Iron Monkey - Spleen and Goad
Chronique
Iron Monkey Spleen and Goad
Iron Monkey est de ces groupes étranges, un brin évanescent, dont on a toujours entendu parler mais sans jamais être vraiment capable de citer leurs albums ou même de situer leur style en particulier. Le doom très sludge du combo british est en effet plutôt atypique, naviguant au fil des époques entre un stoner assez marqué ténèbres sur Our Problem et des atours plus brutaux, notamment sur le plus enlevé 9-13, avec, en fil conducteur, une sorte de rage, d’urgence et de goût de vomi ressentis depuis l’éponyme.
Cette folie, cette violence larvée sont très nettement mises en avant sur Spleen and Goad. Plus noir, plus nettement hardcore pourrions-nous dire, ce dernier effort sent la pisse, la crasse et l’humidité propre aux ruelles abandonnées. Hostile, Spleen and Goad paraît d’emblée plus radical, dans le son comme dans l’exécution. Misanthropizer et Concrete Shock attaquent ainsi bille (bile ?) en tête comme pourrait le faire un Eyehategod déchainé, au son de grattes tronçonneuses et saccadées. C’est lourd, c’est hurlé, ça sent l’urgence et ça ne laisse aucune place au répit. Le sludge très ambiancé des british se permet aussi d’être hardcore, on l’a dit, voire même totalement punk dans sa structure, comme pour souligner davantage encore ses atours radicaux, cherchant l’ultime moins dans la vitesse d’exécution que dans les viscères de l’auditeur.
Comme toujours, la force d’Iron Monkey n’est pas tant dans la variété de styles abordés au sein même d’un titre, ou encore ce sludge si ambiancé et diversifié, que les aspects hyper rock’n roll de sa musique, ce côté ultra groovy qui déborde de chaque titre en dépit de la radicalité du son et du propos. Misanthropizer et Concrete Shock sont faits de ce bois. CSP et The Gurges sont plus bruts mais la rondeur de la basse couplée à la chaleur du son en fait, de nouveau, des titres aussi proches du hardcore que du sludge, qui dégoulinent de groove. Le phrasé des guitares, très haché, participe de cette impression globale, qui magnifie le doom du combo.
Dès la moitié de l’album, dès Off Switch, on revient sur des terres plus nettement sludge, grosse basse en avant mais en poursuivant l’œuvre de diversification de l’album : les titres sont parsemés de dissonances quasi BM, étranges, qui calent une atmosphère décalée et de nouveau différentes, avec des solis déglingués qui traduisent un univers plus sombre, plus empreint de folie. La variété demeure la norme. Rat Flag et Lead Transfusion, eux, sont directement punk hardcore, comme si Black Flag s’emparait de la scène. Exlexed transpire plus directement le gros death à la Obituary.
Iron Monkey est un drôle d’animal. Sa musique est du même acabit : sous des atours de sludge ultra codifiés, elle s’aventure en réalité en permanence aux frontières du style pour le mixer avec des influences extrêmement variées qui amènent un surcroit d’ambiances sombres et une urgence qui sied parfaitement au combo. Spleen and Goad est ainsi un très bel album, qui synthétise à merveille les efforts précédents du combo tout en les magnifiant.
| Raziel 18 Mai 2024 - 656 lectures |
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