Last Retch - Ergotism
Chronique
Last Retch Ergotism (EP)
Un an et demi après le sympathique et agréable
« Sadism And Severed Heads » qui lui a permis de se faire une petite notoriété au sein de son pays, le combo de l’Ontario est de retour aujourd’hui avec quatre nouveaux titres (pour une durée totale de dix-sept minutes) qui vont servir de parfait bouche-trou en attendant un nouvel opus. Car visiblement celui-ci étant loin d’être prêt le quintet a préféré sortir rapidement cet Ep plutôt que de risquer de devoir faire patienter plus longtemps ses fans, au risque pour lui de se faire totalement oublier d’ici là. Un choix assumé et réussi puisque le groupe signe un disque impeccable de bout en bout qui va se greffer dans la droite ligne de son prédécesseur, aussi bien du côté qualitatif que des influences suédoises comme britanniques... et idéales donc pour se briser les cervicales avec ces moments pachydermiques et rampants délicieusement rétro. En effet tout cela sent l’humidité par tous les pores, la noirceur absolue, la putridité du champ de bataille et le HM-2 assumé et revendiqué... et de fait il n’est pas surprenant qu’on soit immédiatement embarqué dans cet univers tortueux et torturé dès que résonnent les premières notes de « Scalped En Masse ». En effet ici on va voir que malgré une durée plus longue qu’auparavant ce premier morceau (tout comme les suivants) va garder son efficacité immédiatement, sans jamais s’essouffler ou être redondant.
Car si sur l’album ça ne dépassait que rarement les trois minutes ici c’est systématique et ça n’hésite même pas à aller plus loin, mais pour le moment cette ouverture va se montrer implacable en balançant tout son panel rythmique, où ça reste la majeure partie du temps bien énervé et vindicatif. Jouant allègrement sur les variations furieuses des blasts comme sur les passages étouffants à la double (et impeccables pour le headbanging) on retrouve ici tout ce qu’on cherche en termes d’alternance, et cela suffit largement tant l’équilibre y est presque intégral. Cependant l’entité va aussi confirmer qu’elle sait être redoutablement efficace quand elle alourdit son propos, preuve en est le chaotique et étouffant « Heaving Pieces » où priorité est donnée à du bridage intense et suffocant mais sans jamais être redondant et balourd, vu que ça n’hésite pas à tabasser quand il le faut pour aérer tout ça en densifiant l’ensemble suffisamment. Rampante et oppressante cette plage montre en un rien de temps le talent de ses créateurs qui sans se forcer arrivent à être cohérents, tout en captivant facilement l’auditoire qui passe par tous les états de par la grosse densité présente ici... point qui se retrouve sur le simple et efficace « Doomrider II », qui mise ici sur un côté Punk bien sauvage quand ça accélère tout en n’oubliant pas de ralentir et accélérer en continu. Si l’écriture se fait ici plus primitive et bas du front ça reste absolument redoutable en permanence, tant on a envie de fracasser tout le monde autour de soi tout en se lâchant totalement pour un rendu sans surprises mais radicalement puissant, et qui sert de parfait défouloir en règle.
Et afin de finir dignement « Ergotism » va lui aussi montrer de biens belles qualités tout en poussant l’expérience plus longuement, vu que ça va partir pour pratiquement six minutes... sans que jamais on ne voit poindre un bout de lassitude ou de redondance, tant cette ultime composition est sans doute la meilleure de cette galette. Car ici tout va être encore plus sombre, froid et humide que tout ce qui a été entendu jusque-là, tout cela grâce à ce bridage intensif aux accents presque Doom qui renforce ainsi ce sentiment poisseux et de perte de tout espoir, notamment du fait de ce long solo plaintif et désespéré qui sert de transition avant une accélération pour clôturer les débats. Du moins le croit-on vu que cela se termine comme lors du démarrage en alourdissant son propos au maximum, pour y flanquer un rythme pantouflard graisseux absolument délicieux, et qui montre que la formation a passé un cap musical.
Et même si elle ne renouvelle pas son écriture celle-ci se montre plus dense, plus variée et surtout voit un supplément d’expérience apparaître où elle ne se renie pas du tout... en cherchant également à gagner en densité sur la longueur. Du coup même si tout cela est évidemment trop éphémère pour se faire une idée du futur du combo on peut préjuger qu’il s’annonce radieux vu qu’il est clairement monté d’un cran en termes d’attractivité et de variété, sans pour autant se perdre en chemin et renier ce style si reconnaissable. A l’heure où le revival du Swedeath n’a jamais été aussi important et où les rejetons de BOLT THROWER sont de plus en plus nombreux, il faut saluer la place prise par les Canadiens qui se retrouvent parmi les meilleurs noms à suivre à l’heure actuelle comme dans le futur. En tout cas on a clairement hâte d’entendre leur prochaine livraison histoire de voir ce qu’ils nous réservent tant on sait désormais qu’il ne s’agit pas d’un feu de paille mais d’une vraie révélation qui est partie pour durer si elle ne commet pas d’impair. En tout cas on n’en doute pas vu ce qu’elle nous propose ici et qu’on adorera se repasser en boucle en se faisant mal aux cervicales tout en tapant du pied comme il faut... signe donc de la réussite indéniable de cet enregistrement qui mérite clairement le détour et qu’on s’y attarde de façon plus ou moins attentive.
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