Y en a marre de cette mode ch'tis. Depuis plusieurs mois on nous bassine avec ces gens du nord qui parlent avec un accent incompréhensible en inventant des mots que personne ne comprend à part eux. Marre de cette exception culturelle à base de frites, de presque autant de pluie qu'en Ecosse, et de mannequins comme Line Renaud. Il y a plein d'autres régions en France qui méritent l'attention du public. Tenez, prenez la région Centre par exemple. C'est une magnifique région, et je ne dis pas ça parce que j'habite en plein milieu de celle-ci. Il n'y a qu'à voir les cars de touristes asiatiques qui visitent nos châteaux et les
cars de touristes nord-africains qui visitent nos piliers d'autoroute pour s'en rendre compte : nous sommes une région dynamique.
Bon, par contre niveau metal, ce n'est pas forcément la joie, parce qu'hormis Necropsy et les excellents Impureza, on n'a pas grand-chose de reconnu. Heureusement, on peut compter sur de petits groupes locaux, dont Aboroth, groupe de death metal de Tours, qui fait sans nul doute partie des plus prometteurs.
Aboroth est un jeune groupe (formé en février 2007), qui pratique un brutal death dans la lignée des grands noms du brutal death américain, Suffocation et Vital Remains en tête. C'est un projet techniquement ambitieux mais que les membres du groupe relèvent haut la main : il est très rare qu'une première démo montre autant de qualités de la part des musiciens. Ce n'est donc absolument pas un sous-brutal-death que nous livre Aboroth, mais bel et bien un premier jet aussi convaincant qu'impressionnant, tout aussi rapide et blasté que les deux influences suscitées. Pas de mélange des genres au programme, pas plus que de passages surprenants : Aboroth ne fait que du brutal death, et il le fait bien ! Entre des refrains véloces très convaincants, des décélérations qui réussissent à être lourdes et mélodiques à la fois (1 :10 dans « Unbielevable Humanity »), des accélérations efficaces et des solos souvent sweepés vraiment bien exécutés, il y a de quoi se mettre sous la dent dans cette première démo – malgré deux ou trois breaks un peu trop déjà entendus. Et c'est sans parler de vocaux de très bonne facture (quoique plus convaincants à gorge déployée que quand le chanteur essaye de tomber très bas), et d'une production étonnamment claire, à l'exception (et c'est regrettable), de la sempiternelle perte de la basse dans le mix final, instrument que l'on entend que par à-coups, au détour d'un break ou d'un solo.
Au registre des points noirs (qui d'ailleurs sont tellement peu nombreux et si peu importants que l'on les nommera désormais points gris clair), il est à noter que la batterie manque de temps à autre de relief et de fougue. Si la plupart du temps, elle colle à merveille à la musique du groupe, il m'arrive de regretter que la caisse claire et dans une moindre mesure la double grosse caisse restent bloquées sur la croche au lieu de prendre la double croche, ce qui renforcerait encore la brutalité et l'efficacité de l'ensemble. Mais bon, il ne faut pas pinailler, c'est déjà un bon niveau de jeu que nous propose Clément, le batteur du groupe, ma folle exigence n'étant motivée que par une surdose de gravity blast depuis le début de l'année.
Le principal défaut de cette démo, c'est peut être une certaine conventionalité au niveau des solos. Rien de vraiment gênant rassurez-vous, mais les sweeps et l'écho sur le tapping de « Unwanted Truth » me font vraiment penser au jeu de Tony Lazaro de Vital Remains, et me font presque oublier que leur exécution est aussi impeccable que leur placement dans le morceau est juste. Et c'est là peut être le défaut de Aboroth, ceci dit tout à fait excusable pour une si jeune formation : il manque une identité forte au groupe, dont les influences transparaissent un peu trop selon les passages, et pour l'instant, il n'y pas encore de réelle « patte Aboroth ».
Mais ce n'est rien de bien grave, car au final non seulement la musique de Aboroth est brutale (même si j'ai appris à relativiser ma notion de brutalité avec le dernier Origin), mais elle conserve aussi ce fil d'Ariane mélodique qui permet de captiver l'auditeur de bout en bout tout en restant efficace et compréhensible. Si l'on peut regretter que la basse ne soit pas plus audible et que la batterie manque un poil d'énergie par moments, on peut excuser un léger manque de personnalité dans la musique, car il y a fort à parier qu'Aboroth trouvera sa marque de fabrique dans un futur proche. Il faut le dire une fois pour toutes, cette première démo est vraiment très, très bonne, et les trois morceaux pour 16 minutes qu'elle renferme passeront d'une traite. En tout cas, je suis prêt à mettre ma main à couper que cette démo, écoutable en intégralité sur leur myspace, plaira à de nombreuses personnes sur Thrashocore.
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