Dawn Ray'd - Wild Fire
Chronique
Dawn Ray'd Wild Fire (EP)
Avec le temps, il me devient de plus en plus difficile de séparer l’œuvre de l’artiste, même s’il est évident qu’il existe tout un pan de folklores inhérents au metal, depuis ses origines si l’on reprend une certaine imagerie liée à Black Sabbath, - et plus particulièrement si l’on s’attarde sur la pochette de Sabbath Bloody Sabbath -, et qui n’a eu de cesse de se développer depuis lors. Il y a des choses qui me font sourire, bien évidemment, quand cela a trait au satanisme, ou à tout ce qui fait partie de l’imagerie accolée au doom metal ou à l’epic metal. C’est aussi le cas pour ce qui est du black metal, genre que j’apprécie grandement également, mais il y a forcément un Rubicon à ne pas franchir me concernant, c’est celui de faire l’apologie des idées de l’extrême droite, de répandre son idéologie et de considérer que cela n’est rien, juste de l’entertainment comme on pourrait le dire, ou le lire trop fréquemment. Non, cela n’a rien d’anodin, et je suis assez content qu’une autre manière d’aborder les choses se fait montre depuis quelques temps, même si la qualité n’est pas forcément au rendez-vous, avec des formations telles que Sordide, Morteminence, Gråt Strigoi, Panopticon et tant d’autres qu’il serait assez fastidieux de lister.
Dans le cas de Dawn Ray’d, cela m’enthousiasme encore plus, car alors que bon nombres de formations estampillées red and anarchist black metal évoluent le plus souvent ou bien dans des sphères proches du post black metal ou bien ont un côté crust beaucoup plus prononcé, ici, le trio anglais nous donne une toute autre mixture, renouant ainsi avec un black metal mélodique et même assez épique dans ses tournures, avec une ambiance un peu médiévale, un peu comme l’excellent projet Mystras, voire même comme les tous premiers Abigor, notamment pour ce qui est de la manière d’aborder les riffs de guitare chez Fabian. L’imagerie du groupe et son logo, - à un détail près cela dit -, surprennent un peu lorsque l’on s’attarde sur les thématiques abordées par les Anglais: lutte des classes, révolution et anti-fascisme. C’est donc ce que l’on retrouve sur ces deux titres de cet EP, dont la thématique centrale est le fait d’assumer clairement les propos tenus dans leurs chansons, en cohérence avec leur idéologie, et dénonçant justement une partie de cette scène black metal qui n’assume pas clairement ses discours. Si nous retrouvons deux titres sur cet EP, il s’agit en fait de deux versions du même titre.
Wild Fire I nous renvoie donc à ce que sait faire le trio depuis six ans désormais, à savoir un black metal assez hirsute dans ses instantanés intenses, et en cela le chant de Simon est toujours aussi vindicatif, sans se départir de ses aspérités mélodiques, toujours aussi belles, épiques et un peu nostalgiques. L’on est d’ailleurs mis dans l’ambiance par ces sonorités de cors en introduction comme pour mieux annoncer la charge qui va avoir lieu. Bien entendu, le violon fait évidemment son apparition au milieu de ce titre, dans ce passage un peu plus posé, avant que le groupe ne reparte à la charge. Et en quatre minutes, il se passe pas mal de choses sur cette composition qui est bien écrite et bien nuancée comme il le faut. Le second titre est quant à lui une interprétation folklorique du premier et où les acoustiques prennent les devants, en prenant la même trame mélodique que le premier mais en le jouant plus lentement. L’on y retrouve une ambiance vraiment passéiste, emprunt d’une certaine mélancolie assez touchante, comme si l’on devait compter celles et ceux tombés au combat, et en cela les mélodies de violon y jouent grandement. Mais il y a tout de même une forme d’espoir sur le final, quand le chant fait son apparition, renouant ainsi avec la fibre des chansons révolutionnaires, en reprenant une partie des paroles du premier titre, avec ce final a capella de toute beauté. Et pour une fois qu’un titre acoustique ne relate pas la nostalgie d’un temps passé, l’on ne va pas dissimuler sa joie.
En constant progrès depuis la sortie de son premier EP, Dawn Ray’d ne fait que confirmer tout ce que l’on avait pu découvrir sur leur second album Behold Sedition Plainsong. Il n’y a rien de surfait chez ce groupe, qui soigne tout autant son discours que sa musique, et l’on ne peut qu’être satisfait de ce Wild Fire aux deux visages, aux sensibilités différentes, mais à la conviction commune. Évidemment, le tout fait moins de dix minutes, et c’est assez frustrant de ne pas avoir plus de musique, mais l’on a ici une valeur sûre dont attend avec impatience son troisième album.
"There's nothing in these songs
Of which to be ashamed,
Everything we sing about
I'd just as plainly say.
For the noble flame of integrity
Will surely always win,
As dawn brings
The Reckoning!"
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