REGARDE TOMBER LES ETOILES !
Cette invitation déchirante de Reuno ouvrant « Dur Comme Fer » date de 1999. Et malgré les 11 années qui nous en séparent, nul doute que les textes de « Dur Comme Fer » résonnent encore douloureusement vrais à nos oreilles. Intemporelles les paroles de Lofo ? A la lecture des textes de « Rêve et Crève en Démocratie », « Série B » ou « 5 Milliards (il faudrait juste penser à y rajouter un milliard et demi et le compte est bon), nul doute que oui. Album de la maturité pour le combo Parisien qui tenait ici son meilleur line-up avant le départ d'Edgar et de Farid, « Dur Comme Fer » synthétise tout ce qu'est Lofo : de l'engagement dans les textes, une nonchalance faussement surjouée d'un côté, et de l'autre une rage inextinguible qui emprunte au métal, au punk et au hardcore le plus revendicatif pour se faire entendre.
Loin de la fusion ensoleillée de l'éponyme et de la rage juvénile de
« Peuh ! », « Dur Comme Fer » est un album comme le groupe n'en a plus jamais aussi bien fait depuis : 100% inspiré, volontaire, et parfois surprenant de rage. Le démarrage cataclysmique de « Au Secours » met de suite dans l'ambiance : à l‘aube du XXIe siècle, Lofo tirait déjà la sonnette d'alarme, avec parfois beaucoup d'humour mais toujours un fond de vérité. Reuno s'assumait déjà pleinement en tant que leader charismatique du groupe, et donnait un véritable fond aux titres zens de l'album, tel « Charisman » ou « Les Liquides de Mon Corps », d'une sensualité perturbante pour mon orientation sexuelle ! La basse enveloppante d'Edgar achevait de convaincre les indécis que la fusion de Lofo avait beaucoup plus à offrir que ses innombrables clones de l'époque (rappelons nous qu'on baignait en plein âge d'or des Pleymo, Watcha et autres Mass Hysteria ; la Team Sriracha, Nowhere…).
Quand Lofo se voulait rageur, alors le groupe revenait à ses amours punk / hardcore en délivrant les brûlots « Incarné », « Rêve et Crève en Démocratie » ou le surpuissant « 5 Milliards » (qui a des riffs en tremolo pickings surprenants pour du Lofo !). « Incarné » n'est pas ce que Lofo a fait de mieux, mais ses deux collègues se portent bien mieux, merci pour eux.
Et à la frontière des titres baba cool et « à fond à fond », se trouvent les meilleurs moments de l'album : des tubesques « 1 Million » et « Les Gens » (à la bonhommie addictive) à l'enfumée « Weedo » (peut être la meilleure apologie d'une drogue douce que le métal fusion ait connu), en passant par le « gang bang oral » de « P.M.G.B.O. » (titre fleuve de 6 minutes avec toute la clique Sriracha de l'époque), on se dit que Lofo était vraiment le leader incontesté de la fusion française de l'époque, quelqu'en soit sa mouvance.
Au moment de conclure cette chronique, je me permettrai de paraphraser Reuno sur « P.M.G.B.O » :
« Lofofora, bientôt 10 ans Déjà comme un enfant Poussait ses premiers balbutiements » ; c'était en 1999, et près de 10 ans plus tard le groupe ne donne plus vraiment signe de vie depuis le départ controversé de Pierre l'année dernière.. c'est donc en guise d'hommage aux bons moments passés en compagnie du groupe et de cet album que je leur dédie cette chronique, en espérant que notre cactus hallucinogène préféré fera encore des siennes ces prochains temps, malgré sa petite vingtaine d'année au compteur…
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