Pourquoi ?
Pourquoi, dès lors qu'un groupe tente de se populariser afin d'obtenir une plus grosse reconnaissance - ce qui est largement compréhensible et bien loin de me déranger - il faut toujours qu'il le fasse avec une beauferie si puissante qu'elle collerait Jean-Marie Bigard au mur ? Non mais c'est quoi votre problème à vous, les musiciens du Metal ? Vous croyez que rajouter du Thrash dans votre son extrême ou mettre une ballade de merde au milieu du disque, ça va nous faire plaisir ? Pourquoi il faut toujours que vous adoucissiez votre son avec des parties musicales puant la facilité, le cuir de moto et la débilité du type qui montre son cul en festival ? Mais ça va pas non ? Vous avez 12 ans ou quoi ?
C'est un cinquième disque pour Watain. Un cinquième disque qui aurait dû en toute logique sentir la maturité et l'âge adulte. D'ailleurs, même l'immaturité la plus choquante et violente aurait pu suffire à faire de « The Wild Hunt » quelque chose d'abouti. Mais non, le trio de suédois a décidé de faire du Metal. Le M.E.T.A.L. avec un grand « M » : celui qui fait régresser le style à grand coup de sonorités Heavy ridicules, d'inspiration au ras des pâquerettes et de « à poil » scandés fièrement en brandissant un pack de 33 Export. Non, le qualificatif « Heavy » n'est pas quelque chose que je connote positivement bon sang ! Je n'ai pas écouté Watain pour y trouver tout ce que je détestais et fuyais déjà chez Judas Priest. Tel un Cyril Hanouna, le trio arrive en balançant ses pseudo-hymnes dignes d'un mariage métalleux. Un jeu de la louche sur « The Child Must Die » et après on attrapera la jarretière en dentelle noire sur « All that may bleed ».
« The Wild Hunt » ravage la noirceur, le bon goût et la haine pour parsemer partout des moments épiques façon « Viking-qui-joue-en-haut-de-la-montagne-avec-des-éclairs-en-fond-visuel » qui dégueulent de niaiserie. Watain réussit l'exploit de faire des riffs plus mignons que ceux de Gojira couplés à des paroles bien moins extrêmes que celles de Ke$ha (alors que pourtant, cette dernière a un putain de dollar américain dans son logo...). Dans cet immondice de Black Metal policé à son maximum, approuvé par Disney Channel et classé PEGI +3, on notera également la dégueulasse « They Rode On » parsemée par une voix claire ô combien ridicule. D'ailleurs, j'en viens à me demander comment nos « concurrents » et collègues peuvent à ce point encenser ce disque... Pourtant j'ai essayé hein : le matin, le soir, dans mon bain, en voiture, défoncé, sobre, seul, à plusieurs... Dans n'importe quelle condition, « The Wild Hunt » me file plus la chiasse que n'importe quelle bactérie récoltée sur les chiottes d'un Kebab russe. Mon âme expulse par tous les trous ce melting-pot vomitif du Metal le plus lambda, le plus crétin et le moins réfléchi depuis la création du style. J'aurais préféré que Watain fasse la couverture des Inrocks ou de Tsugi à la place de celle de Metallian : là au moins on aurait eu la garantie d'un album composé pour des gens ayant plus de 15 ans, nettement plus recherché et donc forcément meilleur. En plus « ▲ W4TA1N ▲ » orthographié comme ça, ça aurait eu plus de gueule que cette pochette qui empile avec délectation les symboliques en carton.
Mais non, ce disque bien bas-du-front se consomme dans la cour du collège comme le produit 100% pur Metalol qu'il est, entre deux sketchs de Kev' Adams. Le meilleur titre ? Bah c'est « Holocaust Dawn » parce qu'il y a de l'accordéon et que ça au moins, c'est un peu couillu. Mais rassurez-vous hein, tout le reste du titre est merdique parce que chez le Watain dernière génération, on ne surprend pas trop l'auditeur quand même. Je ne parlerai pas de la production plate comme une sole, ni de la voix d'Erik qui a sûrement mangé sa gorge avant l'enregistrement tellement le pauvre homme a autant de puissance dans ses cris que Giscard ayant fumé quarante Gitanes sans filtre. Jeanne Moreau aurait certainement bien mieux assuré l'ambiance vocale, c'est dire...
