Arborescence Of Wrath - Inferno
Chronique
Arborescence Of Wrath Inferno
Initialement, après avoir écouté l’album via le lien promotionnel en ayant simplement survolé rapidement la description rattachée, je pensais débuter cette chronique en vous présentant Arborescence Of Wrath comme sorti de nulle part, appuyé en cela par l’absence (jusqu’il y a quelques jours) de page dédiée au groupe sur la bible Metal Archives. Ce n’est qu’après plusieurs écoutes et une bonne grosse mandale dans la gueule que je me suis penché sur ce line-up que je pensais, naïvement, inconnu au bataillon pour me rendre compte de mon erreur. Fondé sur les cendres des excellents Monument Of Misantropy (ah ça ça me parle ! Miam ce « Anger Mismanagement »…) par Simon Schilling (actuel batteur de Marduk, ex-Belphegor, ex-Panzerchrist) et le guitariste Français Jean-Pierre Battesti (ex-Brutal Rebirth, ex-Addicted), le quintette est mené par un certain Jason Keyser (Origin, ex-Skinless, ex-Mucopus). S’y greffent quelques noms (certes moins prestigieux mais pas non plus des lapins de six semaines) à savoir Michel Beneventi (ex-Cliché Boys) et Charles Collette (ex-The Walking Dead Orchestra et ayant parfois tenu la basse en live pour Benighted). Bref sans faire du name dropping pour faire du name dropping il faut tout de même avouer qu’après y avoir regardé de plus près ce line-up a quand même de la gueule ! Maintenant on sait tous qu’un alignement de jolis noms ne fait pas forcément un bon album, il arrive toutefois que ce soit le cas heureusement.
Sorti sur l’excellent label Indien Transcending Obscurity qu’on ne présente désormais plus, « Inferno » est donc le premier effort de la formation internationale (ça vous étonne hein ?!). Avec de tels CV au compteur, un artwork (de Santiago Jaramillo) et un logo on ne peut plus lisibles, difficile d’anticiper un album transpirant la mélodie ou la subtilité, on se doute bien qu’on risque plutôt de se prendre un petit pavé dans la poire. C’est peu de chose de le dire, on est encore loin du compte. Cette première pierre à l’édifice d’Arborescence Of Wrath est une véritable branlée, une avalanche de brutalité sans concession (ou presque) durant quarante-deux minutes, dont vous ressortirez (si vous survivez) sur les rotules. Avec une entrée en matière aussi explicite que « Wrath » il serait de toute façon difficile de feindre l’étonnement, on sait tout de suite où on met les pieds. Un pilonnage en règle dans la face, du gros blast en-veux-tu-en-voilà, du grogrowl, bref une boucherie sans nom servie par une prod puissante, moderne certes mais qui ne franchit pas la ligne rouge du trop synthétique à mon goût. Après une mise en bouche d’une telle intensité, on imagine mal le groupe lever le pied ou s’aventurer dans des contrées autres et c’est le cas. « Inferno » ne s’adoucira qu’en de très brefs instants. Le parti pris ici est donc celui d’une brutalité exacerbée de tous les instants, orchestrée par une batterie marteau piqueur qui, même si elle propose quelques ralentissements ou breaks permettant d’éviter l’hémotympan, maintiendra une densité oppressante tout au long des huit compos. Certes le sieur Simon Schilling varie les plaisirs et les rythmiques mais tout en gardant une intensité qui rend sa prestation impressionnante. Pour être clair, si votre tolérance aux blasts a une certaine limite, il est fort probable qu’elle soit ici complètement violée. Le chant bien guttural, souvent doublé d’un cri d’écorché vif, ne fera qu’appuyer là où ça fait déjà (très) mal. On comprend tout à fait les affinités citées par le label, Hate Eternal, Krisiun, Hour Of Penance, Origin ou DeathFuckingCunt.
Heureusement, malgré toute la virulence dont la musique d’Arborescence Of Wrath fait preuve avec ce côté assez monolithique, l’ensemble évite de sonner trop hermétique ou foutraque grâce notamment à un riffing digeste qui ne sombre jamais dans le trop technique ou le trop opaque, gardant une certaine lisibilité bienvenue sans quoi le tout pourrait vite sonner complètement imbitable. Quelques solos viendront nuancer le propos et même si elles se font rares de petites percées mélodiques pointeront le bout de leur nez à deux ou trois reprises (« Carnage » à 1’56, « Hangman » à 1’18), donnant presqu’à ces passages des petits airs du Vital Remains de « Dechristianize » (pour ce qui est de « Carnage » en tout cas). L’album se clôture par une reprise survitaminée du « Into Everlasting Fire » d’Immolation qui ne plaira peut-être pas à tous les die hard fans des Américains (prod bien éloignée de l’originale, ajout de quelques blasts par ci par là, que voulez-vous on se refait pas…).
Hormis quelques rares moments de respiration (les débuts de « Relentless Infights » ou de « Repentance », l’intro piano et chant lyrique de « Holier Than You » ou cent secondes de calme dans un océan de brutalité) et bien qu’empruntant des sentiers déjà bien rebattus, « Inferno » réussit le pari d’une œuvre extrême et sans pitié, d’une intensité monstrueuse de la première à la dernière minute tout en restant intelligible. S’il n’est pas à mettre entre toutes les oreilles, ce premier album d’Arborescence Of Wrath est pour moi la grosse mandale de cette fin d’année et certainement l’un des albums de death metal de 2023.
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