Nouvel album, nouveau
line-up, tout le monde descend pour cause de renouvellement des cadres. Terminé les batteurs connus issus du milieu
metal, bienvenue à
Curran Reynolds, un mec musicalement venu de presque nulle part avant d’intégrer
TODAY IS THE DAY puisque œuvrant au sein de
WETNURSE, formation confidentielle de
stoner post hardcore etc.. Bienvenue également à
Ryan Jones à la basse : celui que je pensais désormais indéboulonnable aux côtés de
Steve Austin, à savoir
Chris Debari, a lui aussi été débarqué. Son style a l’air versatile car il est aussi bien crédité chez
MUTILATION RITES (
black death metal) que chez
WETNURSE, on sait en tout cas désormais d’où provient la nouvelle section rythmique.
Ce changement a-t-il fait du bien ? Ou plutôt pour commencer, cet apport de sang neuf a-t-il eu un impact sur la musique ? Clairement oui, tellement que ceux pour qui la meilleure période des Américains se situe entre «
In the Eyes of God » et «
Axis of Eden » vont déchanter. En effet, sans parler d’assagissement (
TITD restera toujours un groupe difficile d’accès), les influences
rock,
punk ou
hardcore se font davantage sentir : un format « chanson » pour une baisse générale du niveau de barbarie. En revanche si comme moi vous appréciez
« Willpower » justement pour cette dimension
noise rock, alors «
Pain is a Warning » remplira son office de bourreau. J’ai donc déjà un peu répondu à la première question, oui ce changement a fait du bien car, de mon point de vue, je ne voyais aucune suite possible à
« Axis of Eden » : des titres qui partaient dans tous les sens, une section rythmique à la limite du caricatural tant elle cherchait à exhiber ses biscottos, une violence aveugle qui finissait par me perdre en route.
Le renouvellement, il s’entend dès les premières notes d’« Expectations Exceed Reality » : la liaison est à nouveau rétablie entre
TODAY IS THE DAY et le
noise rock / core, toujours aussi emplie de rage, suintant le malsain, encore capable d’émouvoir autant qu’effrayer. Ainsi, le chanteur – guitariste vit une seconde jeunesse, l’album dégageant l’odeur fauve des premières baises, cette verdeur retrouvée faisant à mon avis très mal au LP précédent, qui sonne à présent encore plus à côté de la plaque qu’il ne l’était réellement (je sais, j’exagère volontairement le trait). Quoi qu’il en soit, là, je remballe l’ensemble de mes reproches passés, les roule en un petit cône serré que je me carre profondément dans l’oignon.
Déjà, la forme (son, mixage…) colle idéalement au fond musical. J’irai même jusqu’à dire que je considère que le trio n’a jamais aussi bien sonné que sur ces neuf pièces. Une production claire, puissante, finalement peut-être presque trop propre, où chaque instrumentiste retrouve enfin une place équilibrée au sein du grand tout. La section rythmique n’est plus un simple faire-valoir (même si elle dégagera aussi vite qu’arrivée, «
Animal Mother » s’enregistrant sans elle) et, surtout, nous l’entendons insuffler son énergie aux compositions, se les approprier, le résultat étant que le disque ressemble enfin à celui d’un « vrai » groupe, avec des types impliqués mettant leurs compétences au service d’un projet commun, d’une vision partagée.
Je l’ai dit, ce repositionnement a impacté le style et l’on pourra ne pas apprécier l’idée que les guitares aient arrêté de pisser dans les coins, que l’efficacité soit moins diluée dans les errances bruitistes expérimentales, qu’il n’y ait plus de titres hyper violents à la « Why They Hate Us » ou « Mayari », voire que la voix se calme un peu sur les effets de distorsion, ok. Mais cela ne remet pas en question la solidité du concept, une homogénéité musicale retrouvée. En effet, chacun des titres se tient à une même ligne de conduite, plus
rock (« This Is You »), plus
punk hardcore également, à l’image des chœurs accompagnant « The Devil’s Blood », un véritable
boost de vitamines qui te la rend bien dure au réveil. Ainsi, oui, je trouve cette livraison absolument dingue au regard de la pente sur laquelle était la carrière du groupe. Je pense même qu’avec « Slave to Serenity »,
S. Austin a probablement écrit l’un de ces meilleurs morceaux tant il est empli de grandeur, de théâtralité (ces subtils claviers en arrière-plan) mais également de haine, de démence, de finesse… Et cette fois, on ne passe plus du coq à l’âne : cette chanson suit la ballade « Remember to Forget » (enfin, une ballade, je ne vois juste pas comment appeler autrement cette fausse accalmie) mais ça fonctionne à mort parce qu’encore une fois il y a la cohérence. Enfin.
Le LP s’achève sur « Samurai », il envoie la sauce (hin ! hin !). Encore un point d’orgue pour un disque qui frôle la perfection (il n’y a guère que l’acoustique « This Is You » que je trouve en-deçà), le plaçant à ce stade de mes écoutes dans le trio de tête de la discographie. Il faut dire qu’entre l’ouverture incroyable d’« Expectations Exceed Reality », un « Death Curse » qui te laisse à bout de souffle tant il
speede, un morceau titre qui transpire le meilleur jus de
THE JESUS LIZARD, « Wheelin’ » qui te roule dessus sans pitié, plus tous les autres morceaux dont j’ai déjà parlé, nous touchons à une forme d’aboutissement merveilleux.
Enfin, comme je me suis plaint des prestations des batteurs sur les deux albums précédents, peut-être faudrait-il ajouter ici un mot sur
Curran Reynolds. Inutile de comparer, c’est sans commune mesure. Le mec est peut-être techniquement moins bon (et encore, cela resterait à prouver) mais son jeu forgé en dehors du
metal est cent plus à sa place au sein de
TODAY IS THE DAY que celui de
Derek Roddy. Il est fluide, varié, agile, les coups sont secs, il n’a pas besoin de déballer des tonnes de blasts ou de parties de double pour démontrer son apport dynamique aux morceaux. Il joue simple, paraît assez libre de ses mouvements, un fondu de la double pédale aurait juste été un putain d’éléphant encombrant sur cette production.
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