La tentation est grande, forte, peut-être même trop forte… Parviendrai-je à parler de
JENNER et de son deuxième album «
Prove Them Wrong » sans jamais faire une seule référence à quoi que ce soit qui ferait de moi un gros beauf, un vil suppôt du patriarcat ?
La formation est active depuis 2015, année où elle a sorti une première démo « deux titres ». S’en est suivi en 2017 le LP «
To Live is to Suffer » (faut-il y voir un clin d’œil au titre « To Live is to Die » sur
« …And Justice for All » ?), très bien réceptionné par la critique, de même que l’EP suivant «
The Test of Time » (2020) composé d’à peine trois morceaux dont la reprise « Young & Proud » de
DEMONIAC, obscur groupe de Belgrade œuvrant dans le
power speed metal et n’ayant qu’une seule parution au compteur (si j’omets les trois démos précédentes) : «
Touch the Wind », paru en 1992.
Aujourd’hui, le trio serbe est domicilié chez
Fighter Records, une honnête petite maison de disque espagnole au catalogue fortement orienté
speed et
thrash metal, ce qui tombe bien puisque c’est exactement le genre de musique que pratiquent les trois musiciennes. C’est donc sans plus attendre que je pars à la découverte de ces neuf nouvelles compositions, pour une durée totale avoisinant les quarante-cinq minutes. De prime abord, le disque évolue dans un style rétro qui conviendrait aux amateurs de la paire
MEGADETH /
METALLICA : un
heavy thrash principalement mid-tempo, riche en solos enlevés et en riffs ciselés, mais l’on sent également que les musiciennes ont une forte appétence pour la
NWOBHM (« Born For Something More »), le défaut principal de cette sortie se situant pour moi au niveau du chant. Ce dernier ne parvient jamais à réellement trancher entre la furie et le mélodieux, ce qui donne parfois un aspect un peu bancal aux chansons. Bien trop sage donc si l’on cherche à établir une comparaison avec
NERVOSA, pas assez puissant et théâtral pour concurrencer
BURNING WITCHES, pas assez cool et rock n’roll pour faire oublier
GIRLSCHOOL, il reste qu’il y a un savoir-faire certain pour écrire des couplets / refrains qui restent en tête (« Down in the Pit »), peut-être pas assez durablement hélas.
Evidemment, je ne peux pas réduire
JENNER à une suite de comparatifs. L’air de rien, l’approche est somme toute assez personnelle, même si l’on ne m’ôtera pas l’idée que c’est dans les aspects les plus énervés que le trio s’en tire le mieux, les compositions alternant entre des riffs solides et des passages bien trop gentils qui n’offusqueraient personne dans une série pour adolescents. Aussi serai-je un peu plus mesuré que nombre de confrères chroniqueurs qui ne tarissent pas d’éloges sur les différentes sorties, car je n’y vois pour ma part qu’un travail honnête, sérieux ainsi qu’appliqué mais qui manque soit d’un supplément de sauvagerie (le versant
thrash) soit d’une bonne dose d’épique (le versant
heavy rock) pour faire une sérieuse différence avec le reste de la scène.
Il faudra peut-être donc voir en «
Prove Them Wrong » un manifeste encore un peu trop scolaire destiné à clore le bec d’éventuels machos ou autres jaloux du succès de ces métalleuses dont les titres tiennent la dragée haute à bon nombre de formations équivalentes 100% masculines.
JENNER vaut bien plus qu’un simple attrait pour la plastique même si, d’un point de vue strictement musical, je peine à y trouver mon compte.
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