Bedsore - Hypnagogic Hallucinations
Chronique
Bedsore Hypnagogic Hallucinations
À la sortie de Sweven beaucoup de personnes se sont empressées de venir cracher sur les Suédois de Morbus Chron en lâchant avec la plus grande des certitudes des choses aussi farfelues que : "c’est des vendus !" et autre "ils n’en avaient juste rien à foutre de jouer du Death Metal !". Un scénario identique aux cas Tribulation survenu l’année précédente lors de la sortie du pourtant excellent The Formulas Of Death. Pour autant, il n’y a rien d’étonnant à lire ce genre de commentaires puisque le petit monde de la musique extrême reste assez peu ouvert au changement et à la nouveauté. Ce qui le fût davantage c’est de constater à quel point de telles transformations n’ont eu finalement que peu d’incidences négatives sur la popularité de ces formations. C’est même plutôt le contraire si on prend une fois de plus l’exemple de Tribulation qui a fini par signer sur Century Media et dont le succès ne semble pas vouloir se démentir (même si à titre personnel j’y trouve de moins en moins mon compte).
Il n’est donc pas vraiment surprenant de constater que de tels groupes ont aujourd’hui suscité des vocations. Bien sûr il y a eu Sweven en début d’année mais s’agissant de la suite plus ou moins directe de Morbus Chron, je pensais plutôt aux Allemands de Venenum et Chapel Of Disease qui ont opéré ces dernières années le même virage stylistique ainsi qu’aux Italiens de Bedsore dont il est question aujourd’hui et qui ont sorti cette année leur tout premier album sur le label américain 20 Buck Spin Records.
Formé à Rome en 2018, Bedsore voit le jour sous la forme d’un duo (Stefano Allegretti et Jacopo Gianmaria Pepe). C’est dans cette configuration réduite que le groupe sort quelques mois plus tard sa toute première démo éponyme dont les deux titres qui la compose sont d’ailleurs repris ici ("At The Mountains Of Madness" et "Brains On The Tarmac"). Probablement conscient de leurs limites, les deux italiens décident d’embaucher deux nouveaux musiciens afin de compléter le line-up. Chose qui sera faite dès l’année suivante avec l’arrivée de Giulio Rimoli à la basse et de Davide Itri à la batterie. Ainsi au complet, Bedsore se met à plancher sur la suite jusqu’à accoucher en juillet dernier d’Hypnagogic Hallucinations, un premier album sublimé par l’une des dernières oeuvres signées de l’artiste Timo Ketola.
Dans la lignée des derniers albums de Morbus Chron, Sweven et Venenum ou encore d’un Tribulation période The Formulas Of Death, Bedsore propose à travers ces sept compositions un Death Metal progressif reprenant à peu de chose près (mais pas tout à fait) les mêmes schémas de compositions et atmosphères oniriques et vaporeuses que chez ses petits camarades. Si la formule proposée par les Italiens s’éloigne donc des standards habituellement déroulés dans le Death Metal, elle s’inscrit cependant dans une démarche qui, sans pour autant manquer aujourd’hui de personnalité, n’a plus tout à fait la même fraîcheur ni la même capacité à surprendre qu’autrefois. Heureusement, Bedsore à eu suffisamment de jugeote pour ne pas se contenter d’emprunter tout à fait le même chemin que d’autres avant lui. Aussi, sans pour autant révolutionner quoi que ce soit, Hypnagogic Hallucinations se distingue de ces quelques formations évoquées un peu plus haut en brouillant davantage les pistes grâce à des influences plus variées et qui, d’un morceau à l’autre, ne sont pas forcément les mêmes ou en tout cas pas mises en avant de la même manière.
Si un titre comme "The Gate, Disclosure (Intro)" qui comme son nom l’indique sert ici d’introduction, s’inscrit dans un esprit très proche des séquences atmosphériques et instrumentales présentes sur le premier album de Sweven ou du dernier album de Morbus Chron (le côté Sci-Fi/Thriller/Horror Movie en plus), les deux morceaux suivants ("The Gate, Closure (Sarcoptes Obitus)" et "Deathgazer") rappellent quant à eux énormément les Américains d’Horrendous sur leurs derniers albums ou le Death de la période Human ("Deathgazer" à 1:43). Le chant âpre si caractéristique, les plans de guitares tarabiscotés, l’apport mélodique conséquent, ces successions de séquences rapides et explosives et de passages beaucoup plus aériens aux ambiances oniriques... Tout un tas d’évocations plus ou moins subtiles mais qui, avec un peu de talent et de capacité d’appropriation, font mouche sans que l’on en arrive à crier à l’usurpation d’identité. Moins immédiate (on passe de trois morceaux de moins de quatre minutes à quatre titres compris entre six et neuf minutes), la seconde moitié de l’album donne le sentiment d’être plus personnelle, plus fouillée mais également plus progressive avec notamment de plus longues séquences instrumentales suspendues et très Floydiennes dans l’esprit (les dernières minutes de "At The Mountains Of Madness", "Cauliflower Growth" et "Disembowelment Of The Souls (Tabanidae)", "Brains On The Tarmac" à 3:47), des baisses de régimes beaucoup plus marquées avec notamment la mise en avant de fortes accointances Death/Doom pointant ici le bout de leurs nez ("Cauliflower Growth" où apparaît ce growl d’une profondeur extrême ainsi que l’excellent et bien nommé "Disembowelment Of The Souls (Tabanidae)" et ses faux airs de Disembowelment et Spectral Voice), des nappes de synthétiseur davantage mises en avant et des schémas de compositions tout simplement moins orthodoxes. Un parti pris qui implique généralement plusieurs écoutes attentives avant de véritablement tomber sous le charme de ces compositions effectivement beaucoup moins faciles d’accès mais dont la promesse de voyages mémorables est souvent à la clef.
Comme je l’ai évoqué un peu plus haut, il y a effectivement moins de surprise à découvrir un tel album aujourd’hui, surtout après ceux de Morbus Chron et Tribulation. Surtout, Bedsore fait face cette année à un adversaire de taille, les Suédois de Sweven qui ont effectivement livré l’un des meilleurs albums du genre. Pour autant, les Italiens proposent ici avec Hypnagogic Hallucinations un premier album particulièrement réussi qui, en dépit d’influences peut-être encore un peu trop évidentes, réussi à s’extirper de la comparaison directe avec ses ainés. Oui, ça sonne un peu comme du Morbus Chron, un peu comme du Tribulation, un peu comme du Venenum, un peu comme du Death ou du Horrendous mais au final, ce n’est jamais non plus véritablement la même chose. En attendant, si vous êtes un tant soit peu amateurs de ce genre de Death Metal progressif et atmosphérique, je vous conseille vivement de vous pencher sur ce premier album de Bedsore car celui-ci mérite que l’on s’y intéresse.
| AxGxB 2 Décembre 2020 - 989 lectures |
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