Exocrine - Legend
Chronique
Exocrine Legend
Désormais métronomique dans ses sorties et ayant enfin trouvé au poste de batteur la stabilité qui lui a tant manqué durant ses débuts, le combo de Nouvelle-Aquitaine continue sur sa lancée sans rien changer à sa musique toujours aussi synthétique et bourrative mais qui lui a amené une certaine réputation au sein de la scène hexagonale, voire même internationale dans une moindre mesure. S’il était signé depuis 2018 chez les Américains d’Unique Leader (chez qui trois albums ont été publiés) le quatuor a décidé de revenir au sein de notre beau pays, et c’est ainsi tout naturellement que Season Of Mist lui a mis la main dessus afin de publier ce sixième opus qui ne va nullement dépareiller par rapport aux précédents. Pourtant il faut croire que d’avoir quitté le giron du label californien a été bénéfique pour l’entité car aussi curieux que cela puisse paraître on va être surpris positivement de ce nouveau chapitre, qui retrouve un certain côté naturel tant les excès synthétiques dégueulasses ont été clairement réduits... ce dont personne ne se plaindra. Alors oui on a encore droit à ce méli-mélo musical aux accents plastiques mais tout y est nettement plus digeste... tout en offrant une mélodie un peu plus importante également, tout cela faisant de ce long-format sans doute le meilleur de ses auteurs depuis
« Molten Giant ».
Sans retrouver totalement ce qui faisait son charme sur
« Unreal Existence » et
« Ascension » on est quand même ravi de réentendre une vraie musique profonde et animée, point qui va apparaitre directement sur le sympathique et classique « Presage/Legend » où toute la palette technique va être dévoilée d’entrée. Si tout ça sonne très balisé force est de reconnaître que l’écoute est assez agréable tant le grand-écart est bien exécuté et les nappes de claviers discrètes et efficaces... ce qui sera aussi le cas de « Life » assez accessible et particulièrement dynamique, où ça trouve le moyen d’être efficace sur les passages syncopés comme lumineux. D’ailleurs cette ambiance solaire va encore monter en pression sur le sobre et impeccable « Eidolon » où elle va amener une accalmie bienvenue au milieu de cette tempête de violence, où les blasts et autres éléments lourds prennent une place importante... offrant ainsi une plage où toutes les émotions sont disponibles et clôturant ainsi un premier tiers particulièrement agréable, certes très calibré mais qui s’assimile relativement facilement. Si la seconde partie de ce disque va revenir vers ce que pratiquait la bande ces dernières années, en revanche il faut avouer que tout cela est mieux fait, moins aventureux et plus souple pour l’accroche auditive comme via l’équilibré « The Altar Of War » qui balance tout le panel d’influences de celle-ci avec facilité et une relative simplicité en gardant sa ligne de conduite bien tracée. Montant clairement d’un cran avec « Dust In The Naught » qui flirte presque vers le Progressif, les mecs nous sortent ici des accents éthérés plus marqués et planants juste ce qu’il faut... notamment via un solo atmosphérique de toute beauté (et comme d’habitude les leads sont absolument délicieux de bout en bout), montrant ainsi une alternance entre noirceur et luminosité où les cassures rythmiques sont nombreuses. Poussant l’expérience plus loin encore sur le classique mais légèrement bordélique « Warlock » (qui part un peu dans tous les sens sans que l’on se perde cependant en cours de route) qui est un peu la fin de la quintessence de cet enregistrement proposé ici, car la dernière partie va baisser un peu en intérêt.
Car le groupe semble en effet vouloir nous dire qu’il n’a pas totalement renoncé à certaines de ses excentricités sonores, et il suffit de se mettre dans les oreilles « Dragon » pour en être totalement convaincu vu qu’on va retrouver cette espèce de bouillie informe et sans âme qui pourtant va mieux passer qu’auparavant. Si on ne s’habitue jamais à ce genre de chose force est de reconnaître que le modernisme y est quand même mieux produit et s’agglomère plus facilement dans le rendu général, offrant ainsi un morceau équilibré relativement efficace à défaut d’être marquant. Et on pourra dire aussi cela de « The Oath » franchement pataud voire balourd sur certains plans vu que ça retombe dans certains travers récents, et même si c’est moins insupportable que dans un passé proche on a vite envie de zapper vers autre chose tant on reste relativement indifférent à cette vision tellement grise du monde... et ce malgré une relative cohérence. Heureusement cette baisse de régime sera finalement le seul écueil de cette galette, vu que le long mais attractif « By The Light Of The Pyre » permet d’équilibrer les débats en remettant les deux époques des bordelais sur le devant de la scène avec une certaine maîtrise et sobriété. Tout cela avant que « Cryogenisation » ne vienne finir les hostilités en misant sur une lenteur plus active et des accents contemplatifs plus élaborés au niveau des parties de guitare soliste, qui réussit à emmener l’auditeur très loin à travers la froideur sidérale et le paradis blanc.
Du coup malgré ses imperfections et un décrochage régulier au fur et à mesure que l’on en termine de l’écoute on est obligé d’admettre qu’on est en présence d’un rendu intéressant et réussi, qui permet aux sudistes de remonter la pente tout en espérant retrouver de l’intérêt auprès du plus grand nombre. S’il va falloir comme toujours du temps et de la patience pour tout assimiler... tant il y’a un nombre impressionnant de notes et patterns divers, en revanche cela sera néanmoins plus rapide et évident qu’il y’a encore peu, et c’est tant mieux vu qu’il n’y a pas besoin d’en faire des tonnes pour être efficace. Comme quoi un sursaut est toujours possible et cela est franchement plaisant, à voir si maintenant celui-ci sera durable dans le temps ou au contraire un simple coup d’épée dans l’eau... avant de repartir dans des limbes de branlette technique insupportable et d’où rien ne dépasse du côté de la vitalité. En attendant on se contentera volontiers de cela sans à-priori réducteurs tout en appréciant de façon quand même accrocheuse cette légende bien en place qui contentera facilement les fans des girondins, bien décidés à se refaire un nom dans leur nation et de reprendre les échelons qualitatifs un par un pour regagner une certaine crédibilité. Cela est en bonne voie ici tant il y’a des arguments pour plaire, même s’il faudra faire plus que ça pour marquer durablement les esprits et cette année 2023 décidemment riche en (re)découvertes et nouveautés de haut-niveau.
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