Vous l'aurez compris, même si j'adore les deux premières sorties de la formation et que j'avais plutôt apprécié les derniers opus (oui, même
« Lawless Darkness »), « The Wild Hunt » est une des pires merdes qu'il m'ait été donné d'entendre ces dernières années. Bidon, Heavy, cliché, conçu pour séduire le gentil métalloïde lambda et intrinsèquement nul, il n'y a strictement rien de positif à sauver dans cette abomination musicale. Pop dans le plus mauvais sens du terme, Metal dans le plus mauvais sens du terme et Commercial dans le plus mauvais sens du terme. Grand chelem les mecs, ça va être compliqué de faire plus risible...
FleshOvSatan - 2/10
Ben alors les gars ? On était trop occupé à s’enfiler des objets oblongs entre copines en discutant dress codes et direction musicale pour garder une place au chaud à un bon album de Metal ? Ah, ça a dû faire bizarre, de constater que Watain rompt définitivement les ponts avec le clan des petites roupettes pour rejoindre celui de la musique d’homme, j’entends bien, mais intégrez-ça mes mignonnes : le metal est à la base du rock tapant plus dur, sans détours et salmigondis mais avec le feu comme début, suite et fin. Et
The Wild Hunt en est un bel exemple.
Ok, ils ont mis le temps, celui d’une première période finalement pas si bonne que ça, d’un
Lawless Darkness à la repentance foireuse après
Sworn To The Dark mais voyez la prise de conscience ! La bande d’Erik Danielsson s’est enfin rendue compte que le diable se situe dans les détails d’un metal resplendissant mais non moins fervent, plein de mélodies traîtreuses et envolées naïves vers le Malin. J’en veux pour preuve « They Rode On », cette ballade méritant le mot dans ce qu’il a de plus solennel et sexuel, rappelant le Danzig toutes bites dehors de
How The Gods Kill, ou encore l’étonnamment triste morceau-titre et ce chant pleuré, ridicule pour les uns, transi pour les autres, à double couche de cheese comme le doom peut en offrir.
Jusqu’à ses intrus aérant un ensemble construit comme un gros disque de metal (introduction, morceaux rageurs, ballade puis reprise des hostilités agrémentées de titres mid-tempos…),
The Wild Hunt se pose comme une version habillée des derniers Darkthrone, prenant son parti d’établir un pont entre interprétation moderne et plus ancienne. On a eu beau jeu d’insister ici ou là sur des écarts flamencos ou ces quelques instants à-parts tels que le début de « Outlaw » évoquant les essais récents de Rotting Christ : c’est pourtant dans ses compositions les plus classiques que Watain étonne par un style se plaçant finement entre black metal, heavy et hard rock, le cœur noir en bandoulière, à peine caché par la splendeur d’une production massive et arrangements diaboliques (la vaniteuse pochette qu’arbore l’objet est méritée). Je pense à la véhémence d’une voix faite d’échos et hurlements incontrôlés lors de « All That May Bleed » ou encore ces guitares sinueuses guidant « Sleepless Evil » et « De Profundis » montrant un groupe plus que jamais inspiré par Lui, dans toute sa grossièreté et sa beauté de meurtrier à visage d’ange.
Je ne comprends que trop bien le tollé qu’a pu subir cet album. On vit malheureusement dans une époque où le vice est devenu synonyme de profil facebook à crânes de bouc pris en argentique et sorties absurdes se la donnant à qui mieux-mieux sur le terrain du metal select, celui qui fera le plus de liens entre telle ou telle scène « hors des sentiers battus », jouera les riffs les plus alambiqués, usera de l’esthétique la plus absconse ou se donnera le moins facilement, comme pour prouver à soi-même qu’on vaut un peu plus que la « masse ».
The Wild Hunt, malgré ses défauts de disque pompier tirant trop sur la corde dans son final – « Holocaust Dawn » et « Ignem Veni Mittere » font frôler l’indigestion –, n’en devient que plus précieux dans son romantisme satanique innocemment coupable, furieusement pervers, délicatement amoral, non pas à louer mais bien à goûter par des personnes qui n’ont pas tout à fait oublier le plaisir à mimer une guitare de leurs mains (le début de « The Child Must Die » bordel !) tout en affichant fièrement à la gueule de parents dépités une tronche emportée, sourire vers le bas, regard vers le haut.
Ouais, des disques de metal, il y en a beaucoup trop. Des disques qui
sont Metal, il n’y en a pas tant que ça. Celui-ci en est un.
Ikea - 7.5/10
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