Ayant suscités un brin d’intérêt avec la sortie en décembre 2021 de leur première démo baptisée
Watching You Rot, les Américains de Dripping Decay ont souhaité naturellement poursuivre leur petit bout de chemin. Après avoir réglé un petit souci d’effectif suite au départ du bassiste Trevor Soule remplacé dans la foulée par un certain Jackson Jordan (ex-Conducting From The Grave), le groupe s’est donc attelé à la composition et à l’enregistrement de son premier album. Un disque paru en août 2023 sur les labels Satanik Royalty Records (Besotten, Dark Meditation, Funerelic...) et Old Shadows Records (structure brésilienne impliquée notamment dans la réédition d’albums cultes au format CD (Asphyx, Centinex, Disharmonic Orchestra, God Macabre, Pathologist...).
Intitulé
Festering Grotesqueries, ce premier jet longue-durée ne devrait pas manquer d’attirer le regard de tous ceux qui jusque-là seraient passés à côté de Dripping Decay. Il faut dire que cette illustration chamarrée a de quoi piquer la curiosité et pousser même le plus frileux à la découverte. Une oeuvre dégoulinante que l’on doit à un Finlandais du nom de Toni Hietomaa dont certains ont peut-être déjà pu apprécier le coup de crayon chez des groupes tels que Demilich, Cadaveric Incubator, Floridian Hippies, Pestigore, Morbific, Transgressor et j’en passe… Pour ce qui est de l’enregistrement, du mixage et du mastering, le groupe a choisi d’embaucher dans l’ordre Derek Leisy (Azoth, Vitriol…), Detto Vincent Detto (Caustic Wound, Cerebral Rot, Mortiferum, Sölicitör...) et l’infatigable Dan Lowndes que l’on ne présente plus... Des doigts experts pour une production carrée ne souffrant d’aucune critique.
Plutôt généreux sur le papier avec pas moins de quatorze titres proposés pour près de quarante minutes d’un Death Metal primitif et rétrograde,
Festering Grotesqueries va néanmoins réserver une bien mauvaise surprise à tous ceux qui ont déjà poncé en large et en travers l’excellente première démo des Américains. En effet, sur les sept titres que comptent
Watching You Rot, cinq sont ici repris (seuls manquent évidemment à l’appel "Prelude To Decomposition (Intro)" et "The Aftermath (Outro)"). Ajoutez-y une introduction et une conclusion (certes toutes les deux réussies) et vous vous retrouvez avec seulement sept nouveaux morceaux à vous caler sous la dent. Bon, ça reste au final pas trop mal même si forcément il y a de de quoi déchanter un petit peu... Heureusement, ces nouvelles compositions s’inscrivent dans la lignée de ces titres les plus anciens. Efficacité et homogénéité sont donc une fois de plus de mise tout au long de ces trente-sept minutes menées là encore le couteau entre les dents.
En effet, l’une des principales caractéristiques de ce
Festering Grotesqueries et plus généralement du Death Metal de Dripping Decay réside dans cette approche particulièrement frontale. Sans surprise, le groupe originaire de Portland exécute une fois de plus sa formule au rythme d‘une cadence toujours aussi soutenue. Cadence marquée notamment par de généreuses séances de blasts et autres salves de mitrailles simples mais ultra efficaces. Alors on va bien évidemment trouver quelques passages ou mêmes quelques titres lors desquels le groupe va préférer lever le pied comme par exemple sur
"Watching You Rot", "Chemical Lobotomy" ou bien encore la première et dernière parties de "Limitless Sacrifice" mais dans l’ensemble
Festering Grotesqueries est un premier album duquel transparait une urgence et une intensité pour le moins évidentes évoquant notamment des groupes comme Repulsion (pour les quelques élans les plus Punk comme par exemple sur "Autocannibal Ecstasy" ou "Dissolve Me") ou bien encore Exhumed pour son approche radicale et jusqu’au-boutiste (le Exhumed direct de
Gore Metal et
Slaughtercult).
Toujours aussi concis pour ne pas dire expéditif (rares sont en effet les titres de plus de trois minutes), Dripping Decay se distingue également par la qualité de ses riffs qui, à défaut d’être parmi les plus techniques et les plus novateurs qui soient, ont pour eux un côté à la fois primitif, immédiat et surtout terriblement efficace. De "Autocannibal Ecstasy" à "Abundant Cadaveric Waste" en passant par "Gut Muncher", "Dripping Decay" sans oublier non plus quelques tubes issus de
Watching You Rot réinterprétés et réenregistrés pour l’occasion (les excellents "Cremator", "Dissolve Me" et "Sadistic Excruciator"), difficile de ne pas se montrer une fois de plus très enthousiaste à l’égard de ce Death Metal sauvage aussi rudimentaire que jouissif auquel les Américains ont tout de même souhaité insuffler quelques touches mélodiques particulièrement bienvenues ("Barf Bag
", "Watching You Rot", "Cremator", "Dissolve Me", "Dripping Decay", "Chemical Lobotomy", "Limitless Sacrifice"...). Certes, la formule pourra paraître un brin rébarbative (surtout sur plus d’une demi heure) mais tout est ici suffisamment bien dosé et composé pour rendre l’ensemble une fois encore particulièrement plaisant malgré ses limites évidentes.
Attendu au tournant après une première démo des plus sympathiques, Dripping Decay ne déçoit pas grâce à un premier album rondement mené. On aurait évidemment préféré que le groupe ne nous ressorte pas l’intégralité des titres (exception faite de l’introduction et de la conclusion) qui composent justement
Watching You Rot mais bon, il faudrait faire la fine bouche pour ne pas prendre un minimum de plaisir à l’écoute de
Festering Grotesqueries. Et puis comment se planter lorsque l’on a pour soi le sens de la formule et celui de la formulation ? Bref, dans le genre défouloir, ce premier album de Dripping Decay rempli donc parfaitement son office. Et si jamais vous n’en aviez pas eu assez, sachez que la formation a d’ores et déjà récidivé à l’heure où je vous parle puisqu’un nouveau EP est effectivement paru en janvier dernier toujours chez Satanik Royalty Records (
Ripping Remains). Promis, on en reparle très vite...
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