Wicher - Czary i Czarty
Chronique
Wicher Czary i Czarty
Elles me manquaient, mes sorcières. Thématique chère à mon cœur entre toutes, la sorcellerie des siècles passée a toujours exercé sur ma personne un puissant pouvoir de fascination. Le sujet est très à la mode, il faut bien le reconnaitre, mais rarement traité avec le sérieux qu’il mérite. Que l’on s’attache à en proposer une représentation historicisante ou une version romancée assumée d’ailleurs. On voit trop souvent les albums, livres ou autres productions artistiques résumer la thématique à trois clichés éculés pour procurer la sensation immédiate et superficielle du « ooooouh je suis si proche de Mère Nature et je fréquente les secrets cachés venus du passé que personne ne connaît, je me sens tellement plus connecté avec la tradition satanique ancienne/les esprits de la forêt/le féminin sacré ». En fait, à l’heure où la sorcellerie devient un argument marketing dans le monde du développement personnel et de l’ésotérisme made in Nature et Découverte, il est parfois bon de se rappeler certaines choses. Comme par exemple la terreur qu’inspirait réellement la pratique de celle-ci tout au long des siècles, et ce jusqu’à des temps pas si reculés encore, avant de devenir cool et trendy (merci la Wicca entre autres).
Wicher vient de Pologne, a signé chez les excellents Godz of War et se paye même le luxe de se faire illustrer pochette et fourreau par l’illustre Mar.A, également responsable de l’iconographie de Cultes des Ghoules. Pas mal.
Wicher, c’est de la musique folk avec de l’ambient dedans, et c’est surtout le projet que j’attendais depuis des années sans plus oser réellement espérer. Des blackeux qui composent sur des instruments folkloriques, mais pas pour sortir un énième disque de musique traditionnelle en carton faite pour et par des hardos hypnotisés par HBO. Des gens passionnés et habités, qui veulent offrir une évocation crédible et puissante d’un sabbat en pleine forêt. Et que le Maître soit remercié, le résultat est excellent.
Une grosse demi-heure en compagnie de satyres, de sorcières et d’ombres étranges autour d’un feu de camp à la vivacité démoniaque. Libations impies, chants possédés et peut-être même deux ou trois nourrissons lancés au feu pour clôturer la soirée en beauté. Vous êtes partant ? Wicher a composé son album comme une suite, presque ininterrompue, aux ambiances parfaitement homogènes. Les rythmes s’accélèrent parfois, donnant un air de célébration extatique blasphématoire. Tout est sombre, inquiétant, mais au-delà de ces impressions, on exulte à la vue des silhouettes infestées. Les cordes frottées tissent des mélodies simples et lancinantes qui ne laissent quasiment jamais de silences, soutenues par des percussions sourdes pendant que d’autres cordes, pincées celles-ci, piquettent la trame sonore d’éclats obsidiennes redoutables de charme. Par-dessus, les femmes psalmodient et éructent, les hommes incantent et marmonnent d’obscurs chœurs. Quelque chose résonne à l’unisson de ces appels, rejoint l’assemblée transie. Derrière l’aspect très atmosphérique et presque spectaculaire de la musique de Wicher, une véritable dévotion suinte immanquablement. Oubliez les rituels sévères et austères, ici le Cornu se célèbre dans la débauche et la jouissance, la danse entraînante et vicieuse, la joie corrompue.
Une émanation musicale comme celle-ci me ravit. Non seulement parce qu’elle ramène un peu de crédibilité au thème galvaudé de la sorcellerie, mais aussi et surtout parce qu’elle prouve que la sphère metal underground diversifie ses talents, se permet des aventures en-dehors des frontières de la saturation et du blast, exprime une vraie richesse sous-jacente sans plus se complexer ou se restreindre. Cette transmutation culturelle ne peut représenter qu’une bonne nouvelle. Ils sont loin, les temps où des musiciens un tant soit peu explorateurs se faisaient immédiatement vilipender de toutes parts. De nos jours, les mentalités se sont approfondis, élargies. Pour célébrer l’éthos, il faut pouvoir le retranscrire en-dehors de ses codifications établies, prouver sa force et son étendue en l’exprimant sous de nouvelles formes. Wicher représente cette dynamique nouvelle que je remarque depuis quelques temps déjà, et gagne des points supplémentaires en redonnant des lettres de noblesse à l’univers ensorcelé qui me parle tant.
J’attends avec impatience la prochaine sortie du groupe. J’ose même imaginer, rêver de quelque chose comme une collaboration entre Cultes des Ghoules et Wicher… Dame, que ce serait bon ! Rituels saturés, danses hallucinées, sabbat célébré. Allez les Slaves, on sort le grand jeu pour la prochaine fois, après cette première déjà démonstration parfaitement convaincante !
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