Protector n'a pas eu une carrière particulièrement facile. Entre le décès en 1992 de son batteur/chanteur Michael Hasse, les changements de line-up et de labels à répétition et une cessation d'activité que l'on a cru définitive (entre 2003 et 2011) après déjà dix ans d'un néant discographique fait de compilations en tout genre, autant dire que l'on ne donnait pas cher de la peau des Allemands. Contre toute attente, alors que je les découvre sur le tard (via l'excellent
A Shedding Of Skin), voilà que j'apprends que Martin Missy – chanteur entre 1987 et 1989 sur
Golem et
Urm The Mad - et sa (nouvelle) bande s'apprête à faire leur grand retour, vingt ans après
The Heritage, dernier album studio en date. Un petit événement pour tous les amateurs de Thrash ayant grandis dans les années 90.
Alors que le groupe n'est plus que l'ombre rachitique et maladive de lui-même, Martin Missy se décide de son côté à quitter l'Allemagne pour la Suède et fonde en 2006 le cover band Martin Missy And The Protectors. Une ultime tentative de faire vivre encore un peu plus longtemps cette entité depuis trop longtemps meurtrie. Evidemment, il ne faudra pas longtemps pour que l'envie de faire renaître Protector ne prenne le dessus. Après avoir enfin stabilisé son line-up, le groupe enregistre alors en 2011 une démo intitulée
The Return Of Thrash And Madness avant de poursuivre avec
Reanimated Homunculus, un cinquième album plutôt inattendu sorti au mois de septembre sur High Roller Records.
Après une tripoté d'artworks souvent assez dégueulasses (mention spéciale pour l'horrible
Leviathan's Desire), Protector s'est enfin adjoint les services d'un homme compétent en la personne de Christian Wahlin aka Necrolord. Bon, ce n'est peut-être pas son meilleur travail à ce jour, mais cela reste tout de même bien au dessus de ce à quoi le groupe nous a habitué jusque là. En tout les cas, voilà un artwork qui devrait pousser quelques curieux a franchir le pas d'une première écoute même si malheureusement, cela ne suffira pas à faire de
Reanimated Homunculus un des albums de l'année, loin s'en faut...
Première déception, une production rachitique et sans puissance qui donne le sentiment que Protector tape trop souvent dans le vide. Si pour un disque sorti à la fin des années 80, on pardonnera aisément ce genre d'errance, c'est tout de suite moins vrai pour un groupe de Thrash qui signe son grand retour en 2013! Une production qui manque particulièrement d'envergure et qui porte inévitablement préjudice à la musique de Protector qui souffre d’un manque d’impact évident. Sans forcément tomber dans les travers d'une production massive, tout en démonstration de force et même si j’apprécie aussi les productions bien old school, on aurait aimé davantage de "couilles" de la part du groupe germano-suédois qui aujourd'hui fait tout de même bien pale figure face à la concurrence.
Mais j'aurai pu m'accommoder d'une telle production si elle avait été compensé par une réelle qualité d'écrire. Malheureusement, on ne peut pas dire que ce soit le cas et je suis bien obligé de reconnaître que Protector à échoué dans son come-back. Car malgré de nombreuses écoutes, j'ai encore bien des difficultés à retenir quoi que ce soit et surtout je n'y prends absolument aucun plaisir. Les moments de bravoures sont ici bien trop rares pour un groupe de la trempe de Protector et c’est finalement l’ennuie qui pointe assez vite le bout de son nez. Et comme souvent, c'est la qualité des riffs qui est ici en cause. Le travail de Michael Carlsson, unique guitariste du groupe, est en effet particulièrement quelconque. Quelques secondes suffisent d’ailleurs pour s’en rendre compte avec "Sons Of Kain", un premier titre d’une banalité affligeante sur lequel le guitariste Suédois peine à convaincre. Il y a bien quelques passages sympathiques notamment lorsque Protector ralenti la cadence à 1:17 ou à 2:22 mais pour le reste, ça ne va vraiment pas chercher bien loin. Triste constat d’entrée de jeu qui va malheureusement se vérifier tout au long de ce
Reanimated Homunculus particulièrement décevant. Entre ce title track mou du genou, "Birth Of A Nation" et ses riffs affreusement convenus, l’anecdotique et finalement agaçant "The End"... En fait, il me serait beaucoup plus rapide de vous faire la liste des quelques séquences intéressantes tant ce nouvel album se veut absolument quelconque. On s’ennuie ferme, même lorsque la cadence se veut soutenue malgré une force de frappe inexistante ("Lycopolis", "Road Rage", "Calle Brutal"), et au final il n’y a pas grand chose à quoi se raccrocher. Même le chant de Martin Missy, qui a pris un petit coup de vieux, réussi à m’ennuyer au bout d’un certain temps. On ne pourra pas lui reprocher d’être volontaire mais sa voix, qui tire désormais vers le Black Metal, a malheureusement perdu en agressivité se faisant presque inoffensive...
Triste constat que je ne m’attendais pas à dresser à propos d’un groupe comme Protector qui, s’il n’est pas vraiment (re)connu encore aujourd’hui, a pourtant sorti dans les années 90 des albums de Thrash, Death/Thrash absolument imparables pour tout amateur qui se respecte. Avec
Reanimated Homunculus, Protector échoue à tous les niveaux, de la composition à l’impact en passant par l’atmosphère et bien entendu la production. Ecouté afin de le chroniquer, il est tout à fait évident qu’à partir de maintenant je n’y reviendrai jamais. Merci. Dommage. Au revoir.
5 COMMENTAIRE(S)
30/12/2013 20:42
30/12/2013 20:20
Pour le reste de l'album, mouais, du Thrash/Death assez convenu et pas toujours inspiré.
30/12/2013 15:36
30/12/2013 14:24
30/12/2013 14:14
Un de mes albums de chevet, avec une première partie assez dantesque pour ma part. Les fans des albums passés vont se régaler, et la production est adaptée à ce style.
Bref, riffs inspirés, vocaux typés fin 80's, en tout points le digne successeur de "Golem".
Comme quoi, les goûts et les couleurs...