Muscipula - Little Chasm of Horrors
Chronique
Muscipula Little Chasm of Horrors (Démo)
Hey ! Mais en voilà une petite demo qui fleure bon la bonne humeur et la joie de vivre, distille dans l’air le doux parfum printanier de l’amour et redonne de l’espoir à la Terre entière !!! Nan, je déconne hein et vous l’avez de toute façon déjà compris. Si vous avez cliqué sur l’image à droite de votre écran, c’est qu’un simple coup d’œil à ce chouette artwork en noir et blanc a réveillé votre appétit malsain pour la monstruosité, que ce charmant titre Little Chasm of Horrors vous a méchamment aguiché et que, comme moi, vous vous réveillez chaque matin avec l’envie de vous faire malmener les tympans.
Dans les colonnes de Thrashocore, on parle d’ordinaire plus volontiers de caveau ou de caniveau, mais faut croire que je me découvre la main verte ces derniers temps car, après vous avoir parlé de KOMPOST il y a peu, je reprends mes travaux de jardinage là où je les avais laissés : dans un terreau gras et putride à souhait, mais à quelques milliers de kilomètres de la Finlande cette fois et avec une formation officiant dans un registre sensiblement différent. On n’apprendra rien des êtres de chair et de sang frais qui se cachent derrière ce projet empruntant son nom à une plante carnivore, si ce n’est qu’ils sortent des marécages du Tennessee qui semblent être leur principale source d’inspiration. Je m’en contenterai, là n’est pas le plus important.
MUSCIPULA pratique un Death/Doom qui lorgne méchamment du côté d’un Sludge de désolation, celui d’un PRIMITIVE MAN par exemple, qui pue le désespoir sur fond d’ambiance de fin du monde, en l’occurrence de fin de la suprématie de l’espèce humaine sur terre, terrassée par l’appétit inextinguible d’une plante sanguinaire. Dit comme ça, on serait tenté de sourire, mais la promesse de se faire déchiqueter, dévorer puis digérer par cette épouvantable plante carnivore sera bel et bien tenue !
La tige charnue, rugueuse, exubérante et suintante du cruel végétal n’est autre que cette monstrueuse basse vrombissante, le maître outil de torture d’un lent processus de mise à mort par étouffement dont on sait qu’il peut être source d’intense plaisir, la délicieuse sensation d’écrasement de la cage thoracique n’étant que le stratagème fallacieux de MUSCIPULA pour nous faire sombrer, à demi inanimé et tête la première, dans son petit gouffre d’horreur. L’abandon devient total lorsque l’on se laisse anesthésier par les martèlements rigides, froids et répétitifs de la batterie, par les riffs gras, tordus et lancinants de la guitare et par des vocaux qui ne sont que souffles et gargouillis courts, mortifères et nauséabonds. Les accélérations ne seront là que pour parachever la sale besogne.
Le dernier sursaut avant votre trépas interviendra pendant "Descending into Chasm Dionanea Muscipula", grâce à ces pointes de vitesse aussi furieuses que jouissives parce que suivies et précédées de nappes rampantes, la sentence de mort par asphyxie prononcée pendant "Closed Shut (Enzymatic Death by Digestion)", le coup de grâce étant son déchaînement frénétique à partir de 1:43. Quant à "Sphagnum Bog of the Depraved Droseracea", elle n’est autre que la célébration malsaine de la victoire de la plante sur le misérable humain que vous êtes, en raison de son rythme sinistrement guilleret et de son riff complètement obsédant.
Dix petites minutes suffiront pour vous faire dégringoler au fond d’une tranchée putride, pour vous faire tomber comme de vulgaires et souffreteux insectes dans la gueule béante d’une gigantesque dionée attrape-mouches. Si par miracle vous en sortez indemnes, il vous en faudra bien davantage pour vous en extirper et vous débarrasser des sucs gastriques déjà en train de vous ronger les chairs.
Le label floridien Caligari Records n’en finit pas de me régaler. En ces temps d’opulence musicale, c’est avec près de deux ans de retard que j’ai découvert, grâce à un bouche à oreille des plus précieux, MUSCIPULA, dont le premier effort que voici date déjà de février 2020. Il était plus que temps d’en parler, c’est chose faite ! Allez les gars, qui que vous soyez, donnez une suite tout aussi alléchante à cette demo, que j’ouvre le premier Jardi-Thrasho-land de la planète !
| ERZEWYN 22 Novembre 2021 - 718 lectures |
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