Nocturnal - Serpent Death
Chronique
Nocturnal Serpent Death
Depuis déjà deux décennies le projet mené par l’inamovible et prolifique guitariste Daniel Cichos n’a cessé d’enchaîner les sorties sous les formats les plus divers, avec nombre de musiciens différents et de labels de toutes sortes, pour un résultat à chaque fois délicieusement régressif. Car depuis ses débuts celui-ci balance à la face du monde un Black/Thrash primitif et rétro qui parle de façon quasi-exclusive du diable et de l’enfer sous toutes ses coutures, et ne s’encombre d’aucune futilité ni effets indigestes pour privilégier une musique authentique et frontale qui sent le vomi, la bière bas de gamme et la sueur. Cependant depuis « Storming Evil » sorti en 2014 le combo s’était montré particulièrement discret en ne sortant rien durant six ans jusqu’à l’enregistrement de deux nouveaux titres, pour une collaboration commune avec ses compatriotes de NUCTEMERON. Au final il se sera écoulé sept longues années pour que ce quatrième album voit le jour (un record !) avec un line-up entièrement remanié autour de son leader, qui confirme l’instabilité chronique qui règne autour de lui tant il a vu défiler à ses côtés nombre de membres expérimentés. Cependant tous ses mouvements internes n’ont jamais déstabilisé l’entité qui s’est toujours maintenue à un niveau relativement stable et intéressant, et cette nouvelle livraison ne va pas déroger à la règle vu qu’elle offre plus de trois-quart d’heure de gros son bien énervé et mené sur les chapeaux de roue, propice à la mise en veille du cerveau.
Car afin de montrer que celle-ci est bel et bien de retour elle nous balance d’entrée le morceau le plus long de cette galette (« Black Ritual Tower »), où après un long riff froid et crachotant qui fait office d’intro la suite va osciller entre passages rapides et énervés et d’autres plus lents et rampants où la noirceur s’en trouve accentuée. Si ça reste techniquement ultra simple c’est quand même suffisamment varié pour qu’on se laisse prendre au jeu de ce mélange des styles, même s’il faut bien reconnaître que ça s’étire un peu inutilement et qu’on a l’impression d’avoir déjà entendu ce genre de plans chez ses créateurs. Il faut en effet reconnaître que ce défaut est récurrent quel que soit la durée proposée, car malgré la valse du personnel l’identité musicale de NOCTURNAL n’a jamais varié ni changé d’un iota, ce qui est à la fois un bon mais aussi un mauvais point, tant on a souvent la sensation que rien n’a évolué et que cette écriture rudimentaire et interchangeable montre trop vite ses limites. Néanmoins sa radicalité et sa force de frappe servent de parfait défouloir quand ça joue majoritairement sur la vitesse élevée et la rage du Punk, preuve en est la suite de compositions basées sur ce modèle qui vont être encore plus bas de plafond en ne débandant qu’en de rares occasions, et en proposant quelques moments mid-tempo propices au headbanging (ainsi que quelques blasts disséminés en de rares endroits). Tout cela se retrouve sur les virulents et entraînants « …From Terminal Death », « Beneath A Steal Sky » (et ses à peine plus de deux minutes au compteur), « Faceless Mercenaries » (aux accents Thrashy plus affirmés) ou encore « Bleeding Heaven » où le frappeur met toute son énergie à martyriser ses fûts.
Après cette longue série de tabassage en règle le quatuor va ralentir légèrement l’allure pour offrir une musique un peu plus massive et épique sur le très bon « Circle Of Thirteen » aux accents rampants et aux relents Heavy Metal au niveau de la guitare. Montrant un visage guerrier voire martial le tout passe comme une lettre à la poste même si là-encore ça s’étire de façon un peu trop excessive, donnant de fait une sensation justifiée de linéarité et de répétitions des différents plans instrumentaux. Si ici nulle trace de rapidité n’est de sortie (compensée par un train de sénateur fort agréable) celle-ci va faire son retour dans la foulée, tout d’abord via le rudimentaire et explosif « Void Dweller » qui vide la tête comme il faut avant que le tout aussi radical « Suppressive Fire » ne prenne le relais sans pour autant être véritablement marquant tant encore et toujours on a la sensation d’écouter en boucle les mêmes patterns et riffs. Et ça n’est pas la conclusion intitulée « The Iron Throne » qui changera la donne même si l’ensemble donne plus envie de taper du pied via ces quelques accents inspirés de la NWOBHM, et toujours sympathiques à entendre.
Porté par une production rugueuse et directe qui donne l’impression d’avoir été enregistré live (où la basse bien chaude ressort totalement), ce nouveau chapitre ne se démarquera nullement des précédents tant ça sera au final vite oublié vu que c’est hélas trop commun et quelconque pour captiver au-delà d’un cercle de puristes. Si ça fait le boulot avec passion et dextérité ça sonne cependant parfois un peu trop scolaire voire amateur pour espérer mieux que la deuxième division où est cantonné de façon constante la tête pensante (et dernier membre d’origine), qui ne cherche visiblement pas à grimper dans la hiérarchie. Hommage aux anciens et aux maîtres teutons des années 80 cet opus à l’instar des précédents s’écoutera d’une oreille distraite, fera du bien par où ça passe avant de reprendre sa place sur l’étagère d’où il n’en ressortira qu’en de rares occasions, tant on préfèrera réécouter les grands noms d’outre-Rhin qui ont influencés plusieurs générations.
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