Si GOROD est incontestablement le porte-drapeau du Death technique Bordelais il n’est désormais plus seul dans la ville Girondine, car avec plus d’une décennie au compteur et une notoriété qui n’est plus à démontrer la formation menée par Mathieu Pascal et Benoit Claus a fait des émules. En effet bien que peu connu encore EXOCRINE continue sur la voie tracée par son illustre ainé, tout en faisant preuve d’une plus grande maturité artistique après son premier essai
« Unreal Existence » sorti en 2015, qui laissait entrevoir de belles promesses. Celles-ci sont au rendez-vous avec ce nouvel opus qui conjugue à la fois un niveau technique relevé, un concept cohérent et beaucoup de mélodie, car le quartet s’est inspiré des récits bibliques (l’exode, l’ascension et la renaissance) pour faire un triptyque chronologique et étonnant, où se mêle de légers sons électroniques et du piano.
Du coup avec tout cela il ne faut pas s’étonner que ce disque surprenne, interpelle voire même déroute de prime abord, et du coup l’ensemble va demander une attention de tous les instants pour saisir chaque subtilité, ainsi qu’un nombre d’écoutes conséquent pour tout assimiler, car avec « Terra » on est directement plongé dans une déferlante de blasts, de cassures, de ralentissements et d’accélérations propres au genre, avec une construction classique et une technicité haute mais pas écoeurante. Pourtant ce qui marque dès le départ c’est la production qui va finir par gâcher la qualité des morceaux, celle-ci manque franchement de puissance et le chant finit par en pâtir et par se perdre dans le mixage, mais surtout le jeu de haute volée d’Antoine Fourré derrière sa batterie (qui a quitté le groupe dernièrement) n’est pas mis en valeur. Ses différents fûts sonnent terriblement plastique et synthétique, et rendent l’écoute difficile tant on se croirait presque chez Unique Leader, ce qui est dommage au vu de la palette de jeu et de son énergie déployée pour être raccord avec ses collègues. Cependant le quatuor a eu l’excellente idée de ne pas étirer au maximum ses compositions, aucune ne dépasse les cinq minutes et cela permet justement d’éviter le trop-plein et la lassitude, d’ailleurs on remarque cela avec la première partie (« Chapter I : Exode ») où après « Alpha » très classique, vient « The Fall » plus direct et rentre-dedans mais qui ne cède pas à la facilité, à l’instar de l’excellent et varié « Cryogenisation » qui nous montre une facette différente et réussie. Car après un démarrage lourd et presque Hardcore la suite sera presque groovy et planante via les parties solos de Sylvain Octor-Perez qui réalisera un sans-faute durant les quarante minutes totales, et dont l’apport sera déterminant, puisque sans ses nombreuses interventions il y’aurait eu une grosse perte d’intérêt. L’arrivée de « Chapter II : The Ascension » montre une homogénéité grandissante, d’abord avec « Eternal Solitude » tout en variations, suivi de « Amber » qui montre une facette plus douce et aérienne, car là le piano se fait entendre et s’accorde parfaitement avec les parties plus lentes et mélodieuses voulues par les gars. Enfin « The Hive » continue dans cette veine plus froide et synthétique et montre qu’ils savent aussi lever le pied et garder leur cohérence sans tomber dans le kitch ou le larmoyant. « Chapter III : Rebirth » démarre quant à lui par un petit interlude au clavier où les notes légèrement électroniques retentissent dans l’air avant un « Garden Of Flesh » remuant et convaincant, et « Empyre » qui clôt les débats de belle manière en se différenciant du reste vu qu’il mélange brutalité et lenteur de manière plus extrême et plus nette.
Malgré un thème général plutôt risqué le groupe s’en sort avec beaucoup d’intelligence et de maîtrise, où chacun des membres sort une très belle prestation que ce soit le batteur fin et puissant, le chant précis et qui n’en fait pas trop, la rythmique carrée et impeccable, et enfin les nombreuses parties lead splendides qui font que celui-ci se démarque des autres au style moins éthéré. Avec ce très bon disque nul doute que les Girondins vont gagner en notoriété, tant leurs morceaux sont véritablement taillés pour la scène où ils prendront leur vraie ampleur et puissance, contrairement aux versions studio où l’oreille et l’intérêt de l’auditeur peuvent être mis à mal par ce son un peu défaillant, qui aurait sans doute mérité plus de naturel et moins de modernité.
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