A la fois puissant, calme, ample, dense, serein … le 1er épisode des aventures de Devin au pays des plaisirs solitaires (musicaux les plaisirs, voyons !) atteint bien son but : les qualificatifs qu'il inspire à l'auditeur évoquent les images marines d'un océan dont on sait qu'il pourrait être terrible s'il sortait de ses gonds, mais qui se contente de dominer son monde de son imposante majesté et de sa puissance sous contrôle …
Avec "Ocean Machine", Devin Townsend entend en effet se poser, sortir de ses obligations Strappinguiennes qui lui imposent extrémisme et outrages sonores. Ce premier opus solo lui permet une approche plus sereine, plus apaisée de la musique. Il est venue le temps des rires et des chants, des hymnes jolies oui c'est un paradis … hum, reprenons : il est enfin possible pour Devin de composer des morceaux joyeux ("Life", "Hide Nowhere"), de respirer lors de légères et fragiles parenthèses musicales ("Sister", "3 A.M."), de goûter à une approche plus pop du metal ("Thing Beyond Things") … bref, après le pêtage de câble non stop, le père Townsend avait besoin de respirer. Et avec quelle maestria (traduction pour la génération SMS : avec KL PUT1 2 KLASS) s'exécute-t-il ! Comme souvent dans l'oeuvre du bonhomme, on retrouve des morceaux où l'espace sonore est rempli de façon extrêmement dense. Les guitares sont amples et volumineuses, les pistes de voix et d'effets se superposent, le tout sans qu'à un seul instant on se sente perdu, écrasé par le résultat : non, tout est tout le temps limpide, léger et lumineux … ouais, il y a clairement de la magie là-dessous !
Alors non, contrairement à ce que pourrait laisser croire le paragraphe ci-dessus, on ne se retrouve pas ici avec un album de Elton John metal : les grosses grattes sont là, les rythmiques sont bien metal/rock, la tonalité est parfois sombre, la tension affleurante ("Seventh Wave", "Night"), ça barde même franchement de temps à autres (Aaaargh : "Regulator") ! Un côté joyeux/barré particulièrement jouissif – qui sera plus amplement développé par la suite sur "
Infinity" - apporte également beaucoup de punch par moment ("Hide Nowhere"). Et pour couronner le tout, on atteint régulièrement des états de véritable extase musicale (non je ne prends rien quand j'écoute cet album, pourquoi ?), par exemple sur l'ouverture de "Life" (rhââââââ ces lignes de gratte !), sur son refrain ("Hoooooow loooooong can this liiife go on, who we are what we are … I'll see you on the otheeeer side !"), ou encore sur le riff démarrant "Greetings" ... et je pourrais multiplier les exemples.
Maintenant, il semblerait qu'un consensus généralisé (si si, allez vous promener dans les vertes contrées alentours et tendez l'oreille) veuille que "
Infinity, c'est vachement bien, mais Ocean Machine est quand même un niveau au-dessus". Là-dessus, je serai sans appel: "Et ta soeur, elle bat le beurre ?" (Ouais je sais, c'est cruel, mais fallait pas me chercher là !!). Vous l'aurez compris en regardant la note-là-à-droite et en lisant la prose ci-dessus, j'adore "Ocean Machine" ... mais à mon sens, il manque à ce dernier le grain de folie, le pêtage de plombs, le côté un peu inquiétant même, qui emmène "
Infinity" plus loin, plus haut, plus fort dans la créativité et la grandiositude (@copyright Ségo). "Ocean Machine" est fabuleux, mais un poil trop gentil, trop serein, trop "pop" ... par rapport à son petit frère, ce qui fait qu'il n'en atteint à mon sens pas les sommets. J'avoue que je lui trouve même des longueurs (à la fin de "Regulator ", dans " Bastard " ou même "The death of music").
Peut-être aussi que, "Ocean Machine" étant sorti avant "
Infinity", ceux ayant découvert les deux albums dans l'ordre chronologique auront perdu l'effet de surprise en écoutant "
Infinity", cet album n'ayant alors à leurs oreilles pas la fraîcheur du premier ... Je sais pas, toujours utile que "Ocean Machine" est fabuleux, et qu'il doit de toutes façons figurer dans votre CDthèque - au même titre qu'"
Infinity", vous l'aurez compris.
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