No Return n'est pas verni. C'est le moins que l'on puisse dire. Car en 17 ans de carrière, le groupe a souvent du maintenir péniblement le cap contre vents et marées (des problèmes récurrents de line-up), acquérant au fil du temps un statut de groupe culte (c’est un des pionniers du Death en France), sans toutefois connaître une grande notoriété. Tout juste doit il se contenter d’un succès d’estime. Et, malheureusement, ce n’est probablement pas avec cet album éponyme que la donne va changer.
Mais avant d’aller plus loin dans le décorticage de ce 7ème album des parisiens, replaçons nous dans le contexte de son enregistrement. Après sa précédente livraison
(« Machinery » - 2002), No Return a vu son line-up imploser suite aux départs successifs de Malko (claviers), Steeve (chant), Didier (son mythique batteur originel) et enfin Olivia (basse). Et même si le groupe n’a pas tardé à retrouver de nouveaux musiciens, sûr que la sérénité ne devait pas être de mise au moment d’immortaliser les nouveaux morceaux sur bandes. Bandes que le groupe aura d’ailleurs grand mal à récupérer quand fut venu l’heure de mixer cet album (la faute à un producteur un peu négligeant d’après ce que j’ai pu lire). Comme si les problèmes de line-up ne suffisaient pas...
Quoiqu’il en soit, tous ces soucis finissent pas se ressentir sur la qualité de ce disque. Déjà, la production est un peu bizarre, sèche, et assez dénuée d’âme. Mais ce n’est pas le plus important. Comparativement à
« Machinery », No Return n’as pas révolutionné son style. Tout juste l’a-t-il un peu épuré. Exit donc les nappes de synthé (seules perdurent quelques into samplées) et les tentatives de chant clair : Moreno, le nouveau frontman à la voix de grizzly, a fait ses armes au sein de la scène Death et ça tombe plutôt bien, le groupe ayant visiblement décidé de faire ressortir l’aspect le plus extrême de sa musique. Il n’empêche que, dès les premières notes, le style de No Return est tout de suite identifiable entre mille : omniprésence des riffs aux fortes réminiscences slayerienne, virtuosité sur les soli aériens. Même la batterie sonne comme si c’était Didier qui en jouait, bien que ce soit Dirk Verbeuren (intérimaire de luxe avant l’arrivée de Boban) qui tienne ici les baguettes (avec le talent qu’on lui connaît).
Toujours est-il que c’est dans ce manque de remise en question que se situe le gros défaut de cet album. En fait, « No Return » sonne comme si le groupe avait voulu rapidement montrer à ses fans (ou ses détracteurs) qu’il était toujours bien vivant en dépit de toutes ces péripéties. Cela donne un album jouant sur les acquis du groupe, y gagnant en sécurité ce qu’il y perd en attrait. Car, selon moi, cet album paraît plutôt enregistré dans l’urgence, sans grand recul quant au contenu des compos, et du coup l’auditeur en fait un peu les frais. Car là où
« Machinery » savait titiller l’auditeur avec, tantôt un riff bien accrocheur, tantôt une plage atmosphérique incongrue, « No Return », lui, a du mal à maintenir notre attention. Certes, il reste quand même quelques bons riffs (
Despair,
One day) et certains titres ressortent vraiment du lot (
Despair,
Don’t judge me,
Utopia,
One day) mais, globalement, ce disque n’est pas suffisamment varié et attractif pour en faire un grand album. Juste un album sympatoche.
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25/10/2006 15:11