Presque trois ans après l’excellent
Street Heat qui aura permis aux Allemands de Slope de répandre leur Fusion Punk/Funk/Hardcore/Rap à un public un petit peu plus large, la formation originaire de Duisbourg poursuit cette année son petit bout de chemin avec la sortie toute fraîche de
Freak Dreams, un deuxième album qui n’est pas sans revêtir une certaine importance puisqu’il s’agit en effet pour le groupe de sa toute première collaboration avec le label Century Media Records sur lequel il a signé l’année dernière... Si je n’ai évidemment aucune idée de quoi l’avenir sera fait, nul doute que cette collaboration devrait les aider à gagner une fois de plus quelques « fans » supplémentaires.
Afin de réaliser l’illustration de ce nouvel album, Slope a fait appel aux talents de l’artiste plasticien Marcel Ströter (ex-Deadsoil) qui, dans un esprit très proche de ce qui avait déjà été fait sur
Street Heat par Tony Grunert, livre une oeuvre colorée et étrange qui sied à ravir à un groupe comme Slope et à sa musique pour le moins bigarrée. Évidemment, cette réalisation ne devrait pas faire l’unanimité (à titre personnel je lui préfère celle de son prédécesseur) mais celle-ci a au moins le mérite de mettre la puce à l’oreille de ceux qui n’auraient encore jamais croisé le chemin de ces Allemands biberonnés à grandes rasades d’Infectious Grooves, Red Hot Chili Peppers, Beastie Boys, Rage Against The Machine et autres bizarreries issues de cette grande décennie... Enfin, notons qu’il n’y a pas de changement à signaler côté production puisque les cinq garçons de Slope ont souhaité reprendre le chemin du Level 3 Entertainment Studio (Caliban, Kreator, Wolf Down...) sous la directive de son propriétaire Dominic Paraskevopoulos.
De fait,
Freak Dreams bénéficie une fois de plus d’une production particulièrement aérée et limpide afin de permettre à chaque instrument de trouver sa place et de s’exprimer librement (notamment cette basse particulièrement expressive et sexy). Une production calquée à peu de choses près sur celle de
Street Heat pour ce nouvel album qui s’impose sans mal comme la suite logique des aventures de Slope. En effet, même si à l’instar de n’importe quel communiqué promotionnel, les Allemands semblent convaincus qu’il s’agit aujourd’hui de leur meilleur album, celui sur lequel ils auraient notamment expérimenté de nouvelles choses et fait preuve d’une plus grande liberté de mouvement, on ne peut pourtant pas dire que
Freak Dreams soit véritablement différent de son prédécesseur. Adeptes d’une formule aux influences pour le moins variées pour ne pas dire carrément antinomiques, les Allemands vont donc se "contenter" de reprendre le chemin de ce Hardcore saugrenu aux accointances Funk et Rap toujours aussi détonnantes.
Une fois de plus, ces douze nouvelles compositions semblent ne vouloir respecter aucune règle en matière d’écriture. Bien dans ses bottes mais certainement pas seul dans sa tête, Slope enchaîne les séquences d’une manière habile pouvant pourtant paraître relativement décousue surtout si vous n’avez aucune appétence pour ce mélange des genres. Sur une base Hardcore simple mais affûtée qui s’exprime à travers des passages nerveux plus ou moins directs et chaloupés ("It's Tickin'", "Chasing Highs", "Nosedive", "Hectic Life", "NBQ", "WHY SAD", "Out Of The Blue Into The Black"...), le groupe va prendre plaisir à régulièrement changer de registre et ainsi mettre l’accent quand bon lui semble sur des parties tantôt Funk, tantôt Rap, tantôt Psychédélique voire carrément Grunge... Un pot-pourri de ce que la Fusion des années 90 a pu produire de meilleur mais surtout un pot-pourri qui n’en oublie jamais l’essentiel, rester efficace et groovy en toute circonstance. De ces guitares qui cocottent ("Talk Big" à 0:30 et 2:54, les premiers instants de "Nosedive" et de "True Blue", l’excellent "Freak Dreams"...) à cette basse aux rondeurs affriolantes ("Talk Big", "Nosedive" à 1:16, les premières secondes de "Chasing Highs", "True Blue" à 2:17...) en passant par ce phrasé Rap, ces séquences funky et cotonneuses menées à coups de pédales wah-wah (les dernières secondes de "Talk Big", "Nosedive" à 1:16, "True Blue" à 2:31...) et ces nombreux changements de rythme bien souvent inattendus et parfois incongrus, il semble en effet inconcevable de résister au groove imparable dont fait preuve Slope tout au long de ces trente-cinq minutes.
Comme je vous ai déjà parlé de Slope il y a peu et qu’à ce stade de cette chronique vous devriez déjà avoir saisi de quoi il retourne, on va occuper les quelques lignes qui suivent afin d’évoquer deux petits points négatifs à l’égard de ce deuxième album globalement aussi cool que son prédécesseur. En effet, au rayon des griefs, citons par l’exemple l’inutilité complète d’un titre comme "It's Always You" qui du haut de ses vingt-trois secondes ne sert strictement à rien, même pas à cultiver l’étrangeté de Slope. Autre petit bémol, le titre "Out Of The Blue Into The Black" qui clôture l’album d’une manière moins flamboyante que le reste de l’album. Sur ce morceau, Slope y joue les gros bras à coup de séquences bourre-pif radicales mais pas franchement très intéressantes. Celui-ci vaut surtout pour cette séquence chaloupée entamée à partir de 1:05 et cette dernière bien Rap plutôt bien troussée... Bref, pas de quoi crier au drame.
Inspiré par la Fusion des années 90 et 2000 (les oreilles attentives y trouveront d’ailleurs quelques easter eggs à l’adresse de Crazy Town et Red Hot Chilli Peppers),
Freak Dreams n’en reste pas moins un disque hyper frais. Déjà parce que ce n’est clairement pas le genre de musique ayant le vent en poupe ces dernières années (et cela depuis bientôt trente ans), ensuite et surtout parce que Slope a su y apporter un twist Hardcore rendant la chose particulièrement dynamique et efficace. Certes ce nouvel album n’est pas exempt de (petits) défauts mais ce n’est clairement pas ce qu’il faut en retenir. Non, une fois de plus, on préfèrera se réjouir de tout le reste, de ces attaques Punk/Hardcore viriles mais pas trop, de cette légèreté et ces bonnes ondes particulièrement communicatives, de ce groove absolument irrésistible... Bref, tous ces petits trucs qui font aujourd’hui de Slope ce groupe définitivement à part malgré ses influences pour le moins évidentes.
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