Tous ceux qui, comme moi, ont commencé à écouter du
metal vers le début des années 90 doivent se rappeler avec nostalgie l’incroyable vivier de talents qui animait le pays. Je ne dis évidemment pas que ce n’est plus le cas mais on se souviendra de la (gentille) guerre que se livraient
LOUDBLAST et
MASSACRA par médias interposés ainsi que de l’enchaînement sans pitié aucune d’albums tous plus cultes les uns que les autres :
« Final Holocaust »,
« Enjoy the Violence »,
« Signs of the Decline »,
« Disincarnate »,
« Sublime Dementia »,
« Abject Offerings », «
Coloured Funeral », «
Ego Eater » ou encore bien entendu les trois premiers
AGRESSOR : «
Neverending Destiny », «
Towards Beyond » puis «
Symposium of Rebirth ». Autrement dit, on se demande encore pourquoi nous passions notre temps à épier ce qu’il se passait dans d’autres pays tant il y avait largement de quoi se faire péter la caboche avec nos belles productions du terroir.
Parmi cette liste que je serai bien en peine de rendre exhaustive tant il y a de trésors à découvrir, il y eut en 1992 la sortie de «
Contamination Rises », deuxième album de
NO RETURN, enregistré au célèbre
Morrisound Studio, album sur lequel nous reviendrons plus tard. Car avant de devenir la bête que l’on connaît, la formation a son «
Sensorial Treatment » à elle et il s’intitule «
Psychological Torment » : un premier essai pour se faire la main, enregistré pour l’occasion en Allemagne, pays certes rugueux mais bien plus avancé en termes de metal extrême que nous autres. Par rapport à ses petits camarades de l’époque, les Parisiens se démarquaient déjà par une dimension musicale
thrash metal flirtant parfois avec le
hardcore au niveau des vocaux, notamment du fait de l’utilisation de ces gros chœurs virils scandant les paroles.
Si aujourd’hui, les dix compositions restent décrites comme une solide prestation en termes de
thrash death au regard des canons de l’époque, l’introduction instrumentale de « Mutant’s March » laisse planer un doute tant elle sonne bancale dans les finitions. Mais dès que raisonne l’énorme riff de « Reign of the Damned », la machine à claques est lancée. Le quintette déroule sa violence sur tous les tempos, déjà avec des rythmiques hachées qui seront plus largement développées dans «
Seasons of Soul » et, il me semble, une importante influence de
SLAYER pour l’aspect épileptique de certains riffs (« Nightly Agression » par exemple ou encore « Electro Mania ») voire dans la façon d’utiliser les arpèges clairs en surplomb d’une rythmique massive.
Evidemment, si l’on compare ce premier album au reste de la discographie (pour ma part j’ai décroché après «
Self Mutilation »), on ne peut que lui trouver des défauts mais pour un disque de
thrash sorti la même année que
« Seasons in the Abyss », il n’y a clairement pas à rougir. Déjà parce qu’il semble évident qu’aller enregistrer en Allemagne fut un choix payant tant la production reste, encore aujourd’hui, puissante même si symptomatique de son époque et assez générique. Ensuite il y a la pochette emblématique : une moitié de visage hurlant, le célèbre logo avec ce « E » inversé. Enfin il y a bien sûr une collection d’hymnes
thrash jamais redondants dans les idées ou les structures, faisant de l’écoute un régal de chaque instant notamment du fait de la qualité technique des musiciens, les solos étant particulièrement enlevés.
En synthèse, ces premiers pas de
NO RETURN sont tout simplement parfaits au regard des moyens de l’époque et absolument rien n’aurait pu être mieux fait. J’étais encore un peu jeune pour découvrir ce fleuron lors de sa sortie et je ne m’y suis penché dessus que très tardivement mais le plaisir en a sans doute été encore plus grand car se faire rouster par un album alors que l’on a plusieurs décennies de
metal derrière soi, cela n’a pas de prix. Comme j’ai pu le lire (sauf que c’était dit pour «
Contamination Rises », point sur lequel je ne suis pas d’accord), c’est un peu leur
« Beneath the Remains ». Merci les gars, pour ça et pour ce qui va suivre et ayons une pensée pour
Laurent Janault, bassiste originel, décédé en ce début d’année.
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27/08/2023 18:53
27/08/2023 18:51