Watain - Sworn To The Dark
Chronique
Watain Sworn To The Dark
Il m'en aura fallu du temps pour apprécier cet album à sa juste valeur. En réalité, ce n'est même pas une question de temps : il suffit juste d'avoir la chance d'assister à un concert de Watain pour se rendre compte à quel point leur troisième opus est bon. Est-ce que ça veut dire que tous ceux qui ne les ont pas vus sur scène n'aimeront pas cet album ? Possible. Avant donc de voir Watain lors d'un show qui restera dans les annales (à cause de présence de sang, mais pas hémorroïdal – du moins, j'ose l'espérer), je faisais parti des déçus par ce disque. Donner suite à un album aussi magistral que Casus Luciferi, c'est un peu mission impossible. Et les trois Suédois l'ont bien compris. Contrairement à une bonne grosse partie de leur public.
Casus Luciferi, c'était du Black Metal en son expression la plus malsaine et la plus puissante : un gros monolithe qui se posait là dans la sphère BM, marquant les esprits et les oreilles. Faire mieux ? Même en vendant trois fois son âme au Malin, je doute qu'Erik aurait pu le faire. Watain se trouvait un peu dans une impasse quoi. Surtout que, comme tous les groupes qui délivrent une musique assez grandiose, ce n'est pas dans leurs habitudes de se répéter. C'est ainsi que Sworn to the Dark s'est construit : sur une évolution de leur musique. Certains diront une régression, ce que je ne pourrai que confirmer. Mais dans le bon sens du terme : retour à quelque chose de plus brut de décoffrage, de moins chiadé, de plus rock'n'roll, au plus proche des racines du Black Metal.
Car oui, il faut le dire, Sworn to the Dark n'est pas un album aussi recherché que Casus Luciferi. Pour ceux qui n'ont pas écouté Casus Luciferi, vous comprendrez par là que c'est encore une énième glorification dudit album. Mais retournons à nos moutons, ou devrais-je dire à nos suppôts (il y'a les moutons de Dieu et les suppôts de Satan, ok ? – putain c'est la lose d'en être réduit à expliciter ses vannes par peur d'incompréhension, je me dois d'aller sacrifier quelques rats et m'asperger de sang de porc dans l'heure qui suit). Vous l'aurez compris, malgré tout ce que je viens de dire, Sworn to the Dark reste quand même un album construit de manière magistrale, et fouillé : un sens de la mélodie à en faire pâlir un Dissection (influence dont le groupe ne se cache pas), des compositions à tiroirs, des riffs efficaces et headbanguant à souhait. Watain cherche à rendre sa musique plus directe, plus catchy, au même titre que le Now, Diabolical de leurs compatriotes norvégiens de Satyricon.
J'en vois certains hurler d'effroi à la mention de ce dernier album. C'est dans la recherche que ces deux albums peuvent être comparables, pas sur un plan musical, où Watain propose quand même une musique plus complexe, plus intéressante et moins linéaire. Juste, au même titre que Satyricon, ils ont gratté toute la cire de crasse qui compose leur bougie, pour n'en garder que la mèche, la substantifique moelle de leur musique. Sworn to the Dark, c'est l'essence de Watain, une essence puant un Black Metal sataniste et incantatoire. Un hommage à la Bête. En écoutant les hymnes que sont Legions of the Black Light, Storm of the Antichrist, le morceau éponyme ou Underneath the Cenotaph, comment ne pas avoir envie de prier Satan ? Rabid Death's Curse et Casus Luciferi donnaient l'envie de se faire violer par le Serpent du péché originel. Avec Sworn to the Dark, on a simplement envie de lui rendre un culte.
Allez, pour faire bien, parce que y'en a toujours qui sont pas content si on ne le fait pas, je vais vous citer quelques morceaux sur lesquels vous pourrez vous jeter comme les charognards que vous êtes. Lucifer m'inspire aujourd'hui, je vais même faire un acte pour mon prochain (mais dans le but de le pervertir, tout est calculé) : écoutez The Serpents Chalice, dont le riff principal est une invitation à hurler « Satan » toutes les 5 secondes ; écoutez les hymnes citées plus haut, qui vous donneront envie de hurler le refrain dans les oreilles de votre chat (noir, si possible, ça reviendrait directement à parler à Mephisto) ; les deux interludes instrumentales que sont Withershin et Dead But Dreaming, en guise de musique d'ascenseur malsaines et inquiétantes ; et enfin l'incantation finale, magistrale, puissante et oppressante, Stellarvore, qui vous transportera directement dans les hautes sphères de la Connaissance Suprême.
Si on doit reprocher une seule chose à Sworn to the Dark, ce serait que certains morceaux ne tiennent pas la comparaison comparés à d'autres, notamment The Light That Burns the Sun et Darkness and Death, qui sans être foncièrement mauvais, donnent une impression de roue-libre au disque. La musique de Watain continue son chemin sans s'arrêter, mais sans proposer grand-chose d'intéressant. De toute façon, ce ne sont que deux morceaux sur onze. Et puis, ce n'est pas comme si la production et le mixage eurent été chiés, loin s'en faut. Je vous parlerai pas de la basse, on la connait depuis l'ouverture dantesque de The Limb Crucifix sur Rabid Death's Curse ; son absence reviendrait un peu à une note réduite au zéro pointé. Mais il n'en est rien, fort heureusement.
Au grand malheur de certains, je le clame haut et fort : Watain signe là un des albums les plus puissants de cette année. Petite concession : ce n'est plus aussi malsain qu'auparavant, certes. Mais ce rapprochement avec ce qui constitue les origines du genre n'est pas pour autant à jeter. Alors écoutez tous ce disque, car il a un message important à faire passer : HAIL SATAN !
| Krow 29 Octobre 2007 - 9423 lectures |
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