L’avantage avec ce stakhanoviste de DEVIN TOWNSEND, c’est qu’on se remet d’autant plus facilement d’une déception récente -
un « Ghost » soporifique à réserver aux sophrologues en exercice, le bordel pas si joyeux de « Deconstruction » - que l’on sait l’ex-savant fou de STRAPPING YOUNG LAD véritable bourreau de travail, rarement à court d’idées et de projets explosant volontiers les limites du raisonnable. Raisonnable ? Voilà bien un adjectif qu’on aura du mal à accoler au génie Canadien, qui revient ici en galante compagnie (ANNEKE VAN GIESBERGEN, pour vous ravir) sur ce qui apparaît très vite comme une
enhanced version du volet le plus réussi de la dernière quadrilogie :
« Addicted » 2 le retour, on prend les mêmes et on recommence ?
L’histoire se répète mais il n’est pas interdit de faire mieux que précédemment, quand bien même
"Addicted" frôlait déjà l'excellence. Car si l’apparente austérité de
« Ki » débouchait sur pas mal de bons titres, on aura tout de même plus facilement intégré les quelques bijoux de superpower pop metal (et une étiquette à la con supplémentaire, une !) que sont « Universe In A Ball ! », « Bend It Like Bender ! » et « Hyperdrive ! »,
« Addicted » souffrant seulement à mon sens d’une seconde partie de programme un bon cran en dessous (les errances de « Ih Ah ! », entre autres) de ce fulgurant démarrage. La bonne surprise ici, c’est que l’autre divin chauve a enfin réglé ses problèmes de tracklisting et que l’électrique frontman marche enfin en courant continu, bien aidé ici par le formidable abattage d'Anneke : en effet, si aucune surprise de taille n’est à attendre en termes de contenu, vous serez enchantés d’apprendre que sur « Epicloud », la machine à hits tourne à plein régime ! Mais surtout, surtout, gardez bien en mémoire que les contours popisants dont se parent les treize bombes qui le composent n’interdisent en rien d’en prendre plein la gueule. Preuve s’il en est qu’il n’est nul besoin d’agir sous le couvert du pavillon SYL pour tout exploser sur son passage, « Epicloud » fera tourner de l’œil aux égarés pour qui MUSE représente le summum de la puissance rock dès les premières mesures de « True North », pourtant débutée sous des auspices gospel bien traîtres (l’opener « Effervescent »). Et si c’est à un DEVIN TOWNSEND en mode positive attitude auquel nous avons affaire, le bougre ne suspend la dérouillée (la « Bad Devil » équivalence « Lucky Animals », la délicieusement speedée « Liberation ») que le temps d’une « Where We Belong » faisant office d’aimable passe plat, à l’image de « Divine » et « Grace ». C’est ainsi, en jouant à intervalles réguliers la carte de l’apaisement, que Devin met le mieux en valeur une merveille du calibre de « Save Our Now », meilleure pioche de l’album avec son refrain magique et ses rythmiques bondissantes ; un chant subjuguant et des guitares diaphanes qui évoquent un lointain PROJECT EKO (le bonus CD sur
« Accelerated Evolution »), en bien plus abouti et accrocheur. Un sublime jeu de ping pong vocal entre un maître du jeu de démolition et sa troublante partenaire, qui en a vu d’autres (son caméo chez NAPALM DEATH sur deux titres de « Smear Campaign »). Une puissance brute couplée au meilleur de la mélodie pour une décharge émotionnelle rare, faisant craindre une cruelle baisse de régime après pareil miracle. Qu’à cela ne tienne, DEVIN TOWNSEND nous fait à nouveau le coup de la reprise en puisant dans son back catalogue, ressuscitant illico le caviar « Kingdom » du déjà lointain
« Physicist ». Et bing !
Une fois terrassé par ce duo infernal, on n’aura pas trop de deux exquises caresses pour se préparer au choc frontal de « More! », grosse mandale aux accents thrash forts prononcés, notamment dans un hommage riffesque final à EXODUS absolument génial. L’occasion de se souvenir qu’avant de se rabattre sur Steve Souza au début des années 2000, Gary Holt avait sondé l’animal pour rallier les rangs de la légende Bay Area thrash. EXODUS meets STRAPPING YOUNG LAD, franchement, on aurait aimé voir ça ! Quant à la suite plus progressive qui conclue ce brillant retour aux affaires, elle mettra du baume au cœur de ceux qui considèrent toujours
« Terria » comme l’œuvre la plus aboutie d’un artiste désormais accompli, dans le sens où l’homme parvient enfin à concilier déferlement de violence et légèreté aérienne sur le même skeud. S’il ne surprendra certes pas les aficionados du père Townsend en termes stylistiques, il n’est vraiment pas interdit de considérer « Epicloud » comme sa meilleure sortie depuis des lustres, même si le second CD de l'édition limitée relève plus de l'anecdote qu'autre chose (rien d'anormal, Devin aimant bien faire partager à ses fans ce qui traîne sur son disque dur). Réussite quasi totale !
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