Virvum - Illuminance
Chronique
Virvum Illuminance
Alors que la fin d’année approche doucement et que l’éternelle échéance du choix des albums marquants de 2016 se précise, une chose au moins est sûre pour moi « Illuminance » figurera parmi les tout meilleurs albums et s’il ne devait en rester qu’un pour le titre d’album de l’année ce serait probablement lui. Et pourtant dieu sait qu’on le l’avait pas vraiment vu venir celui-là ! Car avec seulement deux singles à son actif (sortis en 2013 et 2015 et dont aucun titre n’est d’ailleurs repris ici, ce qui est à souligner pour un premier album) Virvum fait figure de surprise totale. Jamais avant de poser mes oreilles sur les extraits proposés pour nous mettre l’eau à la bouche je n’avais ouï dire de ces jeunes Suisses actif pourtant depuis bientôt dix ans si l’on en croit un Metal Archives qui a d’ailleurs (et c’est bien assez rare pour être souligné !) lui aussi sacrément tardé à leur consacrer une page. La claque fut donc d’autant plus grande lorsque le premier extrait rebondit sur mes tympans laissant présager quelque chose de très bon mais ce n’est que lors de la publication du titre éponyme que j’ai pu mesurer le talent de composition du quintette et espérer un premier effort de grande volée. Je n’en attendais pas tant.
Essayons d’expliciter les choses simplement, Virvum officiant dans un style ayant connu un engouement certain ces dernières années. Pourquoi devez-vous vous jeter sur « Illuminance » ? Pour éclaircir les choses commençons par souligner l’extrême variété se déployant tout au long de ces huit titres car, s’il faut bien cataloguer un minimum les choses, nos Helvètes ne négligent aucun aspect de leur musique, le plus frontal comme le plus mélodique et c’est bien là l’une des grandes forces d’un « Illuminance » qui ne cessera d’alterner grosses mandales blastées dans ta face et douces caresses mélodiques. Si c’est le côté purement frontal des choses qui vous intéresse, vous serez servi tant Diego Morenzoni vous rétamera les tympans à grands coup de blasts surpuissants (voire de gravity blasts sur le titre éponyme) sur des riffs gardant toujours un soupçon de mélodie mais n’entachant absolument pas l’effet dévastateur de l’ensemble (vous vous en rendrez compte de toute façon dès les premières secondes de « The Cypher Supreme » qui démarre pied au plancher et vous me donnerez de vos nouvelles lorsque vous vous serez mangé le début de « Tentacles Of The Sun » dans les dents !), le tout bien appuyé par le growl puissant de Bryan Berger même si le bonhomme s’accordera régulièrement quelques écarts plus éructés et que le rendu semble un poil moins guttural que sur le single « Internal Howl ». Si ce sont plutôt les velléités technico-mélodiques qui vous électrisent alors vous serez plus que ravis tant le travail effectué ici par Nicola Gruhn et Gorftoby Koelman est juste magistral. Si le niveau technique intrinsèque ne dépasse pas la moyenne d’un style déjà reconnu pour son exigence qualitative (attention je ne dis absolument pas qu’on à affaire à des manchots hein, mais Virvum ne joue pas les First Fragment ou Spawn Of Possession et c’est tant mieux), c’est par le talent de composition que la paire de six-cordistes vous éblouira. Riffing technique et envolées mélodiques se marient ici pour le meilleur dans un tourbillon technico-mélodique de très haute volée où les leads aériennes les disputent aux contrepoints et aux duels solistes les plus lumineux. Et si certaines d’entre-elles ne seront pas sans vous rappeler nos frenchies de Gorod (notamment sur « Ad Rigorem », « Tentacles Of The Sun » ou « Elemental Shift ») elles auront cette même qualité, une fois digérées, de ne plus quitter votre esprit tant elles peuvent être entêtantes (le début de « The Cypher Supreme », celui de « Tentacles Of The Sun » et de presque tous les titres de toute façon…) voire épique (« II : A Final Warming Shine : Ascension and Trespassing »). Cette trame mélodico-technique continue constitue réellement l’ossature d’ « Illuminance » autour de laquelle gravite tout le reste, et lorsque les fondations sont aussi solides, difficile d’enfanter autre chose qu’un album en béton armé, renforcé en cela par une production certes moderne mais extrêmement claire (quel bonheur de son de guitare si pur !) et puissante sans être synthétique.
