Au crépuscule du vingtième siècle, l’une des plus belles expressions de la barbarie sonore nous est venue de Pologne.
YATTERING n’avait alors qu’un seul album à son actif («
Human’s Pain » - 1998) mais cela a tout de même suffi pour attirer l’attention des médias sur lui et ainsi passer de
Moonlight Productions à
Season of Mist. Le quatuor revient à la charge deux ans plus tard avec ce qui demeure à mon goût l’un des sommets du
death metal à tendance brutale, sans pour autant être du
brutal death : «
Murder’s Concept ».
Déjà, il y a l’
artwork de
Krzysztof Iwin, également responsable du logo je crois, qui marque fortement l’esprit. Lorsque tu prends ça en main chez ton disquaire, il n’y a pas vraiment de doute possible quant au contenu : ça respire la violence, la fin des temps prochaine. Et dès « The Art of the 20th Century », nous y sommes. Putain, ce titre introductif ! Rythmique hyper accrocheuse, tapis de double, puis cette voix incroyable de
Svierszcz, profonde comme un
Glen Benton au sommet de son art, sa performance sur cet album demeure pour moi difficilement égalable. Tout du moins dans ses aspects gutturaux car les dix compositions s’avèrent également chargées de vocaux de crapaud enroué (« The Murder », « The Species ») ou encore de hurlements hystériques qui rendent peut-être parfois le tout difficilement lisible.
Il faut dire que le LP tartine tout du long, voire qu’il s’avère parfois assez dur à suivre. En effet, sur une base purement
death qui renvoie souvent à
DEICIDE, pour la noirceur compacte (« Exterminate »), ainsi qu’aux Canadiens de
CRYPTOPSY en ce qui concerne le niveau technique affiché (« … An Inanimate »), les Polonais balancent tout un tas de plans tordus qui s’enchevêtrent tant et si bien que l’on se demande comment un bordel pareil peut finir par retomber systématiquement sur ses pattes. À ce titre, un morceau tel que « Damaged » est là pour illustrer le fait que
YATTERING est déjà en phase d’éloignement de l’extrême pur et dur pour s’orienter vers des terrains plus expérimentaux, la batterie de
Zabek foutant une sacrée migraine. L’on retrouvera d’ailleurs ces penchants pour l’étrange dans la dernière chanson « Rescue », un instrumental de sept minutes se finissant sur une plage
ambient peut-être annonciatrice du futur.
L’un des temps forts de l’album s’avèrera bien entendu « Anal Narcotic », composition souvent en bonne place dans les
samplers de l’époque et dont le
shred préfigure un groupe comme
BLOODY VIOLENCE et le jeu d’
Igor Dornelles. Et si ce n’est peut-être pas la composition la plus intéressante du disque, son
gimmick guitaristique lui permet de se démarquer, servant d’étendard à ce «
Murder’s Concept » sinon parfois à la limite de l’indigeste.
Il faut dire que la caractéristique principale de l’album, c’est sa densité maximale, sa constance dans l’excessif : excès de chants, excès de riffs, excès de ruptures, excès de vitesse, excès de complexité avec notamment une section basse – batterie de dingue (
Zabek nous en met vraiment plein la gueule), excès de brutalité, et que cette atmosphère proprement irrespirable s’arrête de peu avant d’atteindre le point de rupture de l’auditeur. L’avantage, c’est que quel que soit le mode d’écoute, on y trouve quelque chose : en fond sonore durant une activité tierce, on ne retiendra que la puissance massive, en écoute attentive, nous découvrirons des dizaines de micro-plans dont un seul d’entre eux pourrait inspirer un album complet.
Peut-être conscient d’être arrivés au bout de ce versant-là du
death metal, les musiciens reverront leurs positions sur
« Genocide », sans doute plus complexe mais surtout davantage expérimental et moins orienté sur la brutalité. Il reste qu’en 2000,
YATTERING a enfanté un monstre qui n’a pas pris une ride et je gage que dans vingt ans encore ce sera la même torgnole pour ceux qui le découvriront.
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