Suicidal Angels - Profane Prayer
Chronique
Suicidal Angels Profane Prayer
S’il y’a des groupes qui provoquent régulièrement une certaine frustration celui mené par Nick Melissourgos peut facilement faire partie de cette liste, tant il est capable d’offrir d’excellents moments mais qui sont malheureusement contrebalancés par d’autres nettement plus quelconques voire même ratés. Pourtant à l’origine on avait de quoi être optimiste tant ses trois premiers albums étaient franchement réussis avant qu’ensuite les choses ne commencent à s’enrayer... car entre une baisse d’inspiration de plus en plus marquée, des mouvements réguliers de personnel et des disques de plus en plus longs sans raison apparente, il n’y avait plus vraiment de raison pour s’enflammer. Il est vrai que depuis le très bon
« Dead Again » les motifs de satisfaction se sont faits très rares (même si « Division Of Blood » avait quelques hymnes imparables), et cela a continué jusqu’au très moyen « Years Of Aggression » aux accents mélodiques trop prononcés, et qui avaient parfois du mal à s’intégrer à la structure générale des compositions. Si le quatuor avait réduit la durée de cet opus en revanche on s’est immédiatement aperçu qu’il n’était pas si facile que ça de se la jouer KREATOR période « Outcast » et « Endorama, et de fait on n’a donc pas été surpris qu’il lui ait fallu presque cinq ans (un record dans sa carrière) pour pondre ce nouveau long-format, dont on se demandait s’il allait continuer dans cette voie ou revenir aux fondamentaux.
Et finalement ce qu’on peut dire c’est qu’il joue ici sur les deux tableaux et que cela ne va pas se faire sans heurts, tant on avait déjà remarqué que quand il complexifie son propos les choses sont plus difficiles à être cohérentes et surtout à être digérées par les gars comme les auditeurs. En effet il va falloir se farcir les huit minutes interminables de « Deathstalker » (où Sakis Tolis de ROTTING CHRIST et d’autres invités locaux viennent pousser la chansonnette derrière le micro) où les ambiances lumineuses, acoustiques et éthérées sonnent de façon trop surfaites en tombant comme un cheveu sur la soupe, pour un titre qui manque franchement de couilles et sonne clairement bancal et inintéressant. Cela sera également le cas de « The Fire Paths Of Fate » au chant féminin apaisant (entre celui des sirènes et quelques accents arabisants orientaux) qui se mêle à des passages tribaux ou encore un piano désaccordé, tout ça avant quelques plans plus classiques mais au rendu là-encore inégal et où il est compliqué de trouver quelque chose à s’accrocher... confirmant définitivement que les hellènes feraient mieux de rester sur un versant classique et sans fioritures qui leur sied parfaitement.
Car sans offrir un visage transcendant et indispensable le reste des compositions de cette galette sont d’un tonneau nettement plus convaincant (si l’on excepte également l’indigeste et lourd « Crypts Of Madness » qui s’embourbe à cause d’un criant manque d’idées), que ce soit l’ouverture efficace et variée intitulée « When The Lions Die » ou le grand-écart simple et direct de « Purified By Fire » bien calé entre violence primaire et lourdeur intense. D’ailleurs à partir du dynamique et remuant « Profane Prayer » (excellent d’ailleurs !) l’intensité et l’accroche vont aller crescendo, et en premier lieu sur le Heavy « The Return Of The Reaper » hyper accrocheur et qui reste bien calé en continu sur du mid-tempo imposant et propice au headbanging, notamment via un riffing précis et aiguisé. Et histoire de continuer sur cette bonne lancée « Guard Of The Insane » va mettre en avant le côté groovy de l’entité où l’entrain communicatif passe comme une lettre à la poste, avant que le débridé et burné « Virtues Of Destruction » ne retentisse et fasse de suite un carton de par sa radicalité et son côté primitif qui fait corps avec ce que proposait la bande à ses débuts. Du coup à vouloir être le cul entre deux chaises celle-ci va devoir faire un choix tôt ou tard entre mélodie plaintive ou explosivité frontale, même s’il y’a tout à parier qu’elle n’y parviendra pas dans le futur... et que de fait elle va continuer à nous livrer des enregistrements agréables et sincères, mais qui manquent cruellement d’homogénéité. Restant ainsi calibré pour les premières parties SUICIDAL ANGELS continue à vivoter loin du niveau des vétérans allemands et américains, sans pour autant se remettre réellement en question et il fait ainsi peu de doutes que sa prochaine livraison contiendra les mêmes qualités comme les défauts... les paris sont ouverts.
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1 COMMENTAIRE(S)
citer | J'ai toujours trouvé ce groupe extrêmement poussif, les extraits présents ici ne changent rien à mon opinion ! |
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1 COMMENTAIRE(S)
03/05/2024 16:20