Sewer Fiend - Echoes From The Cistern
Chronique
Sewer Fiend Echoes From The Cistern (EP)
Comme le Danemark a pu l’être il y a maintenant quelques années, l’Angleterre semble à son tour touchée par la résurgence d’une scène Death Metal particulièrement vivace avec notamment l’arrivée de jeunes formations bien décidées à trouver une place sur l’échiquier d’une scène underground déjà fortement saturée. Parmi ces groupes frais émoulus, on trouve par exemple Vacuous, Coffin Mulch, Slimelord, Celestial Sanctuary, Trench Foot, Mortuary Spawn ou encore Sewer Fiend, groupe qui nous intéresse ici aujourd’hui.
Originaire de Manchester, la formation évolue depuis ses débuts sous la forme d’un duo avec Sam Robinson (ex-Exiled, ex-Leprotic) au chant et à la guitare et John Riley (Cryptic Shift, Slimelord, ex-Exiled, ex-Leprotic) à la basse. Un peu court en terme d’effectif pour espérer arriver à ses fins, le duo va faire appel aux services du batteur équatorien David Lanas habitué à jouer les mercenaires pour le compte d’autres formations ici inconnues au bataillon (Cibola, Insidious One et Vindictive Regeneration). Le fruit de cette collaboration est donc ce premier EP intitulé Echoes From The Cistern sorti en juin dernier sur Dry Cough Records et Sewer Rot Records et dont l’artwork bien baveux (faisant furieusement penser à celui de la première démo de Sanguisugabogg intitulée Pornographic Seizures) est signé Rotting Head (Intestinal Hex, Trench Foot...).
Plié en moins de vingt minutes, ce premier EP s’articule autour de trois compositions dont la plus ambitieuse dépasse de peu les dix minutes. Et oui, si l’illustration évoquée un petit peu plus haut semble suggérer que Sewer Fiend verse dans un Death Metal bien cradingue aux influences Punk tout juste dissimulées, il s’avère en fait que ce n’est pas tout à fait exact puisque la jeune formation de Manchester s’adonne plutôt à la pratique d’un Death Metal, cradingue en effet, mais surtout fortement teinté d’influences Doom, celles-ci allant notamment de diSEMBOWELMENT à Thergothon et Evoken en passant bien évidemment par les Américains de Spectral Voice à qui la musique des Anglais fait immédiatement penser.
Le duo va ainsi reprendre à son compte ce qui caractérise pour l’essentiel la formule développée par le groupe de Denver. Un manque de personnalité qui aurait pu compromettre la portée de cette première sortie si celle-ci n’avait pas été aussi bien ficelée du début à la fin. En effet, si Sewer Fiend n’invente rien et qu’il se contente de reprendre dans les grandes lignes une recette (re)mise au goût du jour par d’autres avant lui, il n’en reste pas moins qu’Echoes From The Cistern réussi à convaincre, et cela dès les premiers instants.
Riffs rampants et extrêmement lourdingues, growl lointain et animal d’une profondeur abyssale, accélérations providentielles sur fond de tchouka-tchouka et autres salves de blasts naturellement plus soutenues (même s’il faut bien reconnaitre que celles-ci sont dispensées avec quand même beaucoup moins d’intensité que chez un diSEMBOWLEMENT ou un Spectral Voice) avec en prime ces fameuses mélodies à la fois bancales et désaccordées qui apportent d’emblée une atmosphère viciée, surnaturelle et particulièrement sinistres à ces trois compositions, voilà ce que vous trouverez tout au long de ces vingt petites minutes menées d’une main de maître par un duo déjà en pleine possession de ses moyens.
Servi par une production épaisse et abrasive ne souffrant d’aucun défaut ni déséquilibre (avec notamment cette basse qui à plusieurs reprises vient nous chatouiller le bas ventre), Echoes From The Cistern brille ainsi par la qualité de ses riffs et de ses mélodies morbides puant la sinistrose à pleins naseaux, de ces atmosphères poisseuses et spectrales qui vous collent à la peau et l’aptitude de Sewer Fiend à jongler entre longues séquences menées à la manière d’une procession funéraire (les premières mesures de "Writhing In Stagnant Water" ou bien encore à 1:42, l’entame de "Pulsating Mass Of Worms" ainsi également qu’à 1:45 ou sur l’essentiel de "Echoes From The Cistern"), passages empreints d’un certain groove ("Writhing In Stagnant Water" à 0:51 et 4:03 et "Pulsating Mass Of Worms" à 1:13) et accélérations jubilatoires (même si elles restent un peu sur la retenue) permettant de relâcher enfin toute cette pression accumulée ("Writhing In Stagnant Water" à 1:17 et 3:12, "Pulsating Mass Of Worms" à 0:57, "Echoes From The Cistern" à 2:14 et 4:43). Notons également que le duo anglais se montre capable d’assembler des pièces ambitieuses comme l’atteste ce morceau-titre de plus de dix minutes lors duquel Sewer Fiend va changer de direction à plusieurs reprises sans jamais perdre le fil un seul instant.
Alors il est évident que les influences de Sewer Fiend paraissent toutes plus flagrantes les unes que les autres à l’écoute de ce premier EP qui manque peut-être (ce sera selon votre seuil de tolérance sur le sujet) effectivement un peu de personnalité. Et probablement que dans un futur proche le groupe aura besoin de les digérer/diluer davantage s’il souhaite se prémunir de ces comparaisons aujourd’hui inévitables (bien que plutôt flatteuses). Quoi qu’il en soit, si cela n’est pas un frein pour vous lors de vos écoutes et autres découvertes, je vous conseille vivement de jeter une oreille sur ce Echoes From The Cistern qui en trois titres ne manquera pas de ravir tous les amateurs de Death / Doom résolument morbide et sinistre. Voilà en tout cas une sortie qui confirme que la scène Death anglaise se porte de mieux en mieux ces derniers mois. Et comme on l’a vu un peu plus haut, Sewer Fiend n’est pas le seul à y contribuer. Affaire à suivre donc...
| AxGxB 7 Septembre 2021 - 713 lectures |
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