Ocean Machine,
Infinity … et finalement Physicist : il aura eu beau faire Devin, chassez le Strapping, il revient toujours au galop ! En effet, le Mr Hyde Townsendien ne sera finalement pas resté bien sagement de son côté de la frontière artificielle que le Dr Devin aura tenté de tracer entre ses deux groupes. Dans le 3e opus « solo » du Canadien le plus barré de l'histoire du metal, l'actualité est au retour de la violence sonore et des rythmiques plombées.
L'aspect le plus évident de ce retour de l'affreux frère jumeau au sein de la maison Townsend, c'est bien sûr la palette de musiciens qui vient apporter son soutien à Devin le temps de l'album … Je vous le donne en mille : Byron Stroud, Jed Simon et Gene « mighty » Hoglan, autrement dit toute l'armada
SYL au grand complet. Vous y croyiez vraiment vous à un possible phénomène de schizophrénie de groupe qui aurait permis aux deux entités musicales de rester bien distinctes l'une de l'autre ? Tu parles … L'arrivée de cette joyeuse bande de tueurs a pour effet de coller un gros turbo-propulseur au cul de la grande majorité des titres de Physicist, ce qui restera sans doute en travers de la gorge des amateurs des aspects les plus délicats d'un
Ocean Machine. C'est sûr que l'utilisation extensive de la double par Mr Hoglan (quand ce n'est pas purement et simplement du bon vieux blast – cf.
Death) ne permet pas de s'attarder à développer de délicats plans aériens comme Devin le faisait plus souvent dans le passé. Des morceaux comme
Namaste,
Victim,
Devoid, et surtout
Death et
The Complex (co-écrits avec le susmentionné batteur) portent les traces indélébiles de
SYL. Et au-delà du partage des musiciens, c'est véritablement la démarche musicale qui rapproche les deux groupes. La violence sonore, les rythmiques saccadées, la densité bruitiste, toutes ces marques de fabriques
SYL-esques sont largement reprises sur cet opus.
Alors, Devin s'est laissé déborder par le côté obscur de la force et ne contrôle plus ses progénitures musicales ? Mouais, pas si simple. En fait, la démarche semble délibérée : à sa sortie, Devin parlait de Physicist comme d'un croisement entre
Strapping Young Lad et les Spice Girls ! So, if you wanna be Devin's lover, you gotta be
SYL's friend … Pour être honnête, point de trace des bimbos épicées à l'horizon … Non, ce sont plutôt les lutins ch'tarbés de
Infinity qui sont venus partouzer avec les cyber-Golgoths de Strapping. Un des exemples les plus frappants de cet accouplement incestueux est donné dans le titre d'ouverture,
Namaste : la double puissante de Gene (non, je ne parle pas de cette paire là !), les grosses grattes et les vocaux super agressifs de Devin se retrouvent à y faire équipe avec un chœur de Bisounours qui lance des « Na-na-na-na-na ! » et un « synthé » discret mais hyper présent qui remplit le fond sonore de sons spatiaux. Et en effet, de morceaux en morceaux, ce mélange improbable prends corps, devient évident, et on se surprend à ébaucher des oxymores aussi improbables que « Violence sautillante », « Agression joyeuse » ou encore « Grosse baffe joviale dans ta face de cyber-lapinou » pour qualifier les impressions que font naître les morceaux qui défilent.
Namaste, le « dansant » (ouarf !)
Victim et son refrain de tueur (« I'm ready to go ! »),
Kingdom – où Devin marie le bûcheronnage d'un
Decapitated avec un chant poignant et délicat (raaah, le passage à 0:43 !!) : tous ces morceaux sont un gros doigt aux mauvais coucheurs qui ne digèrent pas le cocktail que Devin veut nous faire boire sur Physicist.
Rassurons quand même les indécrottables non violents qui risqueraient de se détourner de cet album pour cause de dépassement de la vitesse maximum autorisée : vous allez aussi y retrouver vos petits :
Material (et son refrain fabuleux …) voit Devin retourner dans les profondeurs abyssales de l'océan machinien pour nous proposer une visite guidée d'une ville engloutie (perso', à 1:19, je rentre dans la ville d'Ys par les grandes portes).
Kingdom voit – en partie seulement, mais en
grande partie - le retour d'un Devin fragile et suppliant (« Stay with meeeeeeee »).
Irish Maiden apporte une grosse dose de groove, et la principale mélodie de gratte y est très cartoonesque, comme on serait en droit de l'attendre d'un morceau d'
Infinity. Et la fin d'album, sur
Jupiter et les 11 minutes de
Planet Rain, ne fait que confirmer à l'amateur d'un peu de douceur dans un monde de brutes que – quand même – Devin c'est de la bonne, même sans gilet pare-balles !
Il est néanmoins vrai que Physicist est généralement moins estimé que ses deux prédécesseurs. Il souffre en effet d'une légère impression de déjà entendu … mais quand on a une marque de fabrique aussi reconnaissable, aussi personnelle, comment pourrait-il en être autrement ? On reproche aussi à cet album de n'être pas assez homogène, d'avoir un peu le cul entre les deux chaises
SYL et TDTB… pfff, c'est vraiment faire la fine bouche !! A ces ronchonnades de métalleux qui se serait levé de l'oreille gauche, je répondrai par un « Bah ! » Achille-Talonnesque et par la note ci-dessus à droite qui – dans ce cas - vaut mieux que tous les beaux discours.
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