Henri Sattler avait pourtant prévenu : la cuvée 2006 de God Dethroned serait un peu moins forte en blasts qu’à l’accoutumée. S’appuyant sur sa récente tournée avec Bolt Thrower et la réaction semble-il mitigée des foules face aux titres plus agressifs, le groupe et son leader (pas) charismatique assumait donc pleinement la relative baisse des tempos sur ce nouvel opus.
Promesse a été tenu : en plus d’avoir une pochette hideuse (GD n’a jamais brillé à ce niveau là il est vrai, le sens esthétique du groupe me faisant vraiment peur depuis que j’ai vu quelques uns de leurs clips…), « The Toxic Touch » est très clairement l’album le plus « calme » du groupe. Et aussi le plus mélodique. Ah ben tiens, ça y est, ils rangent l’agressivité au placard et vont faire du heavy / death mélo ?
…
Non je vous rassures… Mais on s’en approche. Argh. Pour tout vous dire, ce nouvel opus de GD m’a parfois fait pensé à Arch Enemy, comparaison plus ou moins flatteuse suivant d’ou l’on se place... Mais reprenons les choses au début : « The Toxic Touch » démarre par une intro très laborieuse, qui enchaîne sur un titre tout aussi lourdingue : « Hating Life », ou le pire titre d’intro de GD. On est loin du splendide riff qui ouvrait le non moins superbe « Nihilism » (définitivement l’un de mes titres préférés du groupe) sur le précédent album… Ici, on se la jouerait presque metalcore, avec un riff tout ce qu’il y a de plus basique, des samples totalement déplacés dans le cadre du titre et un refrain assez quelconque... Bon, Henri n’a pas varié d’un iota son chant, c’est au moins ça de pris. Cela ne s’arrange pas vraiment avec la suite, « 2014 » et « Falling Down » étant des exemples frappants de ce que j’exprimais plus haut : des riffs beaucoup plus mélodiques, sans la noirceur et l’agressivité qui caractérisait auparavant le groupe, et qui sans être mauvais… ne font plus penser à du GD. Les solos d’Isaac Delahaye, arrivé sur le dernier album et qui se la jouait déjà guitar hero, sont on ne peut plus agréables (le bonhomme est doué et cela change des solos Slayeriens totalement insipides dont nous gratifiait Sattler…), mais participent également à cette impression globale : trop de mélodies presque « joyeuses », ne dégageant plus vraiment ce que j’étais en droit d’attendre de GD.
Cette surabondance de mélodies est vraiment déconcertante (et pourtant je ne suis pas le dernier à adorer cela)… mais ce que j’appréciais depuis toujours chez GD, c’était ce parfait équilibre entre brutalité malsaine et mélodies subtilement amenés : ici ça dégouline parfois beaucoup trop, et le groupe perd en personnalité, se rapprochant comme je l’évoquais auparavant d’un Arch Enemy nouvelle époque… Preuve en est entre autres ce titre instrumental qui n’aurait pas fait tache chez les Suédois, ce « Away from Emptiness », et qui ici… fait tache.
Pour ne pas être totalement négatif non plus, certains titres dégagent heureusement un petit quelque chose de plus intéressant ; ainsi certains titres mid-tempos plus mélodiques à la « Sigma Enigma » du dernier album sont quand même à la hauteur du groupe : j’aime ainsi beaucoup « The Day you Died » ou « Typhoid Mary », et dans un registre plus brutal on retrouve même un peu la rage des anciens albums sur « On Wings of Pestilence » ou l’excellent « Macabre World » (le seul à posséder encore cette ambiance qui collait à un album comme
« The Grand Grimoire »). Ces quelques morceaux ont gardés un peu l’esprit originel du groupe, mêlant riffs communs et passages davantage inspirés, bien que le même schéma « mélodie agréable en arrière plan sur le refrain » y soit appliqué bien trop souvent…
« The Toxic Touch » est à ce jour l’album le plus faible du groupe à mon goût (« The Christhunt est hors course), et sans être non plus la daube de l’année, il m’a déçu là ou j’attendais une continuité à la tuerie de l’an passée. Trop de mélodies parfois insipides, beaucoup moins de riffs de tueurs, et une brutalité amoindrie qui fait perdre de sa personnalité au groupe… j’espère que la pente sera remontée pour le prochain, histoire que GD ne finisse pas dans la masse grouillante des « groupes qu’étaient vachement bien avant qu’ils ne commencent à faire la même zik que tout le monde ».
2 COMMENTAIRE(S)
04/01/2011 01:34
23/10/2006 01:08
T'as pas tort pour le côté Arch Enemy, ça se ressent pas mal. Et c'est vrai que là, ils ont opéré un virage à 180 degrés... Ça m'a l'air très accessible.