Lofofora, l'un des Grands Anciens de la scène française, est toujours fidèle au poste : trop démago pour certains, pas assez recherché musicalement pour d'autres, le combo qui a connu sa période de gloire dans le milieu des années 90 a pu se constituer une fan-base conséquente et surtout fidèle au fil des années et des scènes écumées. Qu'on aime ou pas, il faut avouer qu'une longévité pareille est peu commune dans le genre, et que leur succès (tout relatif) n'est pas peu mérité, tant ces gars là font au moins deux fois le tour de France à chaque tournée afin de prêcher la bonne parole.
2 ans après
« Les Choses Qui Nous Dérangent », revoilà donc Lofofora avec un nouvel album, le 6ème quand même ! Et surtout le 3ème avec le même line-up, ce qui permet de ne pas chercher trop loin la tendance suivie, sauf retournement de situation exceptionnelle : on s'attend à du pur Lofo nouvelle génération, avec des riffs « hardcore » pour une génération « hardcore », un chant charismatiquement hurlé (si si c'est le cas) par le Dieu Reuno, et des textes aux petits oignons, dont les thématiques n'ont pas changés : allusions au sexe, à la politique, à l'immobilisme Français, à l'introspection, et à la lutte de l'underground musical contre l'establishment des grands majors (ou ça, un cliché ?)… Lofo n'a pas changé.
Et c'est tant mieux ! C'est le fan qui vous le dit (ayez je suis démasqué), ce Lofo là peut continuer encore des années je serais toujours preneur. Ce qui fait plaisir dès le premier coup d'œil ici, c'est cette pochette, qui est la première du groupe qui soit un peu plus travaillé que le classique « L » stylisé que le groupe arborait à chaque album : une scène d'émeute, de guerre civile, au style BDesque, on se croirait dans « Vive le Feu » (la chanson). L'artwork des « Choses Qui Nous Dérangent », même l'intérieur du digipak, était quand même avec le recul carrément limite foutage de gueule, heureusement là le groupe nous offre quelque chose de beaucoup plus travaillé.
Concernant la zik, Lofo a retrouvé la rage, la hargne, et les années semblent n'avoir aucun prise sur leur énergie : prenez Reuno, qui mène le groupe depuis 95 (12 ans déjà !) ; il n'a en rien perdu de sa verve verbale, et ces textes sont aussi aiguisés que son timbre de voix qui alterne si aisément le langoureux et le rageur. Ne cherchez aucune trace de faiblesse ici, l'homme est encore en pleine forme ! Ses compères ne déméritent pas non plus, notamment Pierre le batteur qui est mine de rien un excellent batteur, aussi carré qu'énergique. Le poste qui me pose toujours un peu problème est la section guitare, car les riffs de Daniel (ex-Noxious Enjoyment) m'ont toujours parus un peu quelconque et insipides, là ou Farid le regretté savait pondre de réelles perles
(« Peuh » et
« Dur Comme Fer » en sont remplis). Ici, on retrouve cette même alternance de bons riffs et d'autres plus quelconques qui faisait mal sur les autres albums, mais ne signifie au final rien puisque ce n'est pas ce qui importe. Je ne veux pas paraître trop négatif pour autant, car certains sont bien trouvés (« Nous Autres », « Dernier Jugement », « Torture », « Trop »…), et on sent un « mieux » depuis les deux précédents albums, mais au final ces riffs sont encore un peu trop basiques pour être qualifiés d'intéressants. Enfin, si on écoute et apprécie Lofo, ça n'a jamais été pour ses riffs, ça se saurait !
Fidèle à la même recette depuis quelques albums, les Frenchies nous assènent donc 13 titres, qui alternent esprit punk revanchard (l'élection de Sarko en Mai 2007 n'a pas laissé Reuno indifférent, lui inspirant un excellent titre intitulé « Tricolore »), ambiances plus feutrés (quoique moins présents sur cet album, à part « Nobody's Perfect »), et le désormais classique titre proposant un featuring, cette fois ci assuré par les Stupeflip. Ces featurings ont toujours une réussite chez Lofo, et « Torture » ne fait pas entorse à la règle, car ce titre est réellement l'un des tous meilleurs de l'album et l'un des meilleurs tous courts en matière de featuring ! Je n'attendais pas autant d'une collaboration entre ces deux groupes aux univers opposés, mais le résultat est impressionnant. Dans l'ensemble, les morceaux sont de qualité, à part « Nuit Blanche » que je trouve réellement…chiant. Le reste est franchement bon.
Conclusion d'un nouvel album de Lofo : fidèle à eux-mêmes, plus énergiques que jamais (et que le précédent album), « Mémoire de Singes » m'a convaincu une fois de plus. Il manque peut être un peu de « hits » comme pouvaient l'être « Autopilote » ou « Buvez du Cul »… mais ça reste un bon album pour Lofo, un de plus ! A concrétiser sur scène comme d'hab…
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