Un flingue que l’on charge, l’explosion brutale de « Why They Hate Us », d’une tension presque
grind, jamais un disque de
TODAY IS THE DAY n’avait débuté de façon aussi radicale. Nous le pressentions pourtant que la formation se dirigeait vers des horizons de plus en plus extrêmes, délaissant peu à peu les errances
noise rock core de ses débuts pour se rapprocher de quelque chose de plus métallique mais «
Kiss the Pig » (successeur immédiat de la sainte trilogie «
Temple of the Morning Star », «
In the Eyes of God », «
Sadness Will Prevail ») va largement au-delà de ce que
Steve Austin avait écrit jusqu’alors.
Pour ce faire, le chanteur – guitariste va s’entourer de
Mike Rosswog à la batterie, conservant
Chris Debari à la basse. Le premier cognait à l’époque pour le grand
CIRCLE OF DEAD CHILDREN qui venait de sortir «
Human Harvest », une pure branlée soit dit en passant, cela suffit pour définir les ambitions du trio au cours de ces onze titres ravagés, à l’image d’un « Outland » flirtant avec la folie pure.
Pourtant, alors que l’on pourrait croire que l’accroissement de violence ravirait les fans de musiques brutales, il me sera difficile de considérer ce disque comme l’une des acmés de la formation. En effet, quiconque écoute les Américains ne le fait généralement pas parce que c’est du
metal, quelle que soit l’école, il le fait parce qu’il en chérit la démence qu’exhale le chant, cette hystérie guitaristique, ce truc un peu sale et pervers qui habite chaque note. Or, ici, seule subsiste la haine aveugle, parfois vaine voire absurde (les quarante-quatre secondes de « Sympathy Junky »), avec en prime et pour la première fois un chant qui pourrait s’avérer agaçant, toujours très aigu mais avec moins d’effet, ce qui bizarrement le rend encore plus désagréable qu’à l’accoutumée.
Alors, certes, «
Kiss the Pig » (avec le suivant «
Axis of Eden ») sera peut-être le premier album que je proposerai à une personne non familiarisée avec une telle approche bruitiste mais, pour ma part, je trouve que
S. Austin frappe un poil à côté avec cette approche ultra frontale (« Train Train ») qui, de toute façon, ne rentrera jamais dans aucune case autre que la sienne. Même le batteur ne parvient pas à me convaincre, ses roulements sur « Bee’s Wax and Star Ward » par exemple me semblant assez patauds et ses blasts finalement abrutissants là où le groupe a systématiquement joué la carte des cogneurs versatiles, aussi fins que rapides, pour justement contrebalancer l’aspect parfois rudimentaire des riffs. Là, j’entends surtout un mec qui essaie de placer des patterns de
grind death sur des structures tordues, la mayonnaise manquant
in fine d’onctuosité. Je ferai d’ailleurs le même constat sur les douze minutes de « Birthright », qui clôturent l’album en forme de paradoxe au regard de l’ouverture, car c’est exactement sur ces morceaux faussement calmes que les batteurs pouvaient faire montre de leur génie, et je regrette alors amèrement
Brann Dailor parce qu’il aurait tout défoncé sur ces compositions dont l’intensité n’est finalement pas moindre que celle d’«
In the Eyes of God ».
Il reste que si «
Kiss the Pig » ne soulève pas chez moi le même engouement que ses prédécesseurs, je n’irai pas jusqu’à parler d’une déception. Le disque contient énormément de temps forts, j’ai déjà cité « Why They Hate Us » mais je pourrai ajouter « Mother’s Ruin » qui secoue sévèrement ou encore la tranche d’horreur qu’est « Don’t Tread on Hope », mais il me manque un truc : soit le côté déglingué, soit une voracité jusqu’au-boutiste plombée par un
Mike Rosswog qui me semble à côté de ses pompes, l’album étant d’ailleurs lui-même déséquilibré, trop tiraillé entre les fantômes du passé et la volonté de proposer autre chose de plus dur. Même le bassiste me paraît relégué au second plan alors que la formule « trio » le mettait jusqu’alors sur un quasi-pied d’égalité avec la guitare.
D’ailleurs, si la voie de la radicalisation sera poursuivie sur l’album suivant, nous verrons le groupe revenir, dès «
Pain is a Warning », au style qui lui convient le mieux, plus « chanson » si je puis dire.
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