Après vous avoir présenté les allemands de Protector à travers la chronique de l'excellent
A Shedding Of Skin, permettez-moi de revenir aujourd'hui sur un EP sorti un an auparavant (1990) et intitulé
Leviathan's Desire. Malgré un délai relativement court entre ces deux sorties (un an et quelques mois), la composition du groupe n'était pas tout à fait la même. Olly Wiebel n'avait à sa charge que le chant alors qu'à la guitare on trouvait un certain Hansi Müller qui choisira de quitter l'aventure après la sortie de ce EP. La basse et la batterie étaient par contre déjà tenues respectivement par Ede Belichmeier et Michael Hasse. Sortie en vinyle et en CD, on note cependant que le tracklisting n'est pas tout à fait le même en fonction du support choisi. Ainsi, l'édition vinyle ne comprend que cinq titres alors que la version CD en compte huit grâce à la présence de trois titres bonus tirés du EP
Misanthropy paru en 1987. Si on peut saluer le geste, il est difficile de comprendre pourquoi seulement la moitié des titres y ont été ajouté. Tant qu'à faire, il aurait été plus judicieux de mettre l'intégralité du EP concerné. Dommage.
Comme mentionné plus haut, ce disque est sorti pour la première fois en 1990. Aujourd'hui, comme beaucoup d'albums parus à cette époque,
Leviathan's Desire souffre quelque peu du poids des années qui passent, notamment au niveau de la production qui manque cruellement de pêche et vous obligera à monter le volume plus qu'il ne le faudrait. Mais c'est bien là le seul défaut que je pourrais trouver à ce EP tant Protector a fait encore ici de l'excellent boulot. Les Allemands, déjà bien rompu à l'exercice puisque le groupe comptait déjà à son actif deux albums, un EP et plusieurs démos, nous offre ici un avant-goût de l'excellent
A Shedding Of Skin en proposant à l'auditeur un savoureux mélange de Thrash agrémenté de quelques réminiscences Death Metal.
Passé cette introduction aux allures de marche militaire, Protector entame les présentations d'une façon on ne peut plus dynamique grâce à une guitare et une batterie bien en jambe. Énormément de groove pour une mise en bouche alléchante, pleine d'énergie à vous dévisser les cervicales. Mais alors que tout semble bien parti, Protector décide de hausser le ton en accélérant franchement la cadence. Un rythme particulièrement soutenu sur lequel Michael Hasse n'hésite pas à blaster. Loin de baisser en régime, Protector continue ainsi sur sa lancée avec des titres simples, véloces et terriblement efficaces qui n'en oublient pas pour autant de varier les plaisirs. Ainsi les breaks sont ici légion ("Humanized Leviathan" à 2:20, "Subordinate" à 1:03 et 2:02, "Mortal Passion" à 0:43 et 2:13...), apportant ainsi ce qu'il faut de variété et de groove pour ne jamais sombrer dans un Thrash bête et méchant sans grand intérêt. On retrouve également quelques leads/soli bien sentis venus apporter une touche de mélodie à l'ensemble ("Subordinate" à 1:47, "Mortal Passion" à 1:46, "Kain And Abel" à 2:03...) ainsi que ce chant puissant et profond d'Olly Wiebel s'extirpant ainsi d'une certaine tradition Thrash, surtout pour l'époque. Une voix grave, presque Death qui confère à Protector une originalité certaine et donne ainsi à sa musique une véritable force de frappe supplémentaire.
Enregistré en 1987,
Misanthropy est le premier EP de Protector et fait suite à deux démos intitulées "Protector Of Death" et "Kain And Abel - Rehearsal". Sur ce premier EP figurent six titres dont seulement trois ont été ajoutés ici en guise de bonus. On retrouve ainsi les trois premiers titres à savoir "Misanthropy", "Holy Inquisition" et "Agoraphobia". Sur le fond, la musique de Protector demeure identique, un Thrash rapide et peu enclin à toute notion de finesse. Toutefois on remarque quelques différences. La plus flagrante se situant notamment au niveau du chant puisque ce n'est pas Olly Wiebel qui officie derrière le micro mais Martin Missy, premier chanteur de Protector qui a d'ailleurs réintégré les rangs de la formation allemande en 2011. Moins grave, moins profonde, moins radicale, les lignes de chants de Martin Missy se rapprochent davantage de ce que le Thrash proposait à l'époque. Cependant, on sent quand même dans ses vocalises l'envie de se démarquer en offrant une prestation virile et musclée. La production est quant à elle moins percutante que celle de
Leviathan's Desire, les guitares se font notamment moins puissantes et moins agressives. Rien de gênant, surtout replacé dans le contexte de l'époque.
Moins bien produit que l'album qui suivra, l'excellent
A Shedding Of SKin,
Leviathan's Desire constitue néanmoins un redoutable disque de Thrash Old School. Du Thrash plutôt original pour l'époque puisque flirtant sans vergogne avec le Death Metal. Certes, les vingt trois ans qui séparent la sortie de ce EP à la rédaction de cette chronique se font quelque peu sentir mais tout amateur de Thrash qui se respecte ne peut décemment pas passer à côté d'une telle référence. N'hésitez pas à passer outre cette horrible pochette pour vous pencher sur un Thrash puissant et vindicatif qui malgré son âge n'a pas à rougir de ce qui se fait aujourd'hui.
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