Decipher - Arcane Paths To Resurrection
Chronique
Decipher Arcane Paths To Resurrection
Si la Grèce est un pays riche de son histoire millénaire sa scène Metal extrême n’a absolument rien à envier aux grands penseurs, conteurs et philosophes qui ont jalonné Athènes, Le Pirée, Sparte et toutes les îles locales depuis l’antiquité. Car on le sait ses musiciens au sein de la sphère Black et Death sont particulièrement inspirés depuis déjà plusieurs décennies, et il n’y a qu’à voir toutes les formations de haute-volée qui ont émergé là-bas pour se dire que chaque nouveau venu est incontestablement à suivre. C’est le cas ici pour DECIPHER qui nous offre un premier opus six ans après ses débuts (où seul un Ep prometteur était venu dévoiler ses talents) et qui va clairement faire parler de lui, tant son mélange de Black/Death violent et orageux a de quoi marquer les esprits même des plus réfractaires au style. Car bien qu’ayant un niveau technique relevé le combo ne va pas s’enfermer dans une branlette de manche inutile et ennuyeuse bien au contraire, vu que l’ensemble des instruments sert ici à dévoiler une musique fluide et cohérente de bout en bout où l’ennui ne va jamais être présent. Et ce même si on aura parfois du mal à faire ressortir une plage plus qu’une autre, vu que ça reste dense et sur la même base de façon constante durant trente-six minutes oppressantes et addictives.
En effet on va prendre directement une grosse claque sur le violent et imposant « Chants Of The Unholy » à l’ambiance tempétueuse (à l’instar des plages qui vont suivre) et à l’agressivité continue, où se mêle de longues saignées de blasts dévastateurs et plans massifs au tempo ralenti mais complétés par des passages épiques et remuants à souhait. Tout ceci offre quelque chose de tentaculaire où la pression ne se relâche jamais mais où néanmoins le rendu reste fluide et finalement relativement accessible et direct, que le résultat soit plus radical et primitif comme plus pénétrant et travaillé. Cela va apparaître de façon plus claire sur le tentaculaire « Lost In Obscurity » (au titre complètement adéquat) qui tout en continuant à jouer sur l’ensemble de son panel rythmique va dévoiler quelques ambiances plus lumineuses qui vont amener un supplément d’âme et d’espoir au milieu du ciel impénétrable. Se faisant moins virulent mais à contrario plus suffocant le rendu y est là-encore impeccable et dissonant, tel qu’on le retrouvera un peu plus loin dans l’écoute avec le tout aussi addictif « Altar Of The Void » - qui montrera aussi quelques substances Doom du plus bel effet et surtout quelques relents orthodoxes. Et quand ça n’est pas cela qui est mis à l’honneur ce sont carrément des accents occultes et tribaux qui se mettent sur le devant de la scène, comme cela est le cas des excellents « Enslaved To Be » et « Sanctum Regnum » qui explosent de partout tout en jouant sur les différentes facettes météorologiques. Car de courtes "accalmies" permettent à ces plages de respirer quelques instants avant que les déferlantes venteuses et nocturnes ne reviennent à toute allure permettant aux nuages de cacher ce soleil désormais disparu, et où retentit une batterie toute en variations devant un mur sonore massif et imposant.
Pourtant réduire l’œuvre des Hellènes à cela serait franchement réducteur tant il sait offrir une écriture profonde et surtout beaucoup plus subtile qu’il n’y parait, et ce bien que les plans à force finissent par sonner un peu interchangeables. Néanmoins si on pouvait avoir de légers doutes « Penance » finira par convaincre les derniers sceptiques et réticents en offrant des penchants Doom absolument pachydermiques et jouissifs, ponctués de notes coupantes émergeant de la nuit et des classiques accélérations et montagnes russes régulières… même si cela est finalement plus brut dans sa façon d’être exécuté et toujours impeccablement cohérent. C’est d’ailleurs une des forces de cette galette qui réussit à ne pas s’égarer dans ce genre exigeant même s’il sera dur de se l’enfiler d’une traite, et que de nombreuses écoutes seront nécessaires pour bien mémoriser chaque passage, pattern et riffs divers. Sans s’étirer trop longtemps ce premier chapitre des Athéniens est une vraie et belle découverte qui mérite clairement qu’on y pose une oreille et une attention constante, tant on est happé de la première à la dernière seconde par ce déluge sonore et météorologique, au classicisme assumé de façon brillante. S’il manque encore un truc à l’entité pour passer un cap (sans doute un soupçon d’expérience et de prise de risque) elle dévoile un potentiel intéressant et qui va être clairement à suivre dans le futur si elle continue sur cette lancée, car on sent qu’elle a du potentiel pour aller plus haut (et presque titiller ses compatriotes reconnus à l’international). En espérant cependant que les changements récents de line-up (le chanteur ayant quitté l’aventure une fois ce disque mis en boîte) ne freineront pas cet enthousiasme et ces belles promesses qui ne demandent qu’à éclore un peu plus avec l’âge… c’est tout ce qu’on peut souhaiter pour l’avenir de la formation qui s’annonce sous les meilleurs auspices, si tout cela se confirme évidemment.
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