Pour couronner le tout Virvum a également soigné tout le reste, les huit titres baignant dans une ambiance lumineuse quasi solaire par moment, les mélodies de guitare en étant évidemment les premières responsables mais l’on notera également ces touches de claviers (rappelant presque Sadist sur « Earthwork ») venant épaissir cette atmosphère (« Earthwork », « Illuminance », « II : A Final Warming Shine : Ascension and Trespassing ») et tapisser en fond cet album, lui apportant l’épaisseur non suffisante mais indispensable pour affronter les épreuves du temps. Et à ce sujet aucune inquiétude, le soufflé ne retombera pas de sitôt, je puis vous le confirmer du haut de la bonne trentaine voire quarantaine d’écoutes qui n’ont fait qu’accroitre son effet. Apportant un soin particulier à tous les aspects de leur musique, les Suisses nous réservent aussi quelques accalmies en la présence de breaks tantôt plus aériens (« Illuminance » à 3’28 accompagné de cette batterie toute en finesse et en retenue là où d’autres auraient été tentés d’en tartiner partout) tantôt sur un versant plus moderne aux accents lourds et saccadés (« The Cypher Supreme » à 2’00, « Illuminance » à 4’43, « II : A Final Warming Shine : Ascension and Trespassing » à 5’10) sans toutefois tomber dans le deathcore (tout reste baigné de mélodies et évite le monocorde). On notera même ce petit passage tirant vers le black sur « Ad Rigorem » à 1’58.
Ce qui terminera d’asseoir « Illuminance » comme un album complet et rond, une fois tous ces éléments mis bout à bout, c’est son extraordinaire cohérence : musicale (malgré la diversité du propos), rythmique (malgré les changements de rythmes incessants), c’est peu dire que l’album s’enfile d’une traite tant il n’accuse aucune solution de continuité, certains titres s’enchainant tellement naturellement qu’il vous faudra aux premières écoutes le jugement de l’affichage de votre lecteur pour repérer le changement de piste (notamment pour les quatre premières). Si l’album ne souffre à proprement parler d’aucun temps mort et que chaque titre mériterait presque à lui seul l’achat de l’objet (allez je mettrais peut-être « Elemental Shift » un poil de couille en dessous du reste sous la torture), je me devais d’évoquer brièvement au moins ce titre éponyme absolument divin, magistrale pièce de neuf minutes regroupant tout ce qui fait Virvum, porté à son apogée : intro en arpège soutenue par ces discrets claviers, montée en puissance vers l’explosion riffique sur ce blast dévastateur, ce petit gimmick génial à 2’55 et 6’40, cette accalmie mélodique à 3’28 accompagnée par batterie tout en retenue, ce break plus lourd mais toujours imprégné de mélodie à 4’43, cette éclaircie aérienne à 7’15 avant ce final faisant office d’intro pour « Ad Rigorem ». Du pur bonheur !
Rarement un album aura aussi bien porté son nom tant il illumine, rayonne voire éblouit. Même si certaines influences sont palpables (Gorod, Cynic voire le Deeds Of Flesh récent), Virvum accouche ici d’un album à l’identité lumineuse associant à merveille brutalité, technique, mélodie et ambiance, le tout avec une maitrise et une science de la composition proprement bluffantes (même le chant ici sait se faire attendre pour venir ne se placer qu’au moment opportun). Tout au plus pourrait-on regretter une basse qui aurait pu se montrer plus aventureuse encore (est-ce l’effet ‘’bassiste de session’’ ?) car quel régal lorsqu’elle se laisse aller (« The Cypher Supreme » à 1’00, « Tentacles Of The Sun » à 1’00 également), le style pratiqué s’y prêtant totalement. « Illuminance » est de la dentelle pour les oreilles, presqu’épuré, du death metal qui à l’instar de sa magnifique pochette vous fait rêver violet.
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo