Je n’ai pas vu passer l’information, personne dans mon entourage bienveillant ne m’a prévenu, aussi est-ce que je me suis retrouvé comme un imbécile en découvrant que
TODAY IS THE DAY avait une nouvelle fois muté et qu’il pratique désormais une espèce de
rock metal industriel. Il faut dire que dès « Divide and Conquer » qui inaugure
Never Give in, les odeurs musquées d’un
GODFLESH voire, si j’osais, des anciens
TREPONEM PAL, montent au nez, tant et si bien que je vérifie à plusieurs reprises l’exactitude de l’URL du Bandcamp car je doute d’écouter le bon album. Suis-je surpris ? C’est le moins que je puisse dire.
La seconde surprise provient de la découverte du
line up. Nous le savons,
Steve Austin change de musiciens comme de slips (du moins je l’espère) mais il a toujours eu le flair pour s’entourer de compagnons de route talentueux (
Derek Roddy,
Mike Rosswog,
Brann Dailor, etc.), même si la paire basse – batterie présente sur
No Good to Anyone semble d’extraction plus confidentielle. De là à monter une section rythmique composée de
Colin Frecknall, batteur habitué au
heavy metal symphonique de
SEVEN SPIRES et
VIVISEPULTURE, et de
Tom Jack, bassiste transfuge de
DIESEL THEORY (
metal indus), il y a un pari que je n’aurais pas pris. Une fois que l’on a cela à l’esprit, on peut alors légitiment se demander si c’est ce dernier qui a autant déteint sur la musique de
TITD ou s’il ne fait finalement qu’amener de l’eau au nouveau moulin du compositeur principal. Quelle que soit la réponse, « I Got Nothin’ » se dévoile comme une composition ultra basique, dans l’esprit d’un vieux
NINE INCH NAILS fatigué ou d’un
THE FAINT sous antidépresseur : guitare rachitique, rythme monolithique, électronique remontant au siècle dernier, seule la voix parvient à instaurer un climat inquiétant de tension mais qui sonne daté, sans relief.
Heureusement, l’auditeur retrouve des bribes de la folie d’antan au cours d’« Intentional Psychological Warfare », ces fameux riffs hystériques que l’on affectionne tellement, sauf qu’à 01:30
patatras. La composition bascule vers un
noise rock façon
GIRLS AGAINST BOYS (que j’adore), sans la classe absolue de
Scott McCloud pour rendre le moment terriblement
cool… Bon sang, cette piste craint, elle est longue, elle est molle (comme ma bite, exactement). Frustrant. « Pain and Frustration ». En ce qui concerne la douleur, je ne la ressens pas trop mais du côté de la frustration, cette chanson
electro jazz rock se pose là, elle qui, une nouvelle fois, m’évoquera une chute de studio des périodes
Freak*on*ica ou
You Can’t Fight What You Can’t See de la formation précitée.
Il avait bien masqué cette triste réalité le
single éponyme. Son ambiance introductive à la
SWANS séduit les cœurs et je ne m’étais pas rendu compte à quel point l’arpège de 01:06 ressemble à celui de « This Love » (
PANTERA). À ce stade de mes écoutes, déjà fréquentes, je me dis que j’ai dû fondre les derniers plombs qui tenaient en place, poursuivant mes hallucinations en affirmant qu’à compter de 03:26, c’est le fantôme du
ROLLINS BAND qui me vient à l’esprit avec
spoken word et
tutti quanti.
Si
Never Give in est un hommage aux années 90, alors c’est réussi. En revanche, si l’objectif était d’être original, innovant, c’est foiré dans les grandes largeurs selon moi.
Nous poursuivons la chute avec « Secret Police ». Certes, l’adjonction d’un saxophone est une vraie nouveauté au sein de la discographie de
TODAY IS THE DAY, cela dit, au-delà du fait que le morceau nous plonge dans une ambiance à mi-chemin de
Quentin Tarantino et de
BIG CHIEF (j’en profite pour recommander
Mack Avenue Skullgame), quel rapport avec ce qui précède et ce qui suit ? Car, alors que nous tombons enfin sur une composition qui colle la frousse, à savoir « Psychic Wound » (la plus
austinienne du LP), sa démesure en vient à paraître incongrue, déplacée, presque gênante… Que dire également de « The Choice is Yours » ? La chanson émoustillera peut-être les salons de coiffure mais si nous ôtons le chant distordu, il ne reste qu’un titre de
punk mélodique doté d’un
pattern de batterie d’une tristesse abyssale, un comble pour un musicien en provenance d’un style autrement exigeant en termes de technique. Six minutes et vingt-deux secondes de perplexité absolue face à cette main tendue, transpirante de bons sentiments, de gentillesse, de sympathie désabusée, le sourire d’un gars qui a trop pleuré, trop morflé dans sa vie mais qui refuse la facilité d’une explosion de colère purificatrice. Cela en devient touchant, je préférais néanmoins lorsque ça sentait la bidoche avariée, la cordite, le sang… On entend même une guitare
lead en arrière-plan ! Depuis quand
TODAY IS THE DAY nous gratifie de solos ?
Admettons que
Steve Austin expérimente, recherche un positionnement plus acceptable, intellectualise davantage son art, il demeure que les huit premières chansons n’ont ni réel début ni véritable fin, sans compter qu’elles sont extrêmement maigres sur un plan strictement musical : peu de riffs, chant souvent atone, lignes de basse anorexiques, batterie anémiée, des breaks vraisemblablement en arrêt maladie. Bien entendu, l’album se termine sur une ballade acoustique, « The Cleansing », un
Eddie Vedder moribond passerait pour un Gai-Luron à côté, j’ai vraiment hâte qu’elle se termine.
Que ce soit à chaud ou à froid, je ne trouve aucun sens, aucune direction à
Never Give in. Je ne comprends pas le choix d’un batteur
heavy pour lui faire jouer des parties majoritairement lentes et simplistes, je ne comprends pas non plus comment
Tom Jack a pu autant influencer les compositions et, même s’il s’agissait d’un virage anticipé, conscient de la part du principal compositeur, pourquoi est-ce que tout est aussi terne ? Aussi triste ? Sur le papier,
TODAY IS THE DAY qui joue du
metal blues indus ça devait buter, aussi est-ce que je passe encore et encore le disque afin d’être sûr de ne pas avoir manqué un truc important, chou blanc. Je conclus juste que le
single « Never Give In » était trompeur, il faisait croire que la bande resterait dans un sillon
blues rock redneck macabre, l’illustration sonore d’une violence conjugale désormais plus psychologique que physique, il n’en est rien. Et alors que je lis de-ci de-là des articles dithyrambiques, je me soupçonne de devenir marteau, bon pour la casse, incapable de comprendre la profondeur de cette sortie, d’en contempler la beauté, la fragilité, la grandeur, l’immense mélancolie également… Dans une décennie peut-être ? Nous en reparlerons si je suis toujours là mais aujourd’hui je ressens la même déception que lorsque
ABORYM a publié
Shifting.Negative.
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