Ossuary - Stellar Annihilation
Chronique
Ossuary Stellar Annihilation
Depuis sa signature chez Awakening Records et la sortie de l’excellent
« Addicted To Human Flesh » le combo d’Antioquia a clairement pris du galon, il faut dire que cet opus le montrait au meilleur de sa forme tout en le voyant enfin réussir à canaliser tout son potentiel déjà entrevu sur ses précédentes réalisations. Si cette dernière sortie en date voyait le quatuor offrir un Death Metal très classique aux accents légèrement rétro son successeur va lui faire faire un bond dans le passé encore plus important, tant son écriture comme sa production vont nous renvoyer directement aux origines du genre. Evoluant désormais sous la forme d’un trio (le chanteur-guitariste Andres Giraldo ayant mis les voiles) OSSUARY nous offre ici un quatrième album résolument primitif dans son exécution, vu que tout va être plus frontal et rudimentaire que tout ce qu’il a pu sortir par le passé. Pour cela il peut compter en prime sur un son rugueux et granuleux en totale cohérence avec le contenu ici proposé, et dont on peut se demander s’il ne s’est pas inspiré du « Sepulchral Trip » de ses compatriotes de CASKET GRINDER (qui eux aussi jouaient la carte de la nostalgie à outrance), dont les destins semblent être croisés. Cependant on ne tiendra pas rigueur de ce sentiment de plagiat/copinage vu que les gars confirment ici facilement la petite réputation qu’ils se sont faite au-delà de leur pays natal, tant cette galette a de nombreux arguments à faire valoir et passera ainsi facilement le cap des écoutes qu’elles soient attentives comme en mode défouloir.
En effet pas besoin de se triturer le cerveau pour se mettre dans l’ambiance proposée ici, qui va nous renvoyer directement dans des limbes inspirés par le mythique « Scream Bloody Gore » de DEATH... le tout avec un soupçon de MASSACRE et MASTER pour bien nous faire comprendre qu’on navigue en pleine vague américaine des 80’s et début 90’s, tout en étant porté comme pour le précédent long-format par des morceaux courts qui ne dépassent pas les quatre minutes. Et comme pour montrer qu’on va passer un excellent moment ultra-efficace la bande nous balance directement sa plage la plus longue via le redoutable et froid « Arrival » qui joue sur l’alternance et grand-écart permanent, où passages typiquement Doom et ceux plus rapides qui tabassent sec se mélangent en bonne intelligence sans jamais donner la sensation de se forcer. Glauque, primitive et portée par une énergie communicative la musique jouée ici réussit à être tout de suite addictive malgré sa simplicité de façade, et donne ainsi instantanément l’envie de tout envoyer valdinguer. Dès ce premier titre en tout cas on se rend compte que même si ça reste dans la droite ligne de ce qu’ils proposaient jusqu’à il y’a peu les colombiens ont profité de ce changement de personnel pour faire quelque chose de plus instinctif et techniquement plus dépouillé... aidé en cela par un chant plus caverneux qui sied totalement à cette ambiance glaciale et obscure. D’ailleurs en plus de cela ce qui va être un autre point fort de ce nouveau cru est sa capacité à garder son dynamisme et donner l’envie instantanément de secouer la tête comme de partir au combat, via quelques plans épiques du meilleur effet qui vont émerger ici et là (comme sur les redoutables et remuants « Temporary Vitrification » et « Contact »), ou avec du mid-tempo brise-nuques imposant au milieu des excès de vitesse (le monstrueux et imparable « Deadly Immolations »).
Et même quand ces choses-là se font plus discrètes l’accroche reste toujours permanente comme les rudimentaires et explosifs « Demons Of The Universe », « Chaos Awakening » et « New Alliance » où ça ne ralentit jamais la cadence, histoire de montrer la qualité de l’écriture même plus dépouillée et menée sur un rythme d’enfer où le tabassage est roi, sur fond de hurlements inquiétants et guitares désarticulées portés par une batterie au son naturel qui agit tels des tambours occultes. Si les impeccables et réussis « I'm An Experiment » et « Chants » vont montrer une facette plus classique de par l’habituel grand-écart et alternance régulière, ils ont eux aussi toute leur place au sein d’un enregistrement qui ne dépareillera pas parmi les plus anciens tant il s’agglomère parfaitement à une discographie qui ne cesse de se bonifier avec l’expérience de ses membres. Car si l’on a pu croire au départ à un retour en arrière voire une régression musicale les doutes se sont très rapidement estompés tant on se laisse aisément porter dans cette tempête tonitruante et tourbillonnante, menée à une allure folle et sans temps-mort ou moments de faiblesse. Du coup on ne peut que saluer cette petite prise de risques qui se révèle être une totale réussite, et ce malgré un légitime sentiment d’écriture et construction identique et interchangeable à la longue... mais qui n’est finalement pas si rédhibitoire que ça tant on est happé directement de la première à la dernière seconde. Simple, direct, sans concessions et rendant hommage à un style qui continue d’inspirer malgré son âge ce « Stellar Annihilation » a tout ce qu’il faut pour plaire au plus grand-nombre et finir d’imposer la Colombie comme un des pays qui compte au sein de la scène sud-américaine, bien calé en embuscade derrière les éternels et brutaux voisins brésiliens et les vigoureux chiliens.
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