Burial - Inner Gateways To The Slumbering Equilibrium At The Center Of Cosmos
Chronique
Burial Inner Gateways To The Slumbering Equilibrium At The Center Of Cosmos
Pour faire les choses proprement j’aurai dû commencer par vous parler de The Aeons Of Horror, compilation CD sortie chez Despise The Sun Records (Fulci, Corpsefucking Art, Asphyxiate, Blasphemophagher, Engrossed...) regroupant les trois premières sorties de Burial, formation italienne revenue d’entre les morts en 2016 mais dont les premiers balbutiements remontent à près de dix ans... Sauf que voilà, aussi louables soient-elles, mes intentions ont été quelque peu contrecarrées par mon habileté à ne pas tenir certains des engagements que je m’étais fixés. Du coup, nous allons entamer ces présentations par la chronique de, attention à bien retenir votre respiration, Inner Gateways To The Slumbering Equilibrium At The Center Of Cosmos, premier album des Italiens paru fin octobre chez Everlasting Spew Records.
Alors oui, maintenant que l’on se fréquente depuis quand même un peu plus de dix ans vous et moi, j’imagine que vous devez déjà savoir où je vais en venir avec le paragraphe qui suit. Sans surprise, on va effectivement évoquer l’artwork magistral de l’artiste Paolo Giaradi qui signe ici une oeuvre certes un brin déjà vue (vous savez, cette fameuse spirale ayant déjà servi à illustrer le premier album d’Hyperdontia et quelques autres encore) mais qui néanmoins impose il est vrai un certain respect. On peut évidemment reprocher ce que l’on veut à l’Italien à commencer par sa propension à s’auto-pomper mais il faut quand même bien avouer qu’il sait sacrément y faire en matière de visions infernales, monstrueuses et apocalyptiques ! Si pour Sulphurous je l’avais donc trouvé ainsi un brin timoré, ce n’est absolument pas le cas ici avec cette oeuvre imposante et particulièrement réussie qui donne effectivement envie de s’y plonger corps et âme malgré les horreurs qui y sont dépeintes.
Tout aussi imposant, le Death / Doom que nous propose ici ces quatre Italiens qui à défaut de réinventer la roue semblent avoir parfaitement bien appris leurs leçons. Si elle n’est donc pas d’une grande originalité (surtout par les temps qui courent), la formule que nous propose Burial sur ce premier album ne devrait pas manquer d’interpeller et de séduire tous les amateurs de formations telles que Spectral Voice, Atavisma, Krypts, Mortiferum, Cavurn et compagnie... Servi par une production particulièrement abrasive (le délice des ces guitares saturées au grain si réjouissant) et en même temps parfaitement équilibrée (la clarté de ces séquences mélodiques, la place réservée à chaque instrument, la lisibilité de l’ensemble...), Inner Gateways To The Slumbering Equilibrium At The Center Of Cosmos va dérouler ses cinq compositions en prenant grand soin de varier les plaisirs et ainsi d’opposer à toutes ces séquences plombées nombre de passages beaucoup plus agressifs et rentre-dedans. Une dualité qui fait finalement de ce premier album un disque beaucoup plus dynamique que ne le suggère la durée de ces titres dont la moyenne se situe aux alentours des huit minutes.
À tous ces riffs pesants et trainants servit sur fond de growl d’une profondeur abyssal, de frappes lourdes et implacables, de mélodies fantomatiques et d’ambiances mortifères viennent donc naturellement s’opposer tout un tas d’accélérations aussi radicales que bien senties et surtout nécessaires pour apporter autre chose à l’auditeur comme ce relief et cette dynamique permettant ainsi de créer ces ruptures attendues. Alors oui, on a évidemment connu plus sauvage et plus rapide que Burial dans ses accès de colère. Pour autant, les quatre italiens ne déméritent pas lorsqu’ils se décident à corser le ton comme c’est le cas sur "The Curse Of The Unbornlike God" entre 1:55 et 2:56 puis entre 3:46 et et 4:24, "Halls Of The Formless Unraveler" et son entame en fanfare puis entre 1:46 et 2:19 et entre 4:07 et et 4:51, "Dark Womb Of Outern Creation" entre 2:13 et 2:37 et entre 4:01 et 4:27 ou "Inner Gateways To The Slumbering Equilibrium At The Center Of Cosmos" entre 2:58 et 3:40 puis entre 9:26 et 10:10.
Outre cette aptitude à créer du relief et des nuances par le biais de ces quelques accélérations providentielles, saluons également la qualité du travail mélodique fourni par les Italiens qui vont notamment nous servir tout au long de ces trois quarts d’heure quelques leads de leur cru capables d’apporter une dimension encore un petit peu plus tragique et fataliste. C’est le cas notamment sur "The Curse Of The Unbornlike God" à 0:28 et 7:07, "Halls Of The Formless Unraveler" à 5:26, ou "Dark Womb Of Outern Creation" à 1:08. Un travail discret (pas de grand solo capables de vous hérisser le poil ici mais seulement quelques leads et autres petite notes mélodiques dispensés à l’économie) qui participe à leur manière à la construction de ces atmosphères délétères. Cet apport mélodique se fait également beaucoup ressentir sur "Absent Visions Conceive Unspeakable Beings" qui, loin de jouer la carte du simple interlude instrumental qu’au fond il n’est pas là, offre une véritable petite parenthèse entre "The Curse Of The Unbornlike God" et "Halls Of The Formless Unraveler" d’un côté et "Dark Womb Of Outern Creation" et "Inner Gateways To The Slumbering Equilibrium At The Center Of Cosmos" de l’autre.
Bref, derrière cet album au titre à rallonge se cache un premier jet plutôt réussi qui marque d’ailleurs pour Burial un sacré pas en avant par rapport à tous les titres qu’il a pu composer jusque-là (on le verra sur la compilation The Aeons Of Horror). Alors c’est vrai, Inner Gateways To The Slumbering Equilibrium At The Center Of Cosmos manque peut-être un petit peu de caractère et de moments véritablement marquants pour espérer faire la différence face à des Spectral Voice, Mortiferum et autre Krypts. Malgré cela on reste tout de même ici dans le haut du panier en matière de Death / Doom puisqu’à l’image de cette illustration infernale signée Paolo Girardi, Inner Gateways To The Slumbering Equilibrium At The Center Of Cosmos réussi à faire oublier une certaine redite par le biais de compositions suffisamment bien ficelées pour réussir à convaincre durablement (qualité d’écriture, riffing soigné, atmosphères prenantes, variété dynamique, etc). Probablement pas l’album de l’année mais une belle réussite néanmoins.
| AxGxB 24 Novembre 2021 - 1170 lectures |
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