Perversor - Cult Of Destruction
Chronique
Perversor Cult Of Destruction
Je dois le reconnaitre, j'ai toujours eu quelques réticences à l'égard des groupes originaires d'Amérique du Sud. Je ne sais pas vraiment pourquoi, probablement la faute à des préjugés qui ont la vie dure. Pour moi, l'essentiel de ces groupes n'ont jamais eu les moyens de leurs ambitions, se contentant alors de copier vulgairement et avec les moyens du bord ce qu'on nous proposait déjà depuis des années. Bref, une vision finalement complètement tronquée mais dont j'avoue avoir du mal à me débarrasser. Pourtant, ce n'est pas la première fois qu'une groupe sud-américain vient mettre à mal ma vision étriquée de cette scène pourtant foisonnante et fort intéressante. Le dernier en date se nomme Perversor et est originaire du Chili. Formé en 2007, le groupe sort très rapidement un premier album intitulé Cult Of Destruction sur Nuclear War Now! Un gage de qualité évident pour quiconque connait de près ou de loin les productions de ce le label américain.
Avec un peu de pratique, un simple coup d'oeil à la pochette suffit à nous renseigner sur le contenu de cet album. Artwork noir et blanc, Demons dégueulasses, logo 80's... Bref, Perversor joue la carte du revival thrash à la sauce black/death. Une recette simple mais qui bien exécutée peut mettre la fessée comme il se doit. Et, mettant ainsi à mal mes préjugés, Perversor met effectivement la déculottée à tout le monde. Débarqués de nul part, complètement inconnus au bataillon, les Chiliens nous proposent dix titres de thrash old school enrobés de verres pilés. Trente minutes d'agression sonore à la gloire du Malin. Un mélange bâtard de thrash, de death metal et de black metal servit avec violence depuis les bas-fonds puants de Santiago dans l'urgence la plus totale. Une sorte de rencontre entre le Bathory des premières heures et ce qui a été fait de mieux en matière de thrash Brésilien!
De ses influences thrash, Perversor a conservé cette urgence punk qui transparait aussi bien dans ces riffs à l'exécution rapide que dans les rythmes relevés à base de "tchouka, tchouka". D'une simplicité déconcertante, la musique de Perversor se contente d'aller à l'essentiel non sans une certaine réussite. Et c'est justement cet aspect brut et sans concession qui séduit dès les premiers accords. La musique des Chiliens à beau être d'une simplicité déconcertante, ces riffs n'en sont pas moins d'une efficacité redoutable. De "Nameless Creature" en passant par "Sacrifice Your Soul To The Serpent Of The Night" ou encore "Unholy Attack", que du riff à trois notes, du riff thrash basique bas du front mais qui donne l'irrépressible envie d'enfiler sa veste à patchs et d'aller headbanguer avec une bière à la main. Que dire d'un titre comme "Forces Of Metal" et son refrain entêtant: "Demoooon, Metaaaal!". Le saut dans le temps est immédiat et nous voilà revenu à la fin des années 80 affublés de nos permanentes, de nos jeans moulants et de nos baskets montantes!
Mais il n'y a pas que du thrash sur cet album. Perversor va plus loin en y intégrant des influences black/death. Et si les riffs sont simples, l'odeur de soufre qu'ils dégagent renvoi indiscutablement au death metal et au black metal (j'ai évoqué plus haut Bathory) de la fin des années 80. Une odeur âpre et rance, un fond de noirceur indissociable d'une voix démoniaque, celle de Torrid. D'ailleurs, comme sur l'excellent album d'Excoriate, le chant est ici placé en retrait avec un fort effet de réverb, façon Notre Dame de Paris. De quoi donner un certain cachet à cet album déjà bien marqué par les années 80.
Perversor vient donc d'un simple revers de main de balayer tous mes préjugés d'européen un brin bourgeois. Et oui, l'Amérique du Sud à elle aussi son mot à dire et ce Cult Of Destruction m'a collé une baffe incroyable. Simple et possédée, la musique des Chiliens va à l'essentiel sans s'embarrasser de chichi(lien). Ca thrash donc sévère avec ce qu'il faut de relents black/death pour prendre tout ça suffisamment au sérieux. Perversor cultive ici son côté bancal, old school et evil à la perfection et se paie le luxe de nous offrir un premier album vraiment réussit qui, pour le genre, ne souffre d'aucun véritable défaut. Je vous le recommande chaudement.
| AxGxB 4 Octobre 2011 - 1981 lectures |
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