Endemic - The Church Of Destruction
Chronique
Endemic The Church Of Destruction
Si on dit que c’est souvent le collectif qui est à la base de la réussite d’un groupe plutôt qu’une addition d’individualités, il existe des cas étonnants sur lesquels il faut se pencher à l’instar d’ENDEMIC qui nous propose ici une situation étonnante et incongrue où l’on retrouve exactement les mêmes membres que DEIMLER... pour un rendu musical totalement à l’opposé entre les deux. En effet si ce dernier nom n’a franchement rien de mémorable et d’intéressant à proposer (tant musicalement ça sonne bancal et déséquilibré), au contraire sous cette autre entité les mecs signent un premier jet absolument redoutable avec un disque totalement rétro dans l’esprit et rempli d’influences sympathiques où ça sent le old-school à mort. Si évidemment on va retrouver des inspirations proches de MASTER, DEATH, OBITUARY ou encore AUTOPSY... les ibères vont aussi nous gratifier de quelques relents musicaux dignes de VOMITORY, SADISTIC INTENT, et même INCANTATION. Autant dire que sur le papier tout cela a de la gueule et il faut reconnaître qu’on ne va pas être déçu du voyage, vu que pendant trente-six minutes les espagnols vont livrer neuf morceaux à l’écriture simplissime mais à l’entrain communicatif... où envie d’en découdre et de se vider la tête arrivent instantanément, et sans jamais disparaître en cours de route. Pas de chichis techniques ni durées à rallonge ici, seul le dynamisme et la noirceur semblent compter... et de ce côté-là c'est du tout bon tant cette église de la destruction se place d’emblée parmi les meilleures réalisations de ce début d’année 2024.
Difficile en effet de résister au groove communicatif porté par un frappeur particulièrement dynamique et qui n’hésite pas à jouer sur les bons vieux roulements, idéal donc pour ajouter un supplément rétro à un opus qui n’en manque pourtant pas à l’instar du très bon « Endemic Aberration ». Nulle trace ici d’intro ou d’outro inutile, les trois compères misant sur l’efficacité permanente et ce démarrage va donner le ton de ce que vont être l’ensemble des titres ici présents, vu qu’ils proposent une alternance régulière entre blasts dévastateurs et parties lentes bien lourdes et opaques d’où nulle trace de lumière n’apparaît. Tout ça avec en prime quelques accélérations bien senties au milieu de riffs très simples mais grassouillets comme il faut où les voix caverneuses comme criardes se succèdent régulièrement, avec une vraie attractivité et furia sonore. On pourra dire cela de la suite composée des groovesques et impeccables « Lucifer’s Corpse » et « Expelled From Myself » qui sortent là-encore tout le panel rythmique sans en faire des tonnes, mais en proposant cependant une vision plus massive et sombre de la musique du combo qui ne prend néanmoins aucun risque majeur tant ça reste balisé et oppressant. Poussé par le monstrueux « Nailed Face Down » (où tout passe en revue de manière encore plus inspirée que précédemment) cette galette va se maintenir au même niveau jusqu’à sa conclusion, sans pour autant montrer quelconque trace d’ennui ou de décrochage… et ce bien que la construction se fasse assez similaire à la longue voire même franchement prévisible. Si l’équilibré « Warhammer Dogs » va pousser plus loin le côté glauque et putride, que ce soit avec « Their Bodies Blessed By God » ou « Obeys The Lazarus Blindly » le ressenti d’interchangeabilité va montrer toute sa présence, sans pour autant nuire au rendu global qui se montre réussi et varié tout en faisant preuve d’une écriture encore plus directe et primitive.
D’ailleurs cela va atteindre son paroxysme sur le furibard « Unconsecrated » qui ne ralentit jamais l’allure, préférant garder le pied sur la pédale d’accélérateur pour mieux montrer ses influences Punk autant que floridiennes de l’époque du mythique Morrisound Studios. Bref on aura compris qu’il n’y a absolument aucune surprise comme de technicité outrancière mais est-ce qu’on attendait autre chose finalement ? Il y’a fort à parier que l’on y réponde par la négative vu qu’entre la pochette (magnifique au demeurant et signée du mexicain Julian Felipe Mora Ibañez) et la production chaude et dégoulinante typiquement Scott Burns, on sait parfaitement où l’on met les pieds et c’est amplement suffisant tant ici tout y est exécuté de fort belle manière et avec un vrai savoir-faire. Si on pinaillera logiquement sur ce côté interchangeable et répétitif cela ne nuira pas au bon ressenti initial, tant on est happé de suite par cette ambiance nocturne et la furie qui s’en dégage et cela se révèle parfait pour se vider la tête et être ainsi un parfait défouloir sans prétentions, mais qui fait mal aux cervicales même les plus résistantes. Si tout cela ne passera pas l’épreuve du temps il y’a néanmoins de quoi s’occuper un bon moment, preuve une fois encore de la qualité des signatures d’Awakening Records qui sans faire de bruit s’impose de plus en plus comme un des meilleurs labels en matière de Death et de Thrash à l’ancienne… et ce quelles que soient les nouveautés proposées sur son catalogue qui se maintiennent toutes relativement au même niveau, comme c’est le cas des trois acolytes ici présents.
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