chargement...

haut de page
Remontez pour accéder au menu
123 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Krallice - Demonic Wealth

Chronique

Krallice Demonic Wealth
Je n’y croyais plus. Prelapsarian avait signé ma rupture avec Krallice, la suite ne m’ayant que convaincu que la formation ne me parlait plus, préférant aller vers un étalage technique trop stérile pour me plaire. En effet, que ce soit les expérimentations avec Dave Edwardson ou les disques en solitaire, sorte de gloubi-boulga évoquant les pires heures d’un metal technique extrême et transgenre comme on a pu trop en rencontrer – mais sans le mordant que pouvait avoir des Sulaco ou Crowpath par exemple –, le projet mené par Colin Marston paraissait dilapider son talent dans un onanisme qu’il avait toujours su éviter jusque-là. Le divorce acté, chacun menait son bout de chemin sans rancune, gardant pour ma part Years Past Matter ou Dimensional Bleedthrough comme des beaux souvenirs à se remémorer.

Pourtant, quelques signes ont montré la possibilité de faire renaître un intérêt pour Krallice, à commencer par l’intrus Go Be Forgotten, sa pochette grisâtre, son optique raw, comme une envie de revenir à la source d’un black metal forcément mutant quand il est réfléchi par ce genre de cerveau compliqué et un brin pervers. Cessons le suspense : Demonic Wealth a concrétisé les espoirs que l’on pouvait avoir de rencontrer à nouveau un Krallice modelant au gré de ses envies un black metal à la fois inchangé dans son essence et pourtant totalement « autre ».

Enregistrement chacun dans son coin et avec les moyens du bords (merci la pandémie) ; pochette aussi minimaliste qu’étrangement menaçante ; lettrage austère, presque médiéval dans son style : autant d’indices signifiant que les choses ne seront pas routinières comme pouvaient le transmettre les précédentes œuvres des Ricains. L’écoute, elle, laisse rapidement subjugué ! Malgré un riffing immédiatement reconnaissable, retrouvant une agressivité rare par la magie d’une production abrasive et crue – Colin Marston est capable de merveilles sur ce plan-là, ce que j’avais oublié –, l’impression générale est de redécouvrir ce dont est capable Krallice, ce sentiment d’être face à une bande de malades extrêmement intelligents, indubitablement metal, mais prenant un plaisir particulier à l’emmener vers des sphères inédites.

L’amour renaît, donc. Mais cela ne veut pas dire que l’on renoue avec le même émerveillement qu’avait pu créer la troupe lors de ses débuts sur Profound Lore. Non, malgré des guitares ayant toujours la volonté de s’échapper, entrelaçant les autres instruments de leurs lignes interminables, on sent rapidement qu’autre chose se dévoile. Ces mélodies-ci sont bien trop thrash, bien trop acérées, presque bruitistes (cf. « Still ») et… ambient. Le mot est lâché : Demonic Wealth est le disque ambient de Krallice. De l’ambient surchargé, complexe, infernal quand on cherche à séparer les couches, mais un disque dans lequel, pour la première fois avec les Ricains, on trouve son bonheur, ce fameux « déclic » qui a toujours marqué leurs plus belles créations, dans un lâcher-prise où il ne s’agit plus de se concentrer pour suivre un discours riche et alambiqué. Ces claviers vaporeux, délicats, nauséeux par instants (« Disgust Patterns ») ne disent rien d’autres ! Comme lors de la lecture d’une épopée spirituelle se situant dans un futur spatial, l’essentiel ne se trouve pas dans la somme d’informations lancées au lecteur mais dans ce qui se passe entre les lignes, dans l’atmosphère développée.

Une démarche qui, pour lâcher quelques gros mots, rappellera fortement les disques les plus barrés de Wrest, ce qu’il a pu faire au sein de Lurker of Chalice en particulier, dans cette manière de jouer un black metal ambient griffu, cauchemardesque et cependant enivrant. Pour autant, inutile d’attendre de la part de Demonic Wealth un doppelgänger : sa trame narrative finit par nous emmener vers d’autres contrées bien à lui, un univers où cohabitent des monstres extra-terrestres bataillant dans des paysages désertiques, blessés d’un froid polaire (« Mass for the Strangled »), où les éléments s’exaltent (la beauté de « Sapphire » et ses lignes de basse renvoyant à un The Cure fan de science-fiction), une vie alien dévorée et dévorante – la voix de Mick Barr, venimeuse comme jamais – trouvant dans cette existence rude une forme de paix, de richesse intérieure.

Pour la première fois depuis longtemps avec Krallice, je retrouve la sensation d’être embarqué dans une œuvre jusqu’au-boutiste, réfléchie de bout en bout, où l’excessivité sert le propos. De terminer l’écoute repu, l’esprit ailleurs, comme lors de la rencontre d’un imaginaire particulièrement marquant. Il y a bien quelques passages à vides, quelques incongruités, notamment dans un premier titre où l’onirisme qui le suit tarde à poindre… Quelques paragraphes où les auteurs divaguent… L’émotion, elle, naissant d’images de xénomorphes acclamant la beauté de leur monde, reste toujours présente. Vous m’avez sévèrement manqué.

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Krallice
Sci-Fi Black Metal / Ambient
2021 - Autoproduction
notes
Chroniqueur : 8.5/10
Lecteurs :   -
Webzines :   -

plus d'infos sur
Krallice
Krallice
Atmospheric Black Metal - 2007 - Etats-Unis
  

tracklist
01.   Folds of Plasma  (06:40)
02.   Dilution  (05:47)
03.   Still  (06:18)
04.   Mass for the Strangled  (05:26)
05.   Sapphire  (07:55)
06.   Disgust Patterns  (06:19)
07.   Demonic Wealth  (06:46)
08.   Resistant Strains  (07:32)

Durée : 52:43

line up
parution
5 Mars 2021

voir aussi
Krallice
Krallice
Diotima

2011 - Profound Lore Records
  
Krallice
Krallice
Krallice

2008 - Profound Lore Records
  
Krallice
Krallice
Crystalline Exhaustion

2022 - P2
  
Krallice
Krallice
Prelapsarian

2016 - Autoproduction
  
Krallice
Krallice
Hyperion (EP)

2016 - Autoproduction
  

Horrorscope
The Crushing Design
Lire la chronique
Le DSBM, c'est RASOIR ou tu as ça dans les VEINES ?
Lire le podcast
Suicidal Angels
Profane Prayer
Lire la chronique
Fatal Collapse
Fatal Collapse
Lire la chronique
Reavers
Violator (EP)
Lire la chronique
Forbidden
Twisted Into Form
Lire la chronique
European Assault 2024
Diocletian + Hexekration Ri...
Lire le live report
Darkest Hour
Perpetual | Terminal
Lire la chronique
Terravore
Spiral of Downfall
Lire la chronique
Diabolus In Musica - Exposition Philharmonie de Paris
Lire le dossier
Forbidden
Forbidden Evil
Lire la chronique
Brodequin
Harbinger Of Woe
Lire la chronique
Invocator
Excursion Demise
Lire la chronique
Necromanteum EU/UK Tour 2024
Aborted + Carnifex + Revoca...
Lire le live report
Headless Hunter
The Undertaker
Lire la chronique
Exa
Left in Shards
Lire la chronique
Master
Saints Dispelled
Lire la chronique
Cryptosis + Cynic + Obscura
Lire le live report
Deliver the Suffering
Unleash the Chaos (EP)
Lire la chronique
Dissimulator
Lower Form Resistance
Lire la chronique
The Focus of a Valediction European Tour 2024
Cryptosis + Cynic + Obscura
Lire le live report
No Mercy
Widespread Bloodshed... Lov...
Lire la chronique
Nuclear Eric 50th anniversary show
Blackened + Funeral Desekra...
Lire le live report
No Return
Self Mutilation
Lire la chronique
Campaign for Musical Destruction Tour 2024
Master + Napalm Death + Pri...
Lire le live report
Monolyth + Përl + Nemost
Lire le live report
Electrocutioner
False Idols
Lire la chronique
Kaos 696 Winter War 2024
Helldrifter + Impiety + Nihilo
Lire le live report
Acid Force
World Targets In Megadeaths
Lire la chronique
Eradikated
Descendants
Lire la chronique
Bilan 2023
Lire le bilan