« Promenons-nous dans les bois, Devin nous emmène là-bas … »
Après nous avoir initiés aux plaisirs auditifs associés à l'eau, la terre, l'infini, la physique et j'en passe, le Professeur Townsend nous emmène suivre une classe verte dans les sous-bois ombragés pour voir si les écureuils assurent à la 6 cordes … Et s'il est vrai que nos amis sciuridés arboricoles (si si, ça existe: un peu lourd comme périphrase mais bon …) des bois Deviniens savent accoucher d'un metal de première classe, c'est en respectant le calme qui sied au milieu sylvestre : point de goregrind ni même de
SYL sur « Synchestra ». Cette galette respire en effet la sérénité, la plénitude, une sorte de bonheur calme fleurant bon le résineux, bref des tableaux qui auraient inspiré à tout autre compositeur que Devin des niaiseries insipides et chamallowesques, mais qui donnent naissance, entre les doigts magiques du Canadien, à des hymnes grandioses à la gloire et la beauté de la Nature.
Apaisé pour je ne sais quelle raison – personnelle ou autre, ne comptez pas sur moi pour éplucher les pages people des canards metal afin de vous apprendre si Devin a suivi une cure de relaxation par le sommeil ou s'il a réussi à atteindre l'orgasme anal :) –, M. Townsend réussit cette fois à mettre quasiment tout le temps de côté son agressivité et à laisser s'exprimer le côté « lumineux » de la force, tout en canalisant cette expression dans une thématique Nature & Découverte.
Pour continuer à faire peur aux affreux jojos qui ne jurent que par l'hémorragie de l'oreille interne, sachez que « Synchestra » contient son lot de morceaux relaxants (« Mental Tan », « Judgement », « A Simple Lullaby », « Sunset » …), qui – je dois bien l'avouer – bien que très beaux, peuvent être taxés de soporifiques (tapez-vous l'enchaînement des 3 derniers titres cités ci-dessus au pieu, avec un casque, et dîtes-moi si vous ne partez pas dans les bras de Morphée). Les samples utilisés ici sont loin de ceux en usage chez les Mortician et consort : grenouille, petits zoziaux et coq sur « Hypergeek », grenouille encore à la fin de « Judgement », oiseaux et pluie sur la forêt à la fin de « Notes from Africa » : on est clairement plus dans le bucolique que dans la colique bue. Bref, pour en finir avec les aspects qui pourront sembler négatifs à toute une frange de métalleux : OK, ici ça speede pas ou peu, les thématiques sont tout sauf evil, et vu superficiellement, çà fait un peu « Le livre de la jungle » expliqué au bébé-rockers.
… Ca y est, les plus obtus ont quitté le navire ?
Bon, maintenant qu'on est entre personnes raisonnables, creusons un peu le cas « Synchestra ». J'avoue qu'au vu du tableau précédemment brossé par mon affreux frère jumeau, rien de très très alléchant, à moins d'être principalement attiré par les œuvres zen. Sauf que comme d'habitude, tel Midas (pas le "pro du pot" hein …), ce que Devin touche, il le transforme en or. A cet égard, tout le début de l'album est proprement fabuleux. Ainsi, après « Let it roll » - intro parfaite qui part du dénuement le plus absolu pour monter progressivement en puissance, utilisant les invariants Townsendiens que sont le mille-feuille de chants superposés et les grattes chaleureuses au son « enveloppant » - on débarque dans la première clairière musicale avec « Hypergeek », court morceau puissant, épique et serein à la fois, où des sursauts Strappinguiens n'entravent pas la démarche résolument positive de l'album. Suit « Triumph », autre de ces moments où Devin atteint l'olympe des compositeurs touchés par la grâce divine : tout y est, puissance, grandeur, rage, sérénité (oui, même si ces deux derniers qualificatifs ont l'air antinomiques), refrain qui casse tout (« One world, collective … »), passage country barré à la
Infinity (à 3:43), solo de dément - mais parfaitement intégré - de Steve Vai (à 5:15) … l'extase ! Puis « Babysong » démarre en gros sucre d'orge qui colle aux dents mais finit, à partir de 3 :39, en une explosion Townsendienne du meilleur goût. Encore un peu plus loin, « Vampolka » et « Vampiria » sont une agréable parenthèse délire dans un océan de zen. Dernier morceau qui me transporte vraiment, « Pixilatte » est une pièce incantatoire d'inspiration tribale, qui débute par un chant arabo/amérindien et qui évoque – même sans prise de substance illicite – l'envol d'un esprit chamane, temporairement incarné en faucon, au-dessus d'une forêt s'étendant à perte de vue … comme quoi, vu l'hallu' que ça provoque, « Synchestra » c'est d'la bonne !
On pourra reprocher à « Synchestra » une attitude un peu trop cool pour être franchement metal. On pourra aussi lui reprocher le déséquilibre entre une première partie d'album fabuleuse et une seconde partie plus calmos/pop. Quoiqu'il en soit, cet album est mille pieds au-dessus de la concurrence, et faire la fine bouche relèverait du plus pur snobisme musical.
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