A l'instar du Covid-19 qui a touché nombre de personnes il existe également le syndrome Unique Leader, qui s'il n'est pas encore reconnu par l'Oms a également la fâcheuse tendance à contaminer les groupes de son catalogue, les transformant souvent de noms intéressants et à suivre vers ceux à fuir totalement. Parmi les exemples les plus flagrants on peut citer nos locaux d'EXOCRINE qui après deux premiers opus intéressants chez Great Dane, avaient fait le grand saut en partant outre-Atlantique afin de bénéficier d'une meilleure promotion au niveau international, au détriment de leur style si personnel. Car c'est peu de dire que
« Molten Giant » a divisé lors de sa sortie il y'a presque deux ans de cela, en effet si l'on reconnaissait sans peine les solos magnifiques de Sylvain Octor-Perez ainsi les plans légèrement progressifs, pour le reste ça se contentait de tabasser dans le vide, la faute à un manque chronique d'inspiration et à une production plastique et synthétique sans âme. Autant dire qu'on n'attendait pas grand-chose de ce quatrième opus des Bordelais (qui ont encore une fois changé de batteur), et malheureusement bien que le nouveau venu fasse un boulot de titan derrière son kit le résultat est encore plus insipide que précédemment, tant il n'y a hélas pratiquement rien à sauver malgré une qualité technique toujours aussi impressionnante et des leads là-encore très travaillés (mais paradoxalement moins en réussite).
Car aujourd'hui on peut légitimement affirmer que le style originel des gars est définitivement mort et enterré, même s'ils incorporent encore quelques éléments que l'on n'aurait pu entendre à l'époque de
« Unreal Existence », mais qui vont se faire bien trop rares et tomber surtout comme un cheveu sur la soupe. En attendant de voir ces détails apparaître le démarrage de cette galette s'effectue sur les chapeaux de roue et montre déjà des limites et erreurs de trajectoires diverses, en effet « Maelstrom » va directement dévoiler un récital du plus mauvais goût. Alternant entre blasts intensifs, cassures techniques à tout bout de champ et patterns écrasants des plus classiques, c'est surtout l'apparition de cette voix claire en arrière-plan qui va être le début de la fin de cette plage, vu que cela n'amène rien... et encore cela reste potable car c'est sans compter sur break électronique absolument indigeste qui renforce ainsi cette sensation de gloubiboulga dégueulasse. Heureusement que le soliste sort de sa réserve et permet ainsi de faire respirer l'ensemble, sinon il est évident qu'on aurait été pris de hauts de coeur en permanence, mais à cet instant là on ne se doutait pas que les choses allaient s'empirer pourtant c'est bien ce qui se passe sur l'indigeste « The Kraken ». Il était dit que rien ne serait épargné à l'auditeur, et dès la deuxième composition c'est ce qui arrive, tant ici au milieu des riffs et plans génériques (où la vitesse joue la diversité) c'est la venue de ces nappes de claviers électroniques affreuses qui finissent d'enterrer les quelques espoirs de renouveau. On se demande bien ce qu'elles viennent foutre ici, hormis renforcer l'herméticité de cet album qui n'avait pas besoin de ça pour être déjà en bonne place parmi les ratages de l'année, sentiment qui ne va faire que s'accentuer jusqu'à l'ultime morceau.
Pourtant à partir de « Wall Of Water » une (bonne) surprise va apparaître en guise d'outro (après des riffs syncopés pas dégueulasses mais trop basiques pour captiver sur la durée), où l'on va entendre de la trompette sur fond d'ambiance jazzy et de bruits de vagues apaisants. Si l'on se demande pourquoi les mecs ont décidé d'en mettre sur ce long-format il faut reconnaître néanmoins le boulot effectué par l'instrumentiste dont le souffle et le feeling font presque penser à un bord de plage en fin de journée, en train de siroter un cocktail des plus fruités. Si cet instant détente sera absent de l'infâme « Abyssal Flesh » (où le délire synthétique atteint des sommets) tout comme sur le plus lent et passe-partout « Orbital Station », il va faire son retour remarqué dès les premières secondes de l'ennuyeux « The Wreck » ainsi que sur le barré et halluciné « Galactic Gods ». Sur ce dernier outre un démarrage au piano étonnant on pourrait croire que Maurice André s'est invité pour jouer tant son instrument fétiche y est mis en avant, et heureusement d'ailleurs car pour le reste on ne retient rien du tout tant ça frappe fort dans le néant, sans passion ni finesse.
Du coup à l'instar de son prédécesseur aucun titre ne se dégage du lot au milieu de cet océan d'ennui, qui frôle la catastrophe absolue, et prouve là-encore qu'à vouloir jouer la surenchère technique bourrée d'effets divers, la musique finit par y perdre son âme et son groove. D'ailleurs l'autre ressenti flagrant est cette impression que ce long-format dure une plombe (les quarante-deux minutes semblent ne jamais vouloir se terminer). Bref le charme initial du combo est définitivement évaporé, celui-ci sonnant désormais comme quasiment toutes les signatures de son label, qui obtiennent une visibilité plus importante au détriment de la qualité et de l'intérêt des fans, qui s'en iront écouter autre chose de plus naturel et de plus facile à digérer. Dommage en tout cas que les Girondins se soient fourvoyés dans cette musique pompeuse et prétentieuse, d'où ils auront dorénavant toutes les peines du monde à s'échapper s'ils veulent se refaire une virginité musicale, celle-ci au mieux prendra probablement énormément de temps, voire au pire ne reviendra jamais. Du coup il est légitime de ressentir un sentiment de gâchis tant en son temps (pas si lointain) le quartet avait les armes pour rivaliser avec les meilleurs musiciens de l'hexagone, et même au-delà des frontières... mais ça c'était avant !
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo