Warning - Watching from a Distance - Live at Roadburn
Chronique
Warning Watching from a Distance - Live at Roadburn (Live)
J'aurais aimé y être ce samedi vingt deux avril deux mille dix sept au fameux 013 à Tilburg, l'antre du non moins fameux festival Roadburn. Oh que oui j'aurais aimé y être ne serait-ce que pour voir de nombreux groupes à l'affiche de cette édition de cet excellent festival, mais surtout pour voir la reformation de Warning, - avec un line-up un peu remodelé et avec l'adjonction d'un second guitariste -, jouer en entier ce chef d'oeuvre qu'est Watching from a Distance dans les meilleures conditions possibles, c'est à dire en salle. Et non pas se contenter, pour nous public français, d'une prestation en plein milieu de la journée sous une tente devant un par terre d'un public ignare de ce qu'est le vrai doom metal et plus prompt à s'ébaudir devant la toute dernière sensation rétro ou le dernier mauvais clone d'Electric Wizard, Warning méritait sans doute bien mieux, tellement mieux. Dans tous les cas, il n'y avait sans doute pas meilleure salle que le 013 et contexte que le Roadburn pour faire une captation de cette prestation, qui sort enfin plus de quatre ans après son enregistrement.
J'aurais aimé y être car cet album, comme vous le savez depuis quelques temps, est l'un de mes classiques et l'un de mes albums de chevet mais au moins cet album nous permet de nous faire vivre ces instants qui devaient être uniques. D'un point de vue technique, le son est excellent, comme l'on pouvait s'y attendre avec l'équipe technique du festival Roadburn, l'on distingue très bien les deux guitares ainsi que la basse. Tout est parfaitement en place et bien nivelé, et l'on entend également le public entre les morceaux. Comme pour la mise à nue des sentiments, l'on ne triche pas chez Warning et c'est bien un enregistrement brut que nous avons ici, et, évidemment non retouché, comme peuvent le faire certains musiciens pourtant professionnels mais incapables de jouer correctement leurs morceaux et pourtant prompts à sortir moult albums live sous tous les supports pour combler un vide artistique depuis plusieurs lustres. Point de tout ceci ici, c'est même au point où les premières secondes de ce live nous donnent à entendre les derniers petits réglages et accordages d'avant concert. Mais cela a le mérite de nous immerger totalement dans l'ambiance et il est assez facile de se voir dans les gradins de la grande salle du 013 à attendre assez impatiemment que la prestation commence.
Et c'est justement ce côté immersif de ce live qui en fait sa splendeur, alors que je ne suis pas du tout friand de ce type de support, car l'on se laisse rapidement happé par les riffs uniques de Pat Walker et de Wayne Taylor, par la sobriété de la cellule rythmique qui te fait descendre toujours plus bas au niveau du morale. L'on s'éprend toujours autant de cette tristesse qui émane de ces cinq compositions mythiques qui, si elles sont évidemment fidèles aux originales, se trouvent grandies par cette interprétation, où les tempi sont parfois un petit peu ralentis, notamment sur Bridges et le titre éponyme. Le chant de Pat Walker est toujours aussi plein de ce désespoir et de cette retenue, toujours aussi sobre dans sa faculté à transmettre les émotions dépeintes dans ses paroles, mais toujours aussi bon quand il s'agit d'y mettre de l'intensité. Il n'y a quasiment pas de communication avec le public, tout juste annonce-t'il le titre Footprints et remercie timidement le public sur la fin, mais pouvions-nous attendre de plus de la part des Anglais? De toute manière l'ambiance ne s'y prête pas et l'on sent bien un public en plein recueillement. Dans tous les cas, la réputation de Warning pour ce qui est de ses concerts capables de mettre à genou un public par forcément adepte de sa musique reste intact, tant sa faculté à faire passer son message reste inaltérée ici. Car oui, son doom metal unique demeure toujours aussi majestueux, même dans les conditions du live.
Évidemment, cela ne pourra avoir la même saveur que d'assister véritablement à un concert de Warning, et l'on n'atteindra guère la perfection d'un album studio, surtout de la teneur d'un Watching from a Distance, mais ça fait un bien fou - enfin, façon de parler, car le doom metal de Warning reste toujours aussi misérabiliste -, que d'avoir cette relecture en concert de ce classique du doom metal. Cet album garde ainsi cette même coloration grisâtre, cette même façon de vous saper le moral, tout en ayant un côté plus vivant du fait de cette captation. Mais dans tous les cas, l'effet est peu ou prou le même, et j'ai toujours les mêmes frissons lorsque, sur le titre Watching from a Distance, au bout de quatre minutes, Patrick Walker prononce cette première strophe "Sometimes when I ...", même si les années ont passé, ce me fait toujours le même effet pendant une cinquantaine de minutes. Cette réalisation s'adressera évidemment aux fans de Warning et surtout aux inconditionnels de Watching from a Distance, mais il permettra aussi aux néophytes de découvrir une fabuleuse réalisation qui n'a rien perdu de son aura, de sa capacité à vous mettre face à vous fêlures, et, surtout, de son honnêteté. J'aurais aimé y être à ce concert, mais au moins j'ai de quoi me réconforter avec cette réalisation, dont le contenant est tout aussi bon que le contenu.
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