Il aura fallu patienter près de trois ans pour se repaître d’un nouveau
NO RETURN, sachant que
« Contamination Rises » avait gravé le nom du groupe en haut de la liste des meilleurs albums de
death metal du début des années 90, ce qui n’était pas une mince affaire vue qu’à cette période chaque sortie était vouée à devenir un classique immortel. (Bon, là c’est moi qui brode, la réalité me laisse à penser que cet album est sous côté au possible). En plus, quand on voit l’écart qualitatif qui séparait
« Psychological Torment » de son petit frère, le fan espérait sans doute le même exploit entre «
Contamination Rises » et «
Seasons of Soul ». Seulement, entre temps, le guitariste
Eric le Baron a quitté le navire et personne n’est venu apparemment seconder
Alain Clément, sans compter que le micro est passé de
Philippe Ordon, qui faisait pourtant désormais des merveilles avec son timbre à la
Barney, à
Tanguy Bourgeois dont le chant un brin constipé est sans commune mesure avec celui de son prédécesseur. Et puis les gars c’est quoi cette triste pochette pixelisée à mort rappelant un vilain jeu Amiga 500 ? Il se passe quoi bordel ? Rien d’autre que l’éternel problème de line up semble-t-il ainsi que la quête éternelle d’une nouvelle identité sonore… Est-ce pour cela que nous avons l’impression d’écouter un tout autre groupe ? Un machin qui serait à la croisée de
PROTON BURST, du «
Chaos A.D. » de
SEPULTURA, de quelques plans groovy à la
PANTERA, de l’esprit industriel de
FEAR FACTORY et d’un
death metal réduit à sa plus simple (pauvre) expression ? La déception qu’a pu occasionner ce disque chez les fans de la première heure est plus que compréhensible… Mais cela en fait-il pour autant un mauvais album ? Je dirais plutôt une transition certes un peu maladroite mais aussi surprenante que méritante puisque pour le suivant «
Self Mutilation »
NO RETURN va à nouveau changer de chanteur (come on le fameux
Zuul) et de bassiste, intégrant même un clavier en la personne de
Malko Pouchin, ce qui est certainement le début de la grande débâcle du turn over incessant… Mais putain nous ne demandions rien d’autre qu’un «
Contamination Rises » bis !
Si j’ai l’air un peu colère, ce n’est qu’un faux-semblant. Car je l’aime d’un amour vrai ce «
Seasons of Soul ». Déjà parce qu’il s’ouvre sur « Paralysed Conflicts », l’un des meilleurs titres de la compilation
« Brutale Génération », ensuite parce qu’il défriche selon moi la voie à des formations telles que les débuts de
DIRGE voire d’un
M.PHERAL, c’est-à-dire un
death plus atmosphérique, davantage axé sur des rythmiques répétitives, des mid-tempos pesants, même si
NO RETURN conserve le goût des solos (« Loaded Gun ») et, globalement, du
metal.
Il reste que ce disque a divisé. A juste titre d’ailleurs car si je me place d’un pur point de vue d’un fan de brutalité morbide, je peux aller copieusement me faire cuire le cul. Tout ce qui faisait le génie de «
Contamination Rises » a disparu au profit d’un gloubi boulgras (la faute est voulue) indéfinissable mais en cela génial puisque étant dans l’incapacité de le rattacher totalement à quelque chose de connu à cette époque, et ce même si des plans de « While Poverty Reigns » me renvoient au « Davidian » de
MACHINE HEAD, mais cela provient peut-être d’un dysfonctionnement de mon oreille interne. En revanche, si j’essaie d’ouvrir mes chakras, je ne suis pas loin de dire qu’il s’agit de mon disque favori des Parisiens. Pourquoi ? Parce que je lui trouve une inventivité, une intension, que le chant n’est finalement pas si terrible, parce que « Circle of Hypocrisy », parce que c’était l’époque, parce qu’on portait des t-shirt manches courtes sur des manches longues (je le fais encore cela dit), parce que je pensais être jeune et cool alors que maintenant je suis vieux et certainement réac, parce qu’on s’en branle au final. «
Seasons of Soul », c’est probablement l’album oublié de la discographie du groupe, l’orphelin, l’enfant disgracieux que l’on cache alors que ce sont justement ses malformations qui en font un objet d’excellence ! On l’aime son bec de lièvre, on l’aime son pied bot, on l’aime son vice de conformation et même si, à mon sens, le groupe n’atteindra plus jamais les sommets de «
Contamination Rises », «
Seasons of Soul » demeure une sortie importante pour le metal français, bien plus que les
« Sick » ou autre «
C.O.L.D. ».
Comment ça je n’ai pas vraiment parlé du disque, de sa production, de sa genèse, de ses solos, de ses riffs, de ses textes, de son impact, de sa portée philosophique ? Bah écoute-le mon gars ! C’est la seule chose de viable à faire dans ce triste monde. Ces douze titres, je les assimile à de la nostalgie pure, le parfum d’une époque révolue qui s’achèvera de toute façon avec «
Self Mutilation » puisque
NO RETURN entrera alors dans sa pure période
thrash death qui fera
in fine son succès. Pour ma part, je pourrai affirmer que je me suis arrêté là, à cajoler ce mouton noir, en essayant de le réconforter puisqu’il restera à mes yeux un emblème honni des années 90.
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16/10/2023 12:58
16/10/2023 09:27