Après un
« Sic Lvceat Lvx » inintéressant au possible et un
« Contradiction » touchant du doigt le ciel divin, les Suisses de Schammasch sont de retour. Et vu que le premier album était simple et que leur deuxième était double, leur troisième est donc logiquement un triple-CD. Évidemment, en tant qu'amateur de la formation, j'étais plutôt enjoué à l'idée d'un retour de cette formation prometteuse et n'ayant plus rien à prouver en terme de composition après ce
« Contradiction » tout de même sévèrement envoyé. Sauf que bon, sortir un Triple-Album, c'est bien beau mais c'est tout de même extrêmement risqué, surtout vu la longueur absolument colossale de ce « Triangle ». Alors Schammasch ou ça ne marche pas ? Réponse tout de suite.
Inutile de faire durer le suspense plus longtemps puisque la note est affichée en haut à droite de cette chronique. Non, définitivement, là où le double-disque de
« Contradiction » développait l'ambiance sans l'étouffer, « Triangle » implose notre cerveau qui - après avoir instantanément fondu au début du deuxième disque - lutte pour sa survie, surtout sur les quatre ou cinq derniers morceaux. On a l'impression d'être Celta Vigo qui jouerait un match de trois jours contre le FC Barcelone, ceux-ci plaçant un but toutes les vingt minutes. Alors au début, c'est cool, on est fair-play, on a un moins bon effectif et même si on subit le jeu, on reste admiratif devant le talent de l'adversaire. Sauf qu'au bout du troisième jour / disque avec un score de 48 à 0, on en peut plus, on veut rentrer à l'hôtel, prendre une douche et éventuellement aller jouer contre Gijon ou Eibar, histoire de se prouver qu'on est pas forcément obligés de passer sa vie à se faire allumer la tronche.
Et puis les mecs, est-ce que c'était franchement nécessaire que de nous sortir un troisième disque intégralement constitué de percussions et de flûtes orientales ? Est-ce que ça n'aurait pas été plus malin de les incorporer dans les morceaux Black Metal pour souligner le choix d'ambiance sans pour autant l'imposer à l'auditeur pendant trente minutes ? On a donc deux disques de Black / Doom habituels, formant les parties I et II de « Triangle », et ce troisième intégralement ambient. On notera tout de même un premier mouvement plus « classique » et un deuxième disque légèrement plus expérimental (et qui est clairement le meilleur des trois, mais j'y reviendrais). Tout ça pour une durée approximative que j'évaluerais à deux bonnes heures (!!!!!!) de Black / Doom Suisse.
Alors bien sûr, sur cette kyrielle magmatique de morceaux, il y a de vraies petites bombinettes pas piquées des hannetons qui nous sortent du coma. On citera l'excellentissime « Above The Stars Of God » qui est probablement le meilleur morceau de Schammasch, « Metanoia » qui propose une très bonne utilisation du chant clair (ce qui est le cas sur 90% du second disque), « Conclusion » aux allures bluesy qui nous fait retrouver ce feeling si cher à Schammasch ou encore un « The World Destroyed By Water » qui propose son lot de riffs tournoyants envoyés avec classe et talent. Et là, si vous regardez la tracklist, vous vous rendrez compte que tout ces morceaux proviennent du deuxième disque, pièce ô combien phare de ce triptyque qui, s'il avait été sorti comme album simple aurait probablement reçu une très bonne note de ma part.
Seulement ce n'est pas le cas et il faut bien avouer que se farcir un inutile « The Empyrean » ou un plutôt moyen « Consensus », dépassant tous les deux les sept minutes n'est clairement pas très enthousiasmant. Autre problème, « Triangle » nous offre une bonne dose de titres courts et frontaux (ou Schammasch n'a jamais excellé, c'était là le principal problème de leur premier opus...) qui – en plus de casser l'ambiance – n'ont pas le monopole mondial de l'efficacité... Autant dire qu'on aurait mieux vécu notre trip musical s'ils n'avaient pas été là. Alors, certes la pilule passe un mieux si l'on décide de voir ce triple-album comme une compilation de trois ambiances différentes et non comme un tout à écouter d'une traite. Mais même prises indépendamment les unes des autres, les différentes pièces ne sont pas vraiment au niveau de celles qui faisaient le succès de
« Contradiction ».
Trop long, « Triangle » l'est assurément et il faut bien du courage pour oser le relancer dans la platine. L'exercice est probablement trop ambitieux et la formation a eu les yeux plus gros que le ventre. On ressort donc de cette épreuve (parce que là, ce n'est plus un plaisir pour personne) comme on ressort d'un atelier au Pôle Emploi : éteint. Et même si j'aime Schammasch, je dois bien avouer que je me suis senti partir dans les bras de Morphée plus d'une fois et que je me suis subitement dit « Mais pourquoi j'écoute ça ? ». Échec critique.
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