Morbosidad / Perversor - Invocaciones Demoníacas
Chronique
Morbosidad / Perversor Invocaciones Demoníacas (Split-CD)
Quelle bonne idée que de réunir sur un même split la fine fleur Sud-Américaine de la scène Blackened Thrash. D'un côté nous avons donc les Mexicains de Morbosidad qu'on ne présente même plus. De l'autre, les jeunes Chiliens de Perversor que je vous ai déjà présenté ici même et qui ont notamment fait sensation grâce à un album (
Cult Of Destruction) et un EP (
Demon Metal) sorti respectivement chez Nuclear War Now! et Hell's Headbanger. Alors que Perversor vient justement de sortir un nouveau EP (
The Shadow Of Abomination) toujours chez Hell's Headbanger, il devenait urgent de vous parler enfin de ce split qui vaut vraiment son pesant de cacahuètes.
On va la faire courte. Douze titres pour deux groupes, soit six titres pour Morbosidad et six pour Perversor. Une version LP avec un livret de huit pages dans l'esprit fanzine DIY et un poster au format A2, une version Die Hard avec en supplément un patch de chaque groupe et un vinyle de couleur jaune, une version ultra limitée à 100 exemplaires uniquement disponible auprès de Morbosidad avec en bonus un t-shirt et enfin une version CD tout ce qu'il y a de plus classique. Quelle est donc la seule chose que ces différentes versions ont en commun hormis la musique? Un superbe artwork signé Chris Moyen.
C'est Morbosidad, groupe définitivement rompu à l'exercice du split (trois pour l'année 2011), qui ouvre le bal avec "Secta Invocación". Pas de chichi, Morbosidad va directement à l'essentiel avec une recette depuis longtemps éprouvée. Son mélange de Death / Thrash et de Black Metal à l'ancienne fonctionne définitivement très bien même si j'ai toujours personnellement un peu de mal avec les résonnances hispaniques des vocalises de Tomas Stench. Les sonorités quelques peu exotiques et chantantes de la langue Espagnole ne correspondent pas vraiment à l'image que je me fait d'une musique comme celle de Morbosidad. Fort heureusement pour moi, ces résonnances sont finalement plutôt discrètes et n'empêchent en rien d'apprécier la musique de ces infâmes guérilleros. Bestiale et primaire, la musique de Morbosidad ne se veut nullement originale et reprend des standards déjà bien usés qui continuent cependant de faire leurs preuves aujourd'hui. Ainsi, les titres s'enchainent sans véritables temps morts sur un rythme plutôt soutenu. Et même si le groupe n'hésite pas à refreiner ses ardeurs de temps à autre ("Secta Invocación" à 0:39, "Falso Profeta" à 0:17, "Eterna Condenación" à 0:29 etc...), l'essentiel est tout de même placé sous le signe du bourrage de crâne intensif. On appréciera cependant un certain sens du groove (probablement les origines latines) qui permet au groupe de faire respirer ses morceaux en évitant ainsi à l'auditeur l'indigestion. Les riffs, qui ne brillent pas eux non plus par leur originalité, sont souvent d'une efficacité exemplaire pour peu qu'on soit friand de riffs Thrash / Black ne dépassant pas les trois/quatre notes. Le tout est servi par une production adéquate, avec notamment un son de guitare abrasif et granuleux qui n'est pas pour me déplaire ainsi qu'une bonne dose de réverb' sur la voix qui donne toujours un côté délicieusement old school.
Perversor prend ensuite le relai avec une recette sensiblement équivalente. Si comme moi vous êtes plutôt familier avec la musique des Chiliens, vous ne serez certainement pas dépaysé. Les six titres de ce split s'inscrivent définitivement dans la continuité de ce Thrash Blackisant qui empeste les égouts de Santiago. On sent néanmoins tout de suite une différence de production entre Morbosidad et Perversor. Voulu ou pas, le son est résolument plus sale et fait remonter à la surface plein de souvenirs des années 80/90. Perversor cultive ainsi depuis le début de sa jeune carrière cette image de groupe obscure et underground avec un univers définitivement bien ancrée dans cette tradition Sud-Américaine qui n'a pas attendu d'avoir les moyens matériels et/ou financiers pour faire de l'excellente musique. Ca riff donc sévèrement avec un batteur vraiment pas feignant qui offre du tchouka tchouka, du blast, de la double et du break à foison. Le travail rythmique est donc toujours aussi intéressant et offre de facto énormément de groove aux compositions de Perversor. La voix, moins profonde mais plus maléfique que celle de Morbosidad est tout à fait dans le ton. Peut-être y a t-il un poil trop de réverb' mais je trouve que cela colle parfaitement à l'image que s'est créée Perversor. Bref, une fois encore les Chiliens réussissent à me faire déposer les armes pour aller headbanguer tout seul dans mon salon.
Connaissant plutôt mal Morbosidad malgré sa réputation qui n'est plus à faire, j'avais quelques aprioris avant d'écouter ce split. Les mêmes aprioris que j'avais également avant de découvrir Perversor l'année dernière. La faute à une vision étriquée et complètement fausse de la scène Sud-Américaine. Si Perversor m'avait donc bien remis les pendules à l'heure, Morbosidad en a fait de même aujourd'hui grâce à ce split. N'usurpant pas sa notoriété, le groupe nous a offert une grande leçon de Blackened Thrash en seulement six titres. De même pour Perversor même si je savais à quoi m'attendre. Aucun des deux groupes ne m'aura donc déçu même si ma préférence va toujours pour les Chiliens. Une histoire de cœur.
| AxGxB 26 Janvier 2012 - 1700 lectures |
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