Bon sang,
Semetery Records… Un simple coup d’œil sur le roster de ce défunt label parisien et c’est toute une époque qui te remonte dans les naseaux !
MADHOUSE et son «
Get the Point? » (1993), le superbe et irremplaçable
KILL THE THRILL («
Low », 1996, me fout encore des frissons),
LOUDBLAST bien sûr, les glorieux débuts de
NO RETURN et évidemment
CRUSHER pour ses deux principales réalisations : l’album
« Corporal Punishment » puis cet EP, «
Act II: Undermine! ».
Nous avions laissé la formation sous l’emprise d’un
death metal chaotique, extrémiste, mâtiné de
grind et, au regard de son évolution musicale, nous pourrions nous demander si ce premier album ne représentait finalement pas une forme d’aboutissement, comme si le groupe serait désormais incapable d’aller plus loin, de dépasser cet absolu en frappant plus fort, en faisant plus mal, dans une espèce de crescendo sado-maso ultime, à l’image de la vraie pochette non censurée de l’album en lieu et place de la dégueulasserie à laquelle nous avions finalement eu droit.
En effet,
CRUSHER mute rapidement (en moins d’un an), suivant un peu en cela l’évolution d’un certain
NAPALM DEATH qui venait alors de sortir
« Fear, Emptiness, Despair. Les Français s’orientent donc vers un
metal plus moderne, plus massif, le meilleur exemple de cette transformation étant peut-être le titre « No Progress Without Regression » présent sur la compilation
« Brutale Génération. Et c’est vraisemblablement dans «
Act II: Undermine! » que l’on trouvera les prémices de cette composition surprenante pour quiconque connaissait le passif de la formation.
Déjà, avec le départ du soliste
Pierre Goldbach, le désormais quatuor se recentre sur quelque chose de plus
deathcore, même si la définition de ce genre n’était pas la même en 1993 que maintenant (et merci bien). Ainsi, la musique se densifie (fini les titres de six minutes tels que « Sense of Powerlessness » ou « Infanticide »), se simplifie également en termes de nombre de riffs dans un même titre mais gagne en groove, en swing même. Face à cet accroissement de la dimension
hardcore des structures, la voix de
Crass se met au diapason : moins growlée, plus incisive, plus brutalement
punk en un sens. D’ailleurs, la reprise de
DISCHARGE, « Hell on Hearth », s’inscrit bien dans ce changement certes toujours ancré dans la plus absolue des radicalités mais débordant déjà très largement du simple cadre
death metal. Beaucoup ont apprécié ce renouvellement, nombreux sont également ceux qui ne les ont pas ou mal compris, cette scission étant encore plus triste quand on sait que cet EP fut finalement le testament discographique de la formation, la suite des carrières n’étant peut-être pas à la hauteur :
CUBENSIS,
BOOST, est-ce que cela tient la comparaison ? Chacun aura son opinion.
De mon côté, je l’aime bien ce «
Act II: Undermine! ». Je l’aime comme on chérit un vieux souvenir qu’on ne pas veut salir, afin qu’il reste toujours pur et intact. Mais si je dois me montrer honnête, je regrette tout de même un peu la bestialité instinctive, quasi animale, que déployait «
Corporal Punishment » et, sans parvenir à l’objectiver, je trouve qu’il y a un sentiment de gâchis et d’inachevé quand on parle de
CRUSHER. Avec le recul, je me dis que la carrière des Français a peut-être été sabordée, par quoi, je n’en sais rien. Il y avait un tel potentiel de sauvagerie, évidemment jamais retrouvé dans les compilations «
Act III: The 1992-1993 Reissues » (2015) et «
The Other Sides (Rare and Unpublished) » (2012), que cet EP, aussi radical soit-il, n’en est finalement qu’une version légèrement édulcorée, bien qu’encore très séduisante dans sa corrosivité virulente et son abrasivité de chaque instant. Il reste que la groupe restera pour moi celui d’un seul album, grandiose dans ses malformations, superbe dans ses difformités : «
Corporal Punishment ».
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène