Cathedral - Hopkins (The Witchfinder General)
Chronique
Cathedral Hopkins (The Witchfinder General) (EP)
Un peu plus de six mois après la sortie de l'excellent The Carnival Bizarre, Cathedral revenait déjà avec une nouvelle réalisation, avec non pas un nouvel album, qui allait sortir sept mois après, mais un nouvel EP, les Anglais gardant une certaine alternance dans leurs sorties depuis leurs débuts. Et ce qu'il y a de bien avec les membres de Cathedral, c'est que l'on ne pourra pas leur reprocher d'être créatifs et surtout de vouloir expérimenter et de se faire plaisir par le biais de ce type de réalisation. Pour le coup, l'on va être gâté, car en dehors du titre Hopkins provenant de The Carnival Bizarre l'on a ici quatre nouveaux titres, dont deux sont des reprises. Le groupe fit de nouveau appel au fidèle Paul Johnston collaborateur du groupe depuis In Memorium sur chaque EP. Du coup la production est un peu moins claquante que sur The Carnival Bizarre, mais l'on renoue avec un son plus seventies dans l'esprit. Sans doute que c'était la seule personne à être suffisamment réceptive à ce que les Anglais allaient enregistrer, car il va en falloir de l'ouverture d'esprit pour écouter cette réalisation.
Cela commence donc avec le tube de The Carnival Bizarre et l'un des titres les plus emblématiques de Cathedral avec ce Hopkins (The Witchfinder General) dans une version rallongée avec la présence du teaser de l'excellent film Witchfinder General avec Vincent Price, dont l'on retrouve quelques samples extraits de ce film sur le titre, et également dans le clip tourné pour l'occasion. La sortie de cet EP coïncidait avec la diffusion dudit clip. Pour ce qui est de la musique, l'on retrouve ici un Cathedral plus sabbathien que jamais avec un riff mémorable sur un rythme assez soutenu pour le groupe, et cette partie centrale endiablée où Gaz Jennings enchaîne les soli excellents et des leads plus entêtantes les unes que les autres. Ce n'est pas pour rien que le groupe concluait ses concerts avec ce titre, qui saura sans doute vous convertir assez facilement. En tout cas, c'est bien de commencer avec un titre assez classique, car pour le reste, il faut un peu s'accrocher.
L'on a d'abord la reprise du fameux Fire d'Arthur Brown, titre de choix de la fin des années soixante et témoignant du bouillonnement de la scène psychédélique londonienne d'alors. C'est évidemment passé à la moulinette de Cathedral, avec donc un son plus lourd, un groove unique et un Lee Dorrian endiablé. Vous ai-je dit qu'il y avait de l'orgue Hammond joué sur ce titre? Ça, cela peut passer, vu notamment que cet instrument était assez commun à la fin des sixties. Par contre, vous ai-je dit qu'il y avait aussi du saxophone sur ce titre? Ne partez pas, ce n'est pas le seul où il y en a. L'on va ensuite enchaîner avec Copper Sunset qui est une réinterprétation du titre To Take Him Away d'un groupe progressif français, Sandrose. Un très bel instrumental qui laisse la place à un beau travail d'harmonisation et où Leo Smee et Brian Dixon se font aussi plaisir. C'est très beau, assez relaxant d'une certaine manière et ça permet de souffler avant ce qu'il va suivre.
Et la suite, c'est à dire Purple Wonderland et The Devils Summit, ce n'est rien d'autre qu'un sacré grand foutoire, le premier étant une sorte d'expérimentation de disco doom metal, je ne vois pas quel autre terme utiliser, et le second est une sorte de rencontre entre du funk des seventies et Black Sabbath. C'est limite si ces titres n'ont pas laissé une grosse empreinte chez Leo Smee vu ce qu'il a fait par la suite avec Chrome Hoof. Bon, cette présentation de ces deux derniers titres est assez réductrices, car c’est même pire que tout ce que l’on pouvait penser, Lee Dorrian et consorts s’y amusent à toucher un peu à tout, comme s’ils avaient eu la mallette de Raoul Duke et de Dr Gonzo à leur disposition, et qu’ils avaient tout essayé, sauf qu’au lieu de déambuler de bars en bars, ils ont préféré s’enfermer dans un studio et enregistrer tout ce que cela allait leur faire passer par la tête, inviter des potes de passages pour y mettre leurs grains de sables, et surtout se décomplexer totalement de leur amour pour Black Sabbath, - après tout, maître Iommi venant d’enregistrer un solo pour eux, ils avaient aussi le droit à un peu de relâche. Au menu donc de cette fête foraine du bon goût l’on y trouve les ingrédients suivants: du doom, - et oui, il en reste quand même -, du funk, du blues, du disco, du groove, du saxophone, encore une bonne dose de groove, de l’orgue Hammond, et un Lee Dorrian en grande forme.
Cela va tellement dans tous les sens que ça en donne parfois le tournis, et les claviers complètement kitsch de Purple Wonderland pourraient presque servir de repoussoir, s’ils n’avaient pas quelque chose d’hyper dansants dans le fond. Qu’importe l’ivresse en fait, pourvu que tout ceci conserve en filigrane ces deux constantes des anglais depuis The Ethereal Mirror: le groove et le côté volontairement assumé d’être à jamais ringard. Attention, ringard ne signifie aucunement passéiste, même si tout ceci est un hommage en bonne et due forme aux années soixante et soixante dix, parce que, mine de rien, il y a des ouvertures, déjà amorcées sur Statik Magik, qui auront leurs aboutissements sur The Guessing Game. L'on regrettera l'absence du titre à rallonge Schizoid Puppeteer enregistré lors de la même session et qui aura fini d'achever son monde.
De coup, ce Hopkins (The Witchfinder General), pris dans sa globalité n'est rien d'autre qu'un grand bazar du bizarre. Et c’est même ceci qui le rend attachant, ce côté totalement foutraque. Ce penchant pour la bizarrerie et l'iconoclasme, totalement assumés de surcroît, sont autant d’ascenseurs émotionnels. Et le pire, c’est que tout ceci tient parfaitement la route, enfin pour peu que l’on ait passé avec succès l’épreuve de la mise en condition nécessaire à un tel exercice périlleux, c’est à dire être complètement décomplexé de toutes attaches émotionnelles et sabbathiennes. C'est surtout une belle démonstration d'une certaine liberté de la part du groupe, je pourrais presque dire une liberté retrouvée après le passage chez Columbia, et la volonté du quatuor d'expérimenter, même si cela ne sera pas du goût de tout le monde, et qu'il faudra attendre la sortie de The Guessing Game pour retrouver cet état d'esprit.
Doom or be Doomed !
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo