant, c’est donc une première partie totalement instrumentale qui a préparé nos oreilles et ouvert nos chakras au Métal Jazz de la tête d’affiche. Une bonne demi-heure à jouer 7 titres des 10 que composent leur album (« Epic Discordant Vision », 2022) pendant laquelle chacun des musiciens a été mis à l’honneur (avec un bel éclairage), que ce soit via une intro ou bien un passage solo au sein d’un morceau. Mais alors comment ça sonne ? J’ai entendu au stand merch une fan mentionner
PANZERBALLETT à l’accordéoniste, qui lui a répondu en avoir écouté il y a un moment. C’est vrai que cela correspond au métissage des genres en question mais CKRAFT est beaucoup plus pêchu et moderne que le son davantage classique des Allemands. En effet, côté Métal, notre quintet va puiser son influence au sein de formations fracassantes et puissantes telles que
MESHUGGAH. Quant à l’aspect Jazz, je ne suis pas assez connaisseur pour juger mais la page Internet du combo liste entre autres le saxophoniste Guillaume Perret et l’accordéoniste Vincent Peirani.
Cette alliance des styles a ravi un auditoire certainement sous le charme, qui a absorbé de façon sereine ces sonorités à la fois entrainantes et hypnotisantes. Le succès a été tel qu’à la fin de la soirée, un mec a même avoué à son pote : « honnêtement je préférais la 1ère partie ». Et ça marche effectivement bien pour l’ensemble musical puisqu’il rejouait deux jours après au Trabendo (avant
HYPNO5E) et qu’ils sont programmés le 20 octobre avec
LES TAMBOURS DU BRONX à Audincourt (25).
SHINING
Il faut toujours être vigilant quand on parle de SHINING car cela correspond à trois choses différentes. Bien sûr, le groupe de Jazz Métal norvégien dont il est question dans cette chronique, mais également l’entité de DSBM suédois menée par Niklas Kvarforth. C’est donc de la bande du chanteur, guitariste, saxophoniste et compositeur Jørgen Munkeby (seul membre constant du projet) dont il s’agit maintenant. Accompagné de ses quatre acolytes (guitariste, bassiste, batteur et claviériste) et après quelques mots en français appréciés par les fans, il fait son entrée sous des applaudissements nourris et c’est parti pour la version live des 10 ans de l’album « Blackjazz », paru en 2010. Ceux qui suivent auront noté qu’il s’est en fait passé 13 ans depuis 2010, mais disons qu’un pangolin a empêché de suivre le plan initialement prévu donc nous voilà en 2013 pour cet anniversaire un peu décalé…
Peu importe le timing et l’année, les inconditionnels sont présents et ça se met assez rapidement à se dandiner et à sautiller devant à droite (merci les ambiances industrielles). Et lorsque Jørgen pose sa guitare pour saisir son saxo, ça réagit encore plus vivement dans la salle, on voit que ces moments-là sont attendus ! Le leader de SHINING est en effet adulé, aime son public (il est même descendu quelques instants dans la fosse – attention louable et reconnue) et joue d’ailleurs un peu trop à mon goût la rock star. Je me permets de vous l’écrire car cela me gêne quand on nous dit quand crier, quand lever le bras et quand bouger (« Everybody jumps » a-t-il réclamé). J’ai la faiblesse d’esprit de croire que c’est mieux lorsque c’est naturel et spontané…
Bref, ça n’enlève rien à la qualité de la musique et ils sont se sont déchirés pour cette tournée, en particulier car c’est la première fois qu’ils jouaient live le 7ème extrait de l’album, c’est-à-dire « Blackjazz Deathtrance ». Ils nous ont expliqué qu’ils avaient dû pas mal s’entrainer car il est ardu à reproduire sur scène. Les amateurs savent que la bombe de 2010 se termine par « 21st Century Schizoid Man », la repise du classique de
KING CRIMSON, qualifiée par Rolling Stone Magazine de « remake ultime ». A cette occasion, la quasi-totalité des spectateurs a commencé à lancer les bras et sauter, quel triomphe ! D’autant plus que la fin de cette piste est complètement barrée, déstructurée et termine en free jazz ; de quoi décontenancer plus d’un métalleux.
Je m’attendais à en rester là puisque la totalité du disque y est passée. Mais c’était sans compter sur la surprise que nous a offerte SHINING en guise d’adieu : « I won’t Forget » et « The One Inside », toutes deux issues de l’album « One One One » et qui – bien que réputées plus accessibles –, ont provoqué une gentille bousculade plus qu’un swing (et ont achevé le chanteur qui a fini en sueur & tout rouge).
Enfin, par rapport à l’appellation du quintet, le lecteur attentif attend la 3ème chose avec laquelle ne pas confondre les Norvégiens, c’est bien sûr le roman de Stephen King, génialement adapté au ciné par Stanley Kubrick. Que ce soit le livre, le film ou la musique, la conclusion reste identique : de la folie au sein d’une atmosphère sombre et plus que dérangeante !
A la lecture de ce live report, vous devez vous douter que c’était une très bonne soirée. Quant à la l’Empreinte, parfait : bon son, bonne configuration, ni trop petite, ni trop grande, avec un jardin qui donne sur un plan d’eau (ça change du Klub, lol). Pas pleine ce jour-là mais honnêtement remplie, et du monde au merch pour les 2 groupes à la fin de l’événement. Pour le côté pratique, comptez depuis Paris 45 min de RER (c’est juste en face la station Savigny-le-Temple - Nandy) / 1 heure de voiture.
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