L’avantage avec un groupe tel que PROUDHON, c’est que j’ai dû commencer par effectuer quelques recherches. Bon, le tympanum, je connaissais bien évidemment l’instrument. Mais comme j’avais du mal à comprendre en quoi le tambourin pouvait être qualifié de « social », je me suis dit que ce mot hérité du grec ancien avait peut-être d’autres significations. Effectivement : son sens figuré désigne une chose ronde et / ou plate (quelque chose d’efféminé, une roue pleine, une grue, un tympan en architecture, un panneau de porte). Bon, je ne suis pas plus avancé et, à moins d’extrapoler des théories tirées par les cheveux, ça ne serait pas une mauvaise chose que les musiciens nous expliquent un peu mieux le concept derrière le titre « Social Tympanum ».
Proudhon (l’homme), je ne vais pas recopier sa page Wikipédia. Je noterai juste qu’il est amusant que cette figure littéraire française ait également inspiré des textes à Famine sur le dernier PESTE NOIRE, « Le retour des pastoureaux », alors que PROUDHON (le groupe) et KPN sont probablement aux antipodes idéologiquement parlant. Du point de vue de la richesse d’une pensée et des multiples lectures que l’on peut en faire, c’est fascinant (et non pas fascisant).
La culture de la formation ne s’arrête pourtant pas là, son nom et le titre de ce premier album (après les EP
« The Damaged Bodies » et « K.U.N.S.T » en 2021) n’étant finalement qu’un préambule, les prolégomènes à ce qui va suivre. Car si le duo Thomas Hagmann (chant, batterie) et Antoine Hillion (guitare, basse) pratique bien le death metal le plus rustre qui soit, les idées quant à elles élèvent notre esprit. Nous découvrons de nouveaux mots (enfin, moi je découvre) tels que « Anthracologie » (analyse des charbons de bois afin de déterminer les essences d’arbre dont ils proviennent), l’écrivain hollandais du dix-septième siècle Bernard Mandeville, penseur de la théorie économique du ruissellement et influenceur d’Adam Smith ou Keynes (je vous renvoie à vos cours d’économie pour comprendre la chanson « La fable des abeilles »). Bref, en synthèse, PROUDHON a tout de la formation politisée qui n’a pas envie d’épuiser sa salive sur des thématiques aussi triviales que le gore, la mort et le cannibalisme, ça nous change un peu.
Bon, il reste que « Social Tympanum », c’est d’abord et avant tout de la musique. Dix-sept titres, moins de trente minutes, le message est brutal, concis, radical, sans quoi que ce soit de superflu. On se bouffe donc une mandale de grind (sur le fond) death (sur la forme), bien mise en relief par une production très américaine, massive et compressée. Le choix parfait pour habiller des rythmiques épaisses et des riffs tantôt en forme d’enclume, tantôt hyper speed. A ce titre, il me semble que la basse joue d’ailleurs un rôle essentiel dans la structure même des titres, elle est le liant qui fait que la béchamel n’est pas trop liquide. Quant à la batterie, c’est la Grosse Bertha que l’on était en droit d’attendre, pas particulièrement technique mais systématiquement dans les bons coups pour appuyer là où ça fait mal.
Côté chant, c’est évidemment guttural mais plus dans l’esprit des vocalistes 90’s que dans la mouvance du pig squeal actuel, souvent un peu usant sur le long terme. Et bien évidemment, la solidarité underground est là en la présence de Pibe (WHORESNATION entre autres, dont le dernier album « Dearth » déboîte sec) sur le titre « Cyber Nuke ».
Je terminerai en saluant la superbe pochette réalisée par Steph du Disvlar Studio. Même si sa mise en page avec ce bandeau noir sur le côté droit et le logo au-dessus m’évoquent davantage du black metal que du death (j’en ai vu passer plein des comme ça, même si les noms m’échappent à cet instant), elle est tout simplement canon, proche de l’idée que je me fais de certains personnages de Zola.
« Social Tympanum », c’est une bonne claque, de celle qui amène parfois à une prise de conscience. L’objectif est noble.